Alone

Chapitre 12

Parfois des gens rentrent dans votre vie, et elles changent tout.

Je le laissa entrer et ferma la porte derrière lui, il s'assit sur ma chaise de bureau et enleva ses chaussures.

-Bah ça va tranquille, vas-y, fait comme chez toi ! Lui dis-je, choquée par son comportement

-Merci, c'est exactement ce que je suis en train de faire. Mes chaussures m'insupportent, et je ne vais pas rester debout.

-Bref, qu'est ce que tu veux me dire ?

-Et bien, c'est un peu délicat à vrai dire...

-Accouche. Tout de suite.

-Du calme, ça va ! Dit-il en levant les mains.

Je m'assis sur mon lit et le regarda dans les yeux. Puis il baissa le regard et se gratta la nuque.

-En fait je voudrais te parler du lycée, je voudrais que tu saches que tout le monde n'est pas méchant là-bas.

-Laisse moi rire ! Tu as vus ce qu'ils me font ? Tu as vus la ou les vidéos, je ne sais pas combien il y en a, tu es là, tu le vois et tu ne fais rien, alors laisse moi te dire une chose.

Je me leva, ouvris la porte en grand et me retourna pour lui faire face.

-Va te faire foutre, Jack. Et pars par la même occasion.

Il se leva à son tour, se dirigea vers la porte, mais il ne la passa pas et la ferma en restant dans ma chambre.

-Non Kylie. Je suis peut-être un connard, ça je suis au courant, je ne réagis pas mais j'ai mes raisons, et enfin j'ai remarqué autre chose. Tu maigris à vu d'œil. Dit-il en me détaillant dans les moindres détails.

Je le regardais et ne disais rien, car il avait tout à fait raison. Je maigrissais, tellement. Je baissa la tête et vis un crayon parterre, je me baissa pour le prendre mais mes côtes me firent atrocement mal, alors je restais dans la même position, à ne pas bouger, à attendre que la douleur s'estompe. J'aperçus Jack s'accroupir et il me regarda puis me demanda :

-Qu'est ce qu'il y a ?

Il n'avait pas d'inquiétude ou d'hésitation dans sa voix, il me le demanda comme si c'était la chose la plus naturelle du monde alors je lui répondis de la même manière :

-Absolument rien.

Et je me redressa lentement, j'avais mal, vraiment mal, mais je me mordis la langue pour ne rien laisser paraître et lui demanda :

-Est-ce que tu peux partir s'il te plaît ?

-Je restes.

-Allez... Jack, s'il te plaît il faut que tu sortes, juste cinq minutes.

-Non.

-Très bien alors retournes toi et ferme les yeux.

Il se retourna et je suppose qu'il avait les yeux fermés. Alors je me retourna à mon tour, leva mon tee-shirt et appliqua de la crème sur mon hématome. Et là, je l'entendis dire quelque chose qui m'ébranla :

-Wow, je n'est jamais vu quelqu'un avec autant d'hématomes sur le dos que toi.

Il est retourné. Mince. Je baissa mon tee-shirt et me retourna en vitesse.

-Je t'avais dis de te retourner.

-Et tu es assez naïve pour croire que je vais t'écouter ? Laisse moi rire. Comment tu t'es fait ça ? Dit-il fermement.

-Je suis tombée dans les escaliers.

-J'aime pas les mensonges Kylie. La vérité, maintenant.

-Je viens de te le dire, je suis tombée !

-Le même mensonge. Je te donne encore une chance.

-Ok... Je suis tombée dans la douche, mais je voulais pas que tu te moque de moi !

-C'est fou, si je ne connaissais pas la vérité j'aurais pu te croire ! Mais malheureusement pour toi, je la connais.

-Alors pourquoi tu demandes ?

-Pour être certain. Mais ne me ment pas encore une fois Kylie.

-Tu n'as pas besoin de savoir.

-C'est au lycée c'est ça ? Les hématomes de ton dos, c'est Tracy, c'est ça ?

-Tracy ?

-Ouais, la brune qui me roule des pelles tout le temps.

-Charmant. Ouais c'est elle, mais pas que.

-Montre.

-Quoi ?! M'offusquai-je

-Enlèves ce putain de tee-shirt et montre moi ! Cria-t-il.

-Hors de question, c'est ma vie.

-Parce-que toi, ça t'enchante de te faire battre tous les jours au lycée ? D'avoir mal pendant des jours entiers ? De souffrir aussi mentalement je suppose ?

Je me releva et me mis face à lui.

-Je n'enlèverais pas ce tee-shirt.

Et je partis m'enfermer dans la salle de bain en courant. Je l'entendis frapper à la porte, doucement, puis de plus en plus fort.

-Je veux juste t'aider tu sais... Chuchota-t-il de l'autre côté de cette porte.

Je reculais mais ne déverrouilla pas la porte, je me laissa glisser contre le mur de carrelage et je me mis à pleurer, doucement, silencieusement. Puis je me mis à trembler et renifler. Il avait raison. Sur toute la ligne. Ma vie était devenue un enfer, le lycée également, je voulais m'en sortir seule mais je ne pouvais pas, j'avais mal, toujours plus mal, je ne comprenais pas et me rendais malade pour quelque chose qui n'était pas ma faute. Je ne voulais pas en parler à mes parents, à personne d'ailleurs, je ne voulais pas paraître faible, ou les inquiéter. Je le gardais pour moi, pour moi seule...

Je l'entendis dire :

-Je sais que tu pleures, je t'entends tu sais.

Je souria amèrement et me releva, je me passa de l'eau fraîche sur le visage et ouvris la porte. Je vis Jack, assis contre le mur en face de la porte, le regard rivé sur la salle de bain. Je me décalais et m'assis contre le mur, face à lui. Il prit la parole et me chuchota :

-T'inquiète pas, ça va aller...

Puis il se leva et redescendit, puis j'entendis ma mère dire au-revoir et la porte claqua.

En règle général, ces personnes sont têtues, vraiment têtues...

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