- Lâchez-moi ! Je... ne vois pas de quoi... vous parlez... Vous devez vous... tromper de personne ! réussis-je à prononcer entre deux sanglots.

- C'est ce que nous allons voir, fillette.

Cette fois-ci, il tira encore plus fort mes cheveux pour me faire basculer la tête en arrière, de façon à ce que je puisse le regarder dans les yeux même s'il se tenait derrière moi. Un homme, probablement âgé tout juste de la trentaine, me dévisageait attentivement d'un œil méchant et méfiant. Puis, se lassant sûrement de la vue, il me relâcha pendant une demi-seconde pour coller son revolver sur ma nuque et tirer quelque chose de la poche de son manteau. Un téléphone portable.

- Ouais, c'est moi... annonça mon ravisseur dans le combiné, redirigeant son regard vers le mien durant sa conversation téléphonique. Tu avais raison, il est là, ce fichu monstre... Malheureusement, je suis arrivé après l'équipe d'agents d'élite et il s'est tiré avant que je ne puisse lui courir après... Exact, il les a tous tués... Non mais attends un peu, j'ai une bonne nouvelle pour toi ! Je crois que le gamin commence à se fatiguer parce qu'il a laissé une humaine le voir pendant qu'il utilisait des pouvoirs... Oui, je te jure, j'étais planqué derrière des arbres, j'ai tout vu ! Il s'en prenait à l'agent Harper quand la fille est sortie de nulle part. Elle est restée bloquée plus d'une minute sur les pouvoirs apparents du gamin et il s'en est rendu compte, lui aussi.

Un sourire suffisant sur les lèvres, mon ravisseur me fit cambrer davantage le dos pour que son interlocuteur puisse entendre mon hurlement de douleur. Son emprise était si forte qu'elle m'empêchait de faire la moindre chose pour me dégager de cette situation.

- Dis, tu as entendu ça ? Je pense que j'ai réussi à attraper la fille humaine avant lui parce qu'elle n'a pas l'air de connaître la cachette de ce monstre... Oui, oui, je suis déjà au courant, merci... lança l'homme d'un air sarcastique tout en levant les yeux au ciel. Arrête de parler et prends en note ce que je vais te dire, au moins comme précaution au cas où la fille nous échapperait... C'est bon ? Alors, elle est de taille moyenne, une brune plutôt jolie avec de grands yeux verts, des formes là où il faut... Ouais, elle habite dans la même ville que celle de l'opération.

Une pause, puis un nouveau coup de pied dans mon dos. Les lèvres de l'homme s'étirèrent en voyant mon air pitoyable.

- C'est bien toi, Nora Mendez ? me demanda-t-il, secouant plus que nécessaire pour obtenir une réaction de ma part, même si je me contentais de le regarder sans lui donner de réponse. Bordel, réponds-moi, j'ai vu ce nom-là sur la boîte aux lettres avant d'entrer dans la maison !

Un sourire ne put s'empêcher de faire son apparition sur mon visage, se frayant un chemin entre les larmes, lorsque je me rendis compte que le ton de mon ravisseur était soudainement devenu désespéré.

- Pourquoi est-ce que vous me posez la question, alors ?

Une seconde plus tard, mon visage fut violemment plaqué contre le carrelage de la cuisine. Je vis très clairement dans le regard de l'homme qu'il n'avait pas vraiment apprécié ma réplique quand il m'allongea de façon à ce que mon dos se retrouve sur le sol. Puis, continuant toujours sa conversation téléphonique, il s'installa à califourchon au-dessus de moi, plaçant un genou sur chacune de mes paumes pour maintenir mes bras immobiles. Mes yeux s'écarquillèrent lorsque sa main qui tenait le revolver s'éleva haut dans le ciel, comme prenant l'élan nécessaire pour me blesser suffisamment fort, ce qui aurait pour but de me dissuader de reprendre une nouvelle fois la parole. Je fermais machinalement mes paupières, me préparant psychologiquement à l'impact qui allait se produire, au moment où un coup de feu assourdissant retentit dans la maison, suivi d'un épouvantable hurlement qui résonna au plus profond de mon être.

Seulement, ma bouche était restée soigneusement fermée.

Quand je rouvris mes yeux, ces derniers se posèrent instinctivement sur la silhouette debout dans l'entrée, pointant une arme sur mon ravisseur. Le doigt caressant lentement la gâchette, le garçon de la forêt fixait tranquillement le corps de sa victime convulser de douleur au-dessus du mien alors qu'il plaquait sa main contre lui, tentant désespérément d'arrêter l'hémorragie sévère causée par la balle qui avait traversée sa chair. Son téléphone pulvérisé était tombé près de ma cheville, non loin de là où gisait à présent son revolver.

- Ferme tes yeux, résonna la voix du jeune homme, dénuée de toute émotion.

Il ne me laissa pas le temps de comprendre à qui il s'adressait qu'une deuxième détonation se fit entendre dans la pièce, si étourdissante qu'elle sembla me laisser complètement paralysée. Ainsi, je fus incapable de faire le moindre mouvement lorsque le cadavre de mon ravisseurs'écrasa lourdement sur ma poitrine, permettant à l'odeur de la mort des'approcher plus dangereusement de moi que jamais auparavant.

Pour Cette Liberté Illusoire. | ✔Where stories live. Discover now