Bloom n'avait qu'une seule consigne à suivre pour mener une vie paisible dans son nouveau lycée : ne jamais, jamais approcher les frères Duncan.
Mais s'il est des domaines dans lesquels elle excelle, celui consistant à respecter les règles n'en fait...
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Après avoir passé la journée en compagnie de Lexi, je me rends à mon lieu de travail une fois la nuit tombée.
Au ED's World, tous les clients dotés d'un organe reproducteur masculin me regardent avec une lueur lubrique que je ne connais que trop bien. Il fut une époque où tous les garçons de mon lycée me regardaient de cette façon. J'avais l'impression d'être salie, souillée. Comme si chacune de leur œillade laissait sur ma peau une tâche tenace impossible à laver. Parce que je savais qu'ils avaient tous vu mes photos et j'en avais terriblement honte. J'en voulais à la Terre entière, et spécialement à Elvin.
A cause d'Ezra et Ethan, j'ai l'impression d'avoir fait dix pas en arrière, de revenir à cette sombre époque de ma vie. Les deux situations sont étrangement similaires. Le karma doit être en train soit de se moquer de moi, soit de m'accorder une deuxième chance. Une chance de faire les choses différemment, de ne pas me contenter d'encaisser et de garder le silence. Une chance de réagir et de rugir.
Et c'est exactement ce que je prévois de faire : riposter.
Indiana, la bombe Latina, n'a pas cessé de me lancer des œillades de tueuse toute la soirée durant. Elle a même fait exprès de renverser son plateau sur moi. Josh le barman, lui, pense que je pourrais renverser la situation à notre avantage et utiliser le scandale de la robe transparente pour attirer plus de clients. J'ai ri intérieurement lorsqu'il m'a dit cela. Pour rien au monde je ne voudrais faire augmenter la recette du bar de ceux qui m'ont mis dans cette situation honteuse. Mais au moins, le point positif de tout cela est que j'ai eu beaucoup de pourboires. Trois milles dollars en une soirée. C'est du jamais vu. Lolita a failli faire une syncope lorsqu'elle a vu la somme. C'est un mois de loyer à Vegas !
A présent, je peux me vanter d'avoir récolté trois milles dollars par mes propres moyens, et sans l'aide de mon père. Je peux lui prouver que je n'ai pas besoin de sa fortune.
Après avoir terminé mon service vers minuit, je monte au deuxième étage du bar où quatre hommes, qui à première vue on l'air d'avoir la trentaine, font une partie de billard. Lolita est trop occupée à leur servir des pintes de bière pour remarquer ma présence.
Paquet de cartes cartonnées sous le bras, je me mets à la hauteur de la balustrade qui donne une vue à trois-cent soixante degrés sur l'ensemble du bar. Je n'avais jamais remarqué à quel point cet endroit est immense !
Je commence à lâcher les cartons d'invitation dans le vide comme des confettis. L'un après l'autre, ils tournoient avant d'atterrir sur le sol, le comptoir, la table de poker, l'estrade de pole-dance, les banquettes... Quelques secondes plus tard, des cris euphoriques retentissent dans tout le bar. Je souris, satisfaite. Tout fonctionne exactement comme prévu.
Jusqu'à ce que le propriétaire du bar vienne y mettre son grain de sel.
