Tome 2-Epilogue partie 3- Elisa

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Il y a des choses dans la vie qu'on n'explique pas, d'autres auxquelles nous recherchons le sens, en vain. 

Pourtant, tout arrive pour une raison. Il n'y a pas de hasard dans la vie. Comme ma rencontre avec lui. Rien ne la présageait et pourtant... Jamais je n'aurais cru un seul instant que c'était lui, qui me rendrait folle de joie, ivre de bonheur. Jamais je n'aurais cru que j'allais vivre toutes ces aventures de dingue, pour enfin être posée dans une vie que j'aime et que je n'échangerais pour rien au monde. Jamais je n'aurais cru que ce jour trop tard serait le parfait timing, le ciment de notre relation. Il serait arrivé avant, ça n'aurait pas eu la même saveur, ça n'aurait pas été si fort entre nous.

Jamais je n'aurais cru, que tous les cinq mois environ, je serais ici, dans une base navale, à attendre patiemment que l'homme qui partage ma vie revienne.

Chaque départ en mission est une véritable déchirure, une torture mêlant angoisses et pleurs. Je hais ces jours où Damien prépare ses sacs, ces jours où je le sens se canaliser, où il va courir deux fois plus pour évacuer le stress qui monte en lui, et ces jours où il ne cesse de m'embrasser, de me câliner, comme s'il profitait un maximum. Pourtant, chacun de ses retours est à chaque fois meilleur, chaque retour est un pur moment de bonheur dont je ne me lasse pas. Chaque retour est synonyme de pleurs, de tendresse, de temps à rattraper. Une semaine, ou deux ensemble... Au grand maximum. Puis nous continuerons à s'aimer par écran interposé, durant une heure par mois.
C'est peu, mais c'est divin. Ces soixante minutes me sont précieuses, sont un doux réconfort. Sa voix apaise mon manque, son image me redonne le sourire. Même si ce n'est qu'un court quart d'heure par semaine. Quand d'autres couples se déchirent à force de trop se voir, le nôtre se soude un peu plus à cause du manque. Pas de lassitude de l'autre, pas de « trop », juste des « pas assez ».
— Ils vont bientôt arrivés !

Je sursaute lorsque la voix de Mélanie retentit dans mes oreilles, et elle s'excuse immédiatement.

— Merde, je ne voulais pas te foutre la trouille. J'oublie bien souvent que t'es en cloque.

J'embrasse la joue de mon amie, et la rassure, en portant mes mains sur mon ventre qui commence à bien se voir.

— Ça va, ne te tracasse pas. J'étais en train de penser.

Cette grossesse n'a pas été une surprise, comme pour celle d'Eden, puisqu'elle a été purement et mûrement réfléchie. Je l'ai su un mois après le départ de Damien, et son annonce par webcam a été des plus emblématiques. Il a d'abord écarquillé les yeux, avant de demander quinze fois si je plaisantais. Puis, quand je lui ai confirmé encore une fois, il a hurlé sa joie auprès des membres de son équipage présent. Je suis sûre que si j'avais été à ses côtés, il m'aurait fait tournoyer dans les airs avant de m'embrasser.

— Et les enfants, ça va ?

— Logan n'a qu'une hâte : la rentrée scolaire. Il devient fou durant ces congés. Ma mère me dit de le laisser à son père, mais tu sais bien ce que j'en pense.

— Et je te comprends. Qu'il aille se faire foutre ce con.

— Ouais, t'as raison, répond-elle en entourant mon bras du sien. Et Sarah, elle est à la crèche et se rejouit de revoir Connor. Et Eden ?

— Comme je suis de passage, je l'ai déposé chez Danielle, puis on ira les rejoindre pour dîner ensemble.

— Tu devrais revenir plus souvent par ici. Surtout que t'as une raison évidente de le faire, me taquine-t-elle.

— Je sais, ris-je. Mais entre les nausées, la fatigue et Eden, je t'avoue que j'ai la flemme des voyages.

Tout un attroupement de femmes, d'enfants, de parents se rassemble sur le vieux parking de la caserne, quand on voit au loin le navire se rapprochant, l'équipage presqu'au complet sur le pont. Nous sautons sur place, tapant dans nos mains, surexcitées. Mon dieu ! Il est revenu ! Je vais le revoir, enfin !
Je m'avance, impatiente, bouscule d'autres personnes sans attendre que Mélanie me suive, parce que je ne peux plus attendre. Je veux le serrer dans mes bras, sentir son odeur et respirer, je trottine quand je les vois descendre les marches du navire et lorsque j'arrive à sa hauteur, qu'il lâche son sac sur le sol et que je me jette dans ses bras, mon cœur s'accélère, faisant exploser un flot d'émotions dans mon être. Le parfum particulier de son uniforme me fait fondre, ses cheveux rasés aussi, sans compter ses bras autour de mes épaules.

— Tu m'as manqué, souffle-t-il dans mes cheveux.

Sa peau sous mes doigts... Véritable réconfort.

— Toi aussi, dis-je en le serrant contre moi.

Damien relève mon visage vers le sien, essuie mes larmes de ses pouces et m'adresse un magnifique sourire, avant de m'embrasser tendrement, langoureusement. Sa langue qui danse avec la mienne, me tire un gémissement. Que c'est bon de le retrouver, de le goûter, de le respirer. Je me sens enfin entière.

— Attends, murmure-t-il, je veux absolument voir quelque-chose.
Il se penche, caresse le petit arrondi de mon ventre, avant de s'agenouiller pour déposer un baiser dessus. Je ris, je pleure, je l'embrasse quand il se relève.

— T'es vraiment en train de faire un bébé...

— Bien sûr que oui, et c'est le tien en plus.

— Putain que je t'aime, toi.

— Ah non, pas de gros mots monsieur Burn, notre fils commence à avoir un langage aussi fleuri que son père.

— Je t'aime, reprend-il en collant son front au mien. Je t'aime et avant de rejoindre ma mère, je vais t'emmener quelque part où je pourrais te faire l'amour encore et encore.

— Alors dépêche-toi de le faire, Dam. J'ai la Mustang.

— Et ça me suffit. Toi, moi... Et la Mustang.

Fin

Un jour trop tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant