Décadence et espérance

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Des années plus tôt... Dans une ville paisible se trouvait un immeuble, dans cet immeuble se trouvait un appartement, dans cet appartement se trouvait un couple qui admirait le salon spacieux avec des regards pleins d'espoir. La femme s'enfonça dans le couloir pour observer les chambres alors que l'homme s'approchait de la baie vitrée. Il voyait déjà chaque meuble qui allait emplir cet espace vide : une table basse là, et un divan juste là, un cadre photo accroché au mur, juste au-dessus, et la commode victorienne que sa femme voulait tant dans le coin à quelques mètres à peine de là où il se tenait.

Il pouvait déjà voir leur avenir ici.

« Il y a trois chambres, et elles sont toutes parfaites ! » S'exclama sa femme en revenant dans le salon.

L'homme se tourna vers elle avec un sourire radieux et dès qu'elle fut à sa hauteur, il la prit dans ses bras.

« Tout cet appartement est parfait, dit-il.

– Alors on le prend. »

Elle planta un regard pétillant dans les yeux de son mari. Avec tendresse, il cala derrière son oreille l'une des mèches ébènes qui s'échappait du chignon lâche qu'elle avait fait en hâte le matin même, puis l'embrassa brièvement.

« On le prend » confirma-t-il.

La femme se tourna vers la vue qu'offrait la baie vitrée, et posa ses deux mains sur son ventre arrondi.

« Dans quelques semaines, cette appartement ne connaîtra que le bruit et l'agitation.

– On va en baver.

– Pourtant j'ai vraiment hâte, Yves.

– Moi aussi, Jessica. »

*

« Elle a tué son propre père. »

Azalée lâcha Erwan et s'éloigna d'un pas. Elle avait l'impression d'avoir été plongée dans une eau glaciale, qu'elle coulait dans les abysses et qu'elle ne pouvait même pas respirer.

Et Jessica et Meredith qui n'avaient toujours pas remarqué leur présence et qui continuaient de se disputer.

Erwan ne remarqua pas qu'Azalée s'était éloigné, ne souhaitant plus que le silence, la fin de ces découvertes. Souhaitant juste retourner dans cette période d'ignorance totale si apaisante.

« Tué mon propre père...J'ai tué mon propre père...Qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'est-ce qu'elles racontent ? Qu'est-ce qu'il se passe ? »

Erwan entendit les pensées d'Azalée s'insinuer dans sa tête, et sentit le désarroi de sa sœur faire écho au sien. Il tourna la tête, et la vit penchée en avant, la tête entre les mains, perdant le contrôle de ses émotions comme de ses pouvoirs. Il devinait chaque émotions qui la traversait : l'incompréhension, la peur, la colère, l'horreur, la tristesse, le désespoir. Il entendait ses pensées confuses et embrouillées, incapable de démêler ses propres pensées de celles d'Azalée. « Elle fait encore ça pour me blesser cette vieille mégère » « C'est impossible, impossible... » « Des mensonges, ce n'était que des mensonges » « J'en ai assez... ».

Et alors il comprit que les choses ne reviendraient jamais à ce qu'elles étaient.

Lorsqu'il releva la tête, il vit sa mère et sa grand-mère arriver dans l'encadrement du salon, venant tout juste de se rendre compte de leur présence.

« Les enfants... » commença Meredith.

Mais Erwan ne lui laissa pas le temps de terminer. Les explications seraient pour plus tard, il attrapa sa sœur par le poignet et l'entraîna à l'extérieur de la maison.

Le Secret des dragons T2 : La véritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant