Chapitre 3

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Ma journée de cours fut un enfer terriblement ennuyeux. Je souriais malgré ma découverte d'hier. Je préfère n'en parler à personne, pas même à ma meilleure amie étant donné que je n'ai aucune preuve. Les cours passent à une vitesse bien trop lente à mon goût et ne sont pas du tout intéressants. Je lutte contre le sommeil en essayant de garder mes yeux ouverts malgré mes lourdes paupières qui ne demandent qu'à se refermer pour se reposer. J'ai presque envie de me laisser aller, de ne plus rien contrôler mais si jamais mes professeurs le remarque, je peux dire bonjour à une exclusion de cours et un petit tour chez la CPE et je n'ai aucune envie de briser mon image d'élève studieuse.

« Lou, tu peux répéter ce que je viens de dire ?

- Non, je suis désolée, j'étais perdue dans mes pensées.

- Tu viendras me voir à la fin de l'heure, tu ferais mieux d'écouter. ».

La sonnerie me sort de ma réflexion et je me dirige vers le bureau de mon professeur d'histoire qui était aussi mon professeur principal. Je fais signe aux filles d'aller manger, je les rejoindrais juste après.

« Bien, alors je voudrais te poser une ou deux petites questions après je te laisserais aller manger c'est promis.

- Allez-y je vous écoute.

- Je te trouve très affaiblie et fatiguée en ce moment, physiquement tu es présente en cours mais tu es complètement inactive et désintéressée. Cela ne te ressemble pas du tout. Est-ce qu'il y a quelque chose qui ne va pas ?

- C'est très gentil de vous intéresser à moi et de remarquez que je ne vais pas très bien, mais je n'ai pas envie d'en parler. C'est assez douloureux et encore trop récent pour que je me confie.

- Même si c'est difficile, il faut que tu en parles. Tu ne peux pas rester malheureuse comme ça. Parfois, les amis et la famille ne sont pas forcément les personnes à qui on a envie de parler, c'est pour ça que je suis là. Tu sais, on n'est pas là que pour vous apprendre, on est aussi là pour vous rassurez, vous écoutez, vous aidez à surmontez les difficultés que vous rencontrez au cours de votre vie.

- C'est vraiment très gentil de votre part et je sais combien vous êtes présents pour nous mais si j'en parle, j'ai peur d'éclater en sanglots et je ne veux pas passer pour une fille faible.

- C'est exactement ce pourquoi des centaines de jeunes tombent en dépression aujourd'hui, parce qu'ils ne veulent pas paraître faible devant les autres. C'est pour ça qu'il faut que tu en parles. C'est un problème familial ?

- Oui, entre mes parents. Ils se crient dessus tout le temps, ils se prennent la tête pour des petites choses qui n'ont pas lieu d'être. C'est impossible de travailler dans ce vacarme incessant. Pour la fatigue, je fais des cauchemars qui se transforment en insomnies, je pleure beaucoup les soirs parce que je me sens impuissante face à la situation. J'ai tellement envie d'arranger les choses, de protéger ma petite sœur pour qu'elle ne souffre pas comme moi.

- Tu sais les histoires de couple sont bien trop complexes à comprendre, je parle en connaissance de cause. Mes parents sont séparés tout comme moi d'ailleurs. Tu ne peux malheureusement rien faire pour tes parents si ce n'est leur demander de calmer un peu le jeu quand tu es là avec ta petite sœur. Tu peux la protéger en restant auprès d'elle, en la rassurant.

- Merci de m'avoir écouté, ça me libère déjà un petit peu.

- C'est normal, ma porte reste ouverte si jamais tu as encore besoin de te confier. ».

Je ressors de la salle avec un poids en moins, j'ai l'impression d'être plus légère. Plus d'une demi-heure est passée pendant cette discussion qui m'a coupé l'appétit. Je rejoins enfin les filles qui me pose un millier de questions. Qu'est ce qu'il m'a dit pour que ça dure aussi longtemps, est ce que je vais bien... Je leur sors un beau mensonge auquel elles croient sans hésitations.

Je suis étonnée de voir que mes parents aillent promener le chien ensemble mais j'avoue que ça me fait plaisir de les voir tout les deux sans pour autant qu'ils se crient dessus. Ma mère a fait une erreur fatale en laissant son téléphone déverrouillé sur son lit. La curiosité est trop intense pour m'empêcher d'aller regarder les conversations.

« Je vais sous la douche louloute !! »

Je ferme la salle de bain à clé et m'assois sur le tapis de bain rêche, qui irrite mes cuisses. Aucune trace de la conversation avec ce mystérieux numéro, je m'avoue vaincue. Je décide alors d'aller lire celle avec mon père. Heureusement que j'ai poussé mes recherches. Tout en lisant les messages, je tombe de haut. Ma mère avait bel et bien un amant qui n'est autre qu'un collègue de boulot dont elle n'arrêtait pas de parler. Comment ai-je pu être aussi naïve et ne me rendre compte de rien avant ? Au fur et à mesure de la conversation, les larmes coulent sur mes joues, mes muscles me lâchent petit à petit et je sens mon cœur battre dans mes tempes. Je n'en reviens pas que ma mère soit partie avec cet enfoiré, alors que mon père lui avait tout donné, il s'était même éloigné de sa famille pour elle et le seul moyen qu'elle a trouvé pour le remercier c'est de le tromper. Je suis dégoûtée, j'ai tellement envie de jeter son téléphone par terre et le briser en mille morceaux comme elle l'a fait avec le cœur  mon père. Je décide de tout garder pour moi, je ravale mes larmes et sort de la salle de bain en titubant. C'est fini les « maman je t'aime », « t'es la meilleure maman du monde », les câlins, les petits-déjeuners au lit, les petites attentions. Place à une nouvelle facette, un nouveau petit bout de ma personnalité que je ne voulais jamais montrer. La méchanceté, la rage et l'inintérêt total pour elle vont désormais pouvoir sortir de mon corps.


Un monde qui s'écrouleWhere stories live. Discover now