De l'autre côté du miroir

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N/A : J'ai écrit cette histoire, avec dans la tête la voix d'Alan Rickman, au début du trailer d' ''Alice, de l'autre côté du miroir.''

Cinq ans qu'elle avait quitté Poudlard, après une Huitième Année, en compagnie de tous ceux, Nés-Moldus ou considérés comme Traitres-à-leur-Sang, qui avaient été obligés d'arrêter leurs études, l'année précédente, afin de pouvoir passer ses ASPICs.

Cette dernière année d'études avait été pour elle un calvaire de tous les instants. Mais qui aurait pu le comprendre ? Jamais elle n'en avait parlé à personne. Même après que les rôles et les actions de chacun pendant cette guerre aient été éclaircis. Même après que le portrait taciturne du dernier directeur ait enfin fait son apparition dans le bureau directorial, un bon mois après la fin des combats.

Qui aurait pu comprendre pourquoi chaque bruit de bottes résonnant sur les dalles de pierre la faisait sursauter ? Pourquoi certaines ombres, agrandies par les torchères plantées dans les murs, affolaient les battements de son cœur ? Pourquoi pénétrer dans la salle de potion pour y retrouver un Horace Slughorn amaigri, flottant dans ses vêtements, et le visage désormais éteint la déprimait ? Pourquoi la silhouette de Bill Weasley lui semblait étrangement inappropriée, dans la salle de Défense contre les Forces du Mal ?

Elle avait malgré tout terminé cette année avec tout le succès qu'on pouvait espérer de 'la sorcière la plus douée de sa génération', et ASPICs en poche, s'était jurée de ne plus jamais remettre les pieds dans le château. Elle avait travaillé pendant un an au Ministère, dans le service d'Arthur Weasley, avant de brusquement présenter sa démission et de disparaître du monde Sorcier.

Il s'était dit qu'elle était allée retrouver ses parents, en Australie, afin d'essayer de leur rendre la mémoire. Il s'était dit qu'elle avait suivi un amant moldu à l'autre bout du monde. Il s'était dit beaucoup de choses. Trop de choses. Qui aurait pu penser un seul instant qu'elle n'avait jamais quitté l'Angleterre, qu'elle s'était réfugiée dans une maison minable, promise à la démolition, dans un quartier condamné de la banlieue nord de Manchester. Qu'elle vivait, elle, la brillante Hermione Granger de petits boulots glanés au gré de ses modestes besoins ?

Le hibou attendait patiemment, sur l'appui de la fenêtre. A la nuit tombée, elle s'était résignée à laisser entrer le pauvre oiseau, affamé et misérablement trempé par la pluie qui tombait sans discontinuer depuis une semaine. Non qu'elle ait eu peur que l'oiseau attire l'attention sur la maison, supposée inhabitée. Personne, pas même les junkies du coin, ne s'aventurait jamais jusqu'à cette impasse déserte, protégée par un très efficace sort de Repousse-Moldus.

C'était le septième hibou, et malgré le fait qu'elle les renvoyait les uns après les autres sans la réponse espérée par leur expéditeur, il en arrivait un régulièrement dès le lendemain de leur renvoi. Personne pourtant ne savait où elle était, mais les hiboux de Poudlard savaient trouver les destinataires de leurs lettres où qu'ils soient.

Avec un soupir, elle décacheta l'enveloppe, semblable aux six autres qui s'empilaient sur une étagère, et la jeta sur la table basse du salon, le temps de se servir un whisky Purfeu et de s'installer dans le fauteuil qui jouxtait la bibliothèque. Le contenu de celle-là était un peu différent, toutefois. Outre la lettre habituelle, une carte de Chocogrenouilles était jointe à la missive. Elle représentait un homme aux longs cheveux bruns, entièrement vêtu de noir, qui la regardait d'un air revêche. Comment Minerva avait-elle pu savoir... elle secoua la tête, peu importait. Ce n'était pas ça qui allait la faire changer d'avis ! Se renfonçant dans son fauteuil, elle essaya de reprendre la lecture du grimoire qu'elle avait abandonné, la veille, sur le guéridon placé à côté de l'accoudoir droit du siège. Mais son regard dérivait sans cesse vers l'image, qu'elle avait posée sur l'enveloppe. Elle se laissa aller en arrière, la tête appuyée sur le dossier du fauteuil et ferma les yeux, laissant les souvenirs de la dernière année de la guerre remonter à la surface.

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⏰ Dernière mise à jour : May 10, 2018 ⏰

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