Chapitre 3: part 2

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Roxane 

La situation était cocasse, gênante même, mais elle l'était bizarrement plus pour Daphnée et Lukas que pour moi. Je le voyais nu avec une autre femme et même si mon cerveau me criait de m'énerver, je restais calme. C'était insoutenable, mon rythme cardiaque ne se modifia pas, mon souffle non plus, j'étais tout à fait détendue. 

Lukas poussa instantanément le corps de la jeune fille, elle tomba de l'autre côté du lit. Il attrapa à la va-vite un sweat et un caleçon et se couvrit. Ce n'était pas sa nudité qui le dérangeait, la pudeur ne faisait pas partie de son vocabulaire, mais tout ce qui touchait à sa vie privée était quelque chose d'assez précieux, de secret. 

- Dégage ! Gueula Lukas à la fille à côté de lui
La jeune fille était apeurée, elle tirait les draps pour se cacher. Son visage trahissait sa gêne, j'avais mal au cœur pour elle. Des larmes coulèrent le long de ses joues, Lukas, lui, ne la regardait même plus. Il nous fixait éberlué, incapable de parler.
- Je vous laisse, dis-je à Daphnée 

Je m'approchais de la jeune fille et lui tendit un des sweats de Lukas qui trainait sur le sol. Elle l'attrapa la main tremblante. Elle savait visiblement qui j'étais et cela augmentait sa gêne, mais je n'allais pas la laisser comme ça. J'étais incapable de laisser une jeune fille, seule, nue, et de plus, il était clair que Lukas ne ressentait rien pour elle et je n'étais pas sure qu'elle s'en soit rendu compte.
- Viens, lui souris-je 

Je sentais le regard de Lukas sur mon dos, mais je ne le regardais pas. Je m'occupais de la jeune fille, qui après avoir passé une nuit dans son lit, était en pleurs et très mal à l'aise. Il ne fit aucun commentaire quand elle enfila son sweat, il était assez grand pour lui cacher le haut des cuisses. La jeune fille attrapa sa culotte et me suivis. Elle avait des cheveux blonds, elle était assez petite et fine, elle devait avoir aux alentours de 16 ans.

Elle me suivit dans les couloirs, je n'allais pas devenir son amie, je n'en avais pas envie. Pourtant, quelque chose m'empêchait de la laisser seule, ses joues étaient encore humides et son corps tremblait. Elle n'avait sûrement jamais imaginé que quelqu'un puisse entrer dans l'appartement de Lukas Higo.
- Comment tu t'appelles ? Demandais-je
- Fanny... Souffla-t-elle
- Quel est ton régiment ?
- L'élite... 

Sa voix était douce, et en même temps, je n'aimais pas cette gamine. Elle ne m'avait rien fait, mais je ne l'aimais pas. Je la raccompagnais jusque dans l'indépendance de l'élite. Je n'étais pas revenue ici depuis un bon bout de temps, c'était étrange de voir ce hall, cet escalier qui séparait l'étage des filles de celui des garçons. Je me sentais presque chez moi dans ses couloirs, cette sensation avait quelque chose de déstabilisante. Je m'étais sentie trimballer de tous les côtés, mais là, je pouvais m'asseoir et contempler ces murs.

La jeune fille était toujours derrière moi, elle me suivait gentiment sans parler ni même ouvrir la bouche. J'arpentais les couloirs en cherchant son nom sur les portes, mon cœur se stoppa en remarquant que le prénom de Manon avait tout bonnement disparu. Valentine et Anaëlle étaient désormais seules, je ne pouvais pas les voir, pour moi, Manon faisait partie d'elle. Elles étaient un trio, leur amitié n'avait pas de frontière ni même de limite, cela faisait deux ans qu'elle était morte, deux ans, c'était déjà tellement long. 

- Plus loin... Dis-Fanny
Je repris mes esprits, j'avançais mais mon cœur était resté devant cette porte, cette chambre que j'avais occupée. La chambre de Fanny était la dernière, elle me donna sa clef et on entra. Heureusement pour elle, les autres élèves étaient tous occupés et personne n'avait eu à la voir avec le sweat de Lukas dans les couloirs.

Bizarrement, j'avais presque l'impression que l'idée qu'on la surprenne avec son pull était le but de la manœuvre. Lorsqu'on entra, je ne fus pas tellement surprise, les chambres étaient un peu toutes pareilles, deux, trois ou quatre lits, une armoire par lit et une salle de bain.
- Habilles-toi, dis-je de manière assez sèche
- Je suis désolé, dit-elle en se mettant à pleurer
Je soufflais excédé, pourquoi pleurait-elle encore ? Elle n'avait pas à s'excuser, je n'avais pas à lui en vouloir d'avoir couché avec lui. C'était à lui que j'allais devoir faire la morale, elle n'était qu'une gamine, elle n'avait pas la stabilité morale pour survivre à Lukas.
- Arrête de pleurer tu veux, tu me casses la tête.

L'Académie 2: La Face CachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant