Chapitre 4: part 1

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Enfin, elle avait réagi et je fus tout bonnement incapable de faire disparaître le sourire moqueur sur mes lèvres. Roxane n’avait-elle peut-être pas tant changé que ça, elle était si facile à faire sortir de ses gonds.

Je préférais être en conflit avec elle que de me sentir seulement rejeté. Je n’aimais pas l’inexplicable, je préférais largement être un connard, comprendre son dédain pour ma personne.

Je n’allais pas lever la main vers elle, je n’étais pas comme cela. Roxane pouvait se défendre, mon poing ne pourrait la blesser, mais je ne pouvais pas lui donner ce bonheur, la frapper la ferait sans doute se sentir mieux, mais je voulais la voir mal.

Si je la tapais, nous serions à égalité, et c’était loin d’être ce que je voulais. La seule chose que je désirais et de la voir culpabiliser, pas besoin de sa pitié ou de son amitié, non, je ne chérissais que l’idée de la voir se ronger.

J’avais adoré la façon dont les mots de Maëlys lui avaient déglingué le cœur, elle devait ressentir la même chose, c’était à son tour d’aller mal et au mien de faire comme si de rien n’était. J’étais un sombre connard, bien, je n’avais rien de plus à dire et au fond je n’en avais rien à foutre.

Fanny, ou n’importe laquelle de ces filles feraient l’affaire, je ne cherchais pas l’amour, c’était malheureusement un concept surfait. Mais même si Roxane et moi ne partagions plus de sentiments, il y avait quelque chose qui nous liait, des souvenirs.

Il suffisait de la faire souffrir, de voir dans ses pupilles le désarroi, la tristesse, le regret. Elle devait me regretter, je ne demandais rien d’infaisable.

- Tu n’es qu’un connard ! Hurla-t-elle les yeux animés d’un feu de colère
C’était facile, presque trop, il suffisait de parler d’Eden, de ce qu’elle avait fait et elle devenait quelqu’un d’autre. Personne ne savait ce que moi j’avais compris, elle avait pris un  certain plaisir à tuer Eden, cela l’effrayait et au fond, à l’époque je n’en avais rien eu à faire.

Je ne voulais qu’elle fasse du mal aux autres mais Eden… J’étais resté à ses côtés, parce qu’elle en avait besoin, elle était tant effrayée par elle-même. Mais aujourd’hui, elle n’avait plus besoin de mon soutien, elle avait tourné cette page, mais son cœur restait à vif.

Par amour pour elle, j’avais été prêt à fermer les yeux parce que j’avais eu l’intime conviction qu’elle se faisait assez peur pour ne pas recommencer, mais aujourd’hui, je pouvais laisser ma langue se délier.

- Peut-être… Mais je n’ai le sang de personne sur mes mains, moi…
J’étais définitivement un bâtard, j’utilisais ses peurs, ce qu’elle m’avait confié, mais c’était le seul moyen que j’avais trouvé pour me sentir mieux.
Roxane réagissait tellement à mes propos que je prenais totalement mon pied. La voir énervée était tellement plus facile que de la voir indifférente.

- Tu n’es qu’un enfoiré ! Moi en tout cas, je n’ai pas détruit ma famille
Aïe, elle avait marqué un point. Pourtant, ses mots ne me touchèrent pas aussi brutalement, elle en parut même déçue. J’avais eu le temps de repenser à tout ça, de contempler mon royaume détruit, il était clair que j’étais responsable de la déchéance de ma famille, mais désormais, je n’en avais rien à foutre.

J’étais devenu hermétique aux reproches de mes parents, aux cris qui me poursuivaient jusque dans la nuit, la peur était devenue ma seule compagnie, celle la plus ponctuelle. Lorsque mon lit était froid, elle venait s’immiscer en moi et j’ai fini par m’y habituer.

Roxane n’était plus là, et c’est dans moments que l’on se rend compte à quel point l’on sait tromper. Moi qui pensais que je dépendais d’elle, que l’avenir n’avait pas de sens sans elle, je m’étais trompé, l’avenir n’avait pas de sens tout court. Il fallait être honnête, la mort me terrifiait, mais la vie aussi.

Je me mis à taper dans mes mains, le visage tendu de Roxane se crispa un peu plus, elle attendait la prochaine réponse cinglante.
Ne t’en fais pas chérie, pour toi, j’aurais toujours quelque chose de désagréable à dire.
Daphnée et Chloé attendaient aussi, putain que ces meufs pouvaient me faire chier. Pourquoi fallait-il que cela soit moi que l’on regarde comme une bombe à retournement ?

L'Académie 2: La Face CachéeWhere stories live. Discover now