Chapter 35 (Dean)

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Il s'était passé trois semaines depuis que Kay nous faisait plus ou moins la gueule. Elle nous disait toujours bonjour et demandait aussi comment on allait mais c'était plus par politesse que par amitié.
Depuis qu'elle s'était énervée contre moi (pour une raison futile), elle ne traînait quasiment plus qu'avec les connasses de Gryffondor et devenait de jour en jour plus distante. J'aurais bien voulu m'excuser, mais les seules fois où on se voyait, Ruby était là et j'aimais autant ne pas avoir de spectateurs quand j'avouais mes torts (ce qui, naturellement, est hyper rare). Mais déjà est-ce que j'avais vraiment tort ? Au fond, je n'avais fait que dire ce que je pensais. J'avais juste été honnête sur mes impressions. Était-ce elle qui ne serait pas hypersensible à se vexer comme ça ? Qu'est-ce qui me disait que je devrais m'excuser ? Pourquoi je ne me sentais pas bien à cause de cette histoire merdique ? Pourquoi je me sentais mal de l'avoir blessée ? Pourquoi je tenais tellement à ce qu'elle revienne alors qu'elle parlait tellement que ça m'énervait ? Pourquoi ça m'insupportait qu'elle traîne avec ces connes de Gryffondor ?
Ruby semblait ne pas comprendre ce qui avait poussé notre camarade à partir. Elle restait toujours de manière à pouvoir la voir et à veiller sur elle de loin ou de près (plus de près que de loin, d'ailleurs). Un peu comme si elle voulait la protéger. Ou peut-être se protéger elle-même. Peut-être ne voulait-elle pas abandonner Kailyss parce que la petite gratteuse était la première réelle amie qu'elle avait jamais eu et qu'elle ne voulait pas être de nouveau abandonner. Ruby avait beau être forte, elle avait besoin de l'amitié qui lui avait fait défaut avant. Je me rendis bientôt compte que les quelques timides bavardages de Kailyss me manquaient, à moi aussi. Pourquoi nous avait-elle lâché comme ça ? Elle était vraiment idiote.

Mais le voile qui cachait la vérité à Kailyss sur son amie la sale pu** de Gryffondor se déchira un beau jour.
Elle était avec Lotta et ses acolytes dans le parc. Ruby-maman-poule préferait rester près de Kailyss pour intervenir en cas de pépin, d'après elle. Mais en réalité ce fut elle le pépin.
Je n'ai rien vu de l'histoire mais Kailyss m'a raconté après.
Ce jour-là, Ruby avait suivit, comme d'habitude, Kailyss et son groupe de folles. Ça ternait un peu l'image que j'avais d'elle. Je pensai qu'elle n'avait besoin de personne mais en fait si. Moi aussi, mais je n'acceptais pas ce moment de faiblesse.
Pendant que mademoiselle veillait sur la personne qu'elle considérait comme son amie, je m'étais baladé dans le château, me souciant peu des regards des autres qui même s'ils étaient moins fréquents restaient présents. Je descendis au rez-de-chaussé, dévalant les marches en sautillant un peu. Je m'ennuyai. En passant devant une fenêtre, je décidai de sortir un peu. Mais avant même de pouvoir sortir, je remarquai la silhouette de Kailyss qui ployait sous celle de Ruby. Sans vraiment me demander pourquoi je me mis à courir vers elles. Quand je les atteignis, Ruby était dans les vapes et Kailyss peinait à la tirer. Je mis le bras de notre camarade qui était dans les pommes sur mes épaules et l'attrapait pour la soulever.
-Allez, on y va ! m'écriai-je.
Le regard épuisé et triste de Kailyss me fixa et s'éclaira un peu. Elle me fit un sourire. Timidement, je lui répondis.
-Allons-y ! s'exclama-t-elle avec une ardeur nouvelle.
Mon sourire se fit plus franc. Et tandis que nous peinions en direction de l'infirmerie, je sentis que tout rentrait dans l'ordre. Nous étions des Hurleloup, pas vrai ? On devait s'entraider. On leur botterait le cul à tous ces bâtards prétentieux.

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