Chapter 27 (Kailyss)

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Kailyss se réjouit de la présence de Ruby. Sa camarade avait un meilleur sens de l'orientation qu'elle et semblait déjà connaître le château par cœur. Par contre elle n'était pas expressément bavarde. Voire même pas du tout. Les cours de potions, d'après le professeur Lovelace, avaient, à une époque, été déplacés sur une salle un peu plus éclairée que les cachots mais remis en bas, lorsque le professeur Davis avait hérité du poste. La réponse au pourquoi était explicite dès qu'on voyait le professeur en question.
-Bonjour ! s'exclama celui-ci quand il vit arriver les Poufsouffle et les Hurleloup. Asseyez-vous ! 
Il avait un sourire un peu de travers mais particulièrement enjoué. Kailyss sourit à son tour et le salua en entra dans la salle.
Des potions vertes, bleues, rouges, pétillantes, pleines de fumée, claires, foncées, opaques bubullaient partout dans la classe. Thomas Mason Davis, le professeur attitré de potions, se confondait avec elles de manière remarquable. Ses cheveux étaient en pétard et il avait le visage recouvert de suie et d'autres choses aux couleurs variées qu'il tenta d'essuyer, mais ne réussit qu'à tacher sa robe, déjà en partie en lambeaux et fumée. Il ôta ses lunettes pleines de poussière pour tenter de redonner au verre un semblant de transparence, sans grand succès.
-Alors, fit-il en replaçant ses lunettes sur son nez droit, puis-je savoir qui vous êtes ?
Ses yeux vairons, un bleu-gris et un marron, fixaient l'assemblée quelque peu gênée. Les trois Hurleloup s'étaient réfugiés au fond, pour éviter les remarques désobligeantes, ayant déjà suffisamment de mauvais souvenirs avec les Gryffondor. Pourtant à la droite de Kailyss, une Poufsouffle grimaça un sourire et lança à sa voisine :
-Il a l'air complètement neuroné !
Oh oui ! Kailyss aussi avait pensé du prof qu'il était fou. Pourtant malgré ses habits fumants et ses lunettes noires, il semblait assez drôle.
-Bon, continua le prof, chacun et chacune va se présenter en quelques mots, s'il vous plaît.
Il parcourut les rangs avant de fixer son regard vers Kailyss.
-À toi de commencer, mademoiselle, enjoignit-il.
Kailyss sentit sa voix se bloquer dans sa gorge. Mais se fut sa voisine qui prit la parole d'une voix gaie :
-J'm'appelle Clarisse. J'ai onze ans comme vous tous. J'aime les Chocogrenouilles parce que je fais une collection de cartes et parce que le chocolat c'est bon, dit-elle en rigolant un peu.
Des sourires et des rires fleurirent partout dans la salle.
-Eh bien, s'écria joyeusement le prof, je sens qu'on va bien s'entendre Clarisse ! Moi aussi je collectionne les cartes de Chocogrenouille, ajouta-t-il en lui faisant un clin d'œil.
La jeune fille sourit. Kailyss se surprit à la regarder, un peu jalouse de sa facilité à s'exprimer. Elle avait des yeux bruns et des cheveux blonds qui frisaient. Un visage plutôt rond avec quelques tâches de rousseur qui la faisait ressembler à une enfant.
-Choisis-nous donc qui sera le suivant, dit le professeur.
-À toi, lui sourit Clarisse.
Kailyss se sentit devenir rouge.
-Je...
Clarisse la regardait gentiment.
-Ça va ?
-Je...
Kailyss avait peur des moqueries. Elle inspira à fond puis :
-pelkaliceonzanjuitmid.
Clarisse et les autres ouvrirent de grands yeux. Clarisse éclata d'un rire joyeux en se penchant pour serrer la main de Kailyss :
-Tu crois que tu peux répéter plus doucement ?
La jeune fille fit un effort considérable :
-Je.. m'appelle... Kailyss...
Voyant l'élève en détresse, le professeur demanda à Dean de se présenter pour ne pas l'importuner davantage.

-Est-ce que tout va bien ?
La voix du professeur Davis la fit sursauter. Clarisse et elle travaillait ensemble sur l'exercice donné.
-Ou... oui, affirma la jeune Hurleloup.
Clarisse était drôlement gentille et l'aidait du mieux qu'elle pouvait en bavardant gaiement.
-Si vous avez des questions, n'hésitez pas, lui sourit le professeur.
Il fit mine de partir puis se tourna vers elle, s'apprêta à dire quelque chose, se ravisa et alla voir Dean et son camarade de Poufsoufle ainsi que Ruby.
《Il veille un peu sur nous, pensa la jeune Hurleloup en le voyant discuter avec Dean.》
Cela lui réchauffa le cœur, autant que le gentil sourire de Clarisse que la jeune fille lui offrit quand elle retourna à leur travail. Au moins elle n'était pas si seule.

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