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Quelqu'un frappait sans interruption à la porte depuis trois bonnes minutes. Installée en position fœtale sur le lit, je priais pour que cette personne cesse de tambouriner avec acharnement. Cependant, mes prières semblaient être vouées à l'échec et le garçon dans la pièce d'à côté paraissait avoir soudainement perdu l'ouïe. Ou alors, il attendait simplement de voir comment j'allais réagir face à cette situation.

Et si c'était quelque chose d'important et que je devais absolument ouvrir ?

L'ordre de n'ouvrir à personne tournait encore et encore dans mes pensées, tel un panneau me rappelant ce que je ne devais pas faire. Pourtant, une partie de moi voulait aller à l'encontre de ses paroles, comme pour me prouver ou lui prouver, à lui, que je n'étais pas quelqu'un qui se laissait dicter les moindres de ses faits et gestes.

Ma main fut sur la poignée de la porte d'entrée avant même que je ne m'en rende compte. Malheureusement, celle-ci était dépourvue de judas, par conséquent je n'avais aucun moyen de savoir à l'avance ce qui m'attendait derrière. Je pouvais me retrouver face à n'importe qui : une femme de ménage, un membre de l'hôtel s'inquiétant d'avoir entendu des cris quelques minutes plus tôt, un homme habillé entièrement de noir pointant son arme sur moi...

Je pris finalement mon courage à deux mains, mettant quand même en place la petite chaînette sur la porte pour qu'elle ne s'ouvre que très peu, au cas où j'aurais mieux fait de rester immobile sur le matelas inconfortable et de continuer à me morfondre sur mon sort. Seulement, je ne tombais pas nez à nez avec un agent secret mais avec un homme de taille moyenne, un sourire visiblement sincère sur le visage et portant des serviettes blanches soigneusement pliées dans ses bras. Il portait des vêtements parfaitement normaux, aux couleurs claires. Aucune teinte de noir en vue.

— Bonjour, je suis désolé de vous déranger et d'avoir toqué depuis si longtemps... Mon responsable m'a demandé de vous apporter en urgence des serviettes propres. Il s'excuse vraiment de ne pas avoir pu vous en fournir quand vous avez pris la chambre et il tenait à ce que vos serviettes vous parviennent le plus vite possible pour se faire pardonner.

— C'est gentil de votre part, merci beaucoup.

Sans réfléchir, j'ouvris en grand la porte de la chambre pour attraper en vitesse les nombreuses serviettes que l'homme me tendit avec un grand sourire navré. Je me rappelai la tenue légère que l'on m'avait enfilé sans mon accord lorsque je sentis son regard insistant sur mes jambes nues mais je n'y accordai pas plus d'attention, trop occupée à reculer pour refermer aussi rapidement que possible derrière moi. Toutefois, quelque chose bloquait la porte.

Je n'eus pas le temps de relever la tête que mes cheveux furent violemment tirés sur le côté, que la porte fut refermée en un grand bruit et qu'un métal froid se retrouva pointé contre ma tempe. Le battement de mon pouls contre mes oreilles était assourdissant.

— Sors de ta putain de cachette, gamin ! Plus vite tu sortiras et moins j'aurais de temps pour faire du mal à ta copine ! cria l'homme à pleins poumons, ne semblant pas se soucier des autres clients de l'hôtel, tout en resserrant sa prise sur mon bras déjà meurtri.

Durant quelques instants, le silence régna en maître dans la pièce mais le léger bruit métallique d'un verrou tournant dans une serrure se fit finalement entendre. Puis, la porte s'ouvrit à la volée et le garçon des bois bougea si rapidement que je ne le vis qu'au moment où il fit tomber l'arme qui me menaçait sur le sol et où il éloigna l'homme de moi pour lui briser brusquement la nuque d'un geste sec, laissant le corps s'étaler piteusement près du lit, sans vie.

Je fus incapable de détourner mes yeux d'un tel spectacle pendant de longues minutes, tremblante de la tête aux pieds. Le garçon dut me toucher plusieurs fois l'épaule pour que je redirige mon attention vers lui et le regard noir qu'il me lança me dissuada de lui désobéir de nouveau.

Pour Cette Liberté Illusoire. | ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant