— Tu n'es pas humain pour être capable de t'illuminer comme tu l'as fait dans la forêt, alors qu'est-ce que tu es au juste ? Pourquoi est-ce que tu possèdes ces... ces pouvoirs ?

Il ne prit même pas la peine de me répondre, se contentant de lever ses bras au-dessus de sa tête pour étirer ses muscles saillants. Son geste me permit d'apercevoir le sourire narquois plaqué sur ses lèvres, s'amusant probablement de me voir aussi désemparée. Je ne pus m'empêcher de froncer davantage les sourcils en le voyant adopter une attitude aussi décontractée.

— Réponds-moi ! m'exclamai-je tout en donnant un grand coup de poing dans le matelas pour lui faire comprendre que mon impatience arrivait tout doucement à ses limites, ce qui ne sembla pas l'impressionner le moins du monde.

— Tu peux attendre autant que tu veux, répliqua calmement le garçon avant d'hausser les épaules. Je n'ai jamais eu l'intention de te révéler quoi que ce soit, de toute façon.

— Tu veux savoir quelque chose ? Je ne supporte plus tes petits jeux à deux balles ! Je ne sais pas ce qu'il se passe ni pourquoi ces hommes veulent absolument mettre la main sur toi mais écoute un peu : je m'en fiche ! Je ne veux rien avoir à faire avec tes histoires de pouvoirs et d'agents secrets qui te poursuivent partout ! Faisons comme si je n'avais jamais rien interrompu dans la forêt et comme si je n'avais jamais vu ton visage, d'accord ? Je vais effacer toutes ses images de ma mémoire et sortir de cette chambre pour retourner à mon quotidien ennuyant, ça te va ?

Je n'eus pas le temps d'attraper la poignée de la porte de sortie que le garçon me plaqua brusquement contre le mur le plus éloigné de celle-ci. Un cri de douleur m'échappa au moment où mon dos meurtri se retrouva aplati contre le papier-peint. L'espace d'une seconde, il me sembla que mon assaillant relâcha subtilement son emprise sur moi, comme pour éviter de me faire davantage de mal même si la pression qu'exerçaient ses doigts sur ma gorge restait particulièrement menaçante.

— Tu n'iras plus jamais quelque part sans que je sois là avec toi, compris ? me menaça-t-il d'une voix vibrante de colère, sa mâchoire se crispant dangereusement au fur et à mesure qu'il parlait. Qu'est-ce que tu crois ? Tu es bien trop mêlée à toute cette histoire pour pouvoir retourner aussi facilement à ton petit quotidien, à présent. Ta vie a été détruite au moment où ils ont découvert ton identité et ton adresse, gamine ! Ils attendent tous impatiemment que tu t'échappes d'ici, que tu retournes chez toi pour te capturer et se servir de toi pour réussir à m'avoir, parce qu'ils savent pertinemment que je suis trop faible dans le fond pour laisser entre leurs mains une pauvre humaine et ainsi fuir mes responsabilités. Mais tu sais quoi ? Je vais te dire quelque chose d'extrêmement important, alors écoute-moi bien.

Il approcha tellement son visage que son nez frôla le mien, autorisant son souffle à caresser mes lèvres tremblantes de peur.

— Ils ne réussiront jamais à m'attraper de nouveau, tu m'entends ? Je t'empêcherai de retourner là-bas, de tomber bêtement dans leur piège pour qu'ils puissent ensuite t'utiliser pour m'atteindre. Si je dois t'enfermer quelque part pour m'assurer que tu ne chercheras pas à les retrouver, je le ferai sans aucun remords.

— Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas directement tuée, alors, quand tu en avais l'occasion ? lui demandai-je du tac au tac, les mots sortant malgré moi de ma bouche tandis que mon regard aussi terrifié qu'insolent plongeait dans le sien. Qui crois-tu être pour décider de m'enlever ainsi mon droit de vivre en toute liberté ?

Sa main encercla furieusement ma gorge, ce qui me fit ouvrir machinalement les lèvres à la recherche d'oxygène. Une lueur féroce obscurcit les yeux du garçon et les muscles de son bras se tendirent davantage. Avant même que je ne puisse comprendre ce qu'il se passait, une lumière jaunâtre avait recouvert ses pupilles.

Ils ne m'ont jamais demandé mon avis avant de me retirer ma liberté à moi ! Ils ne m'ont jamais rien demandé avant de m'enfermer comme un vulgaire animal sauvage !

— Je ne t'ai jamais rien fait, moi... parvins-je à prononcer au bout d'un instant, malgré ma gorge bloquée par les doigts puissants de mon ravisseur et les nombreux sanglots manquant d'éclater à la moindre seconde. Tu n'as pas le droit de m'enfermer dans une chambre d'hôtel, ce n'est pas juste...

Au même moment, sa main quitta brusquement mon cou, comme si j'avais réussi à le brûler avec mes paroles. Son regard brillant se posa sur mon visage et j'eus l'impression qu'il me vit réellement pour la première fois. Il me regardait toujours lorsqu'il murmura, presque pour lui-même :

— Je le sais très bien.

Alors, il fit plusieurs pas en arrière avant de finalement briser notre contact visuel. Sa silhouette se dirigea rapidement vers une porte dont je n'avais toujours pas remarqué l'existence et il marqua une pause quand il arriva devant, ses doigts agrippant la poignée.

— C'est de ma faute, j'aurais dû faire plus attention avant d'utiliser mes pouvoirs... commença-t-il d'un ton étrangement désolé, sa tête baissée honteusement baissée vers le sol. Si j'avais pris mes précautions, tu ne serais pas coincée avec moi... (Il releva lentement son visage puis le tourna dans ma direction, une émotion indéchiffrable se trouvait sur ses traits) Si l'on toque à la porte, n'ouvre pas et fais comme si personne n'était ici, d'accord ? Et, une dernière chose : je suis fatigué de courir dans tous les sens alors, s'il te plait, essaie de ne pas t'enfuir pendant que j'ai le dos tourné, gamine. Pour une fois, j'aimerais bien me reposer un peu.

Et, sans un mot de plus, il s'enferma dans la pièce.    

Pour Cette Liberté Illusoire. | ✔Where stories live. Discover now