10. Problem (2)

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»La réalité est simplement une illusion, quoique très persistante. » – Albert Einstein

Steel

— Bien sure. Où es-tu ?

— Je... je suis près du pont où on avait l'habitude de se voir, tu sais ? Où le...

— Le train passe ? J'arrive dans une vingtaine de minutes.

Aussitôt dit, je dépose un billet sur la table et appelle un taxi. Je ne prends même pas la peine de me couvrir, la pluie ne me fait pas peur. C'est plutôt le feu que j'ai à l'intérieur de moi qui me ronge.

J'indique l'adresse au chauffeur qui me regarde bizarrement à travers le rétroviseur. Il doit se demander pourquoi je me rends à cet endroit seule et en pleine nuit. Au moins, la pluie dissimule mes larmes, c'est déjà ça.

Une demi-heure plus tard, je suis sur le pont et je cherche Aaron. Les doigts tremblants, je rappelle le numéro qui m'a appelé, mais le stress me fait perdre tout mes moyens et mon portable me glisse des mains. Bien sure, ça n'aurait pas été drôle s'il n'était pas tomber du pont pour s'écraser à une vingtaine de mètres.

Sous la pluie battante, j'essaye d'y voir quelque chose, mais aucune voiture ne passe et il fait complètement noir.

— Aaron ? J'hurle en espérant entendre une réponse.

Ça fait des mois que je ne suis pas venue ici. À présent les lieux ne me plaisent plus autant qu'avant, ils me font même peur.

Je m'apprête à tourner les talons quand j'entends un bruit sourd.

— Aaron ?

Plissant les yeux vers les rails du train qui continu son chemin sous le pont, je crois distinguer la forme du corps d'Aaron sous sa capuche grise.

— Ela ! Tu peux descendre ?

Maintenant que je suis sure que c'est lui, je coure vers le bas côté de la rue pour emprunter le sentier qui mène sous le pont. Il n'est plus aussi entretenu qu'avant. Les branches me rapent les bras et les herbes s'accrochent à ma robe.

— Tu es où ? Tu n'as pas un flash ? J'y vois rien.

— Par ici.

Sa voix vient de la droite alors je fais un pas, mais maintenant c'est à gauche que j'entends des bruissements de feuilles.

— Mais t'es où putain ? C'est pas drôle, arrêtes de te cacher.

— Je suis là.

Cette fois, je le vois à quelques mètres sous son pull trempée tout comme moi. Pour m'abriter, je le rejoins sous le pont et réalise qu'il est couvert de sang.

— Putain... qu'est ce qui t'es arrivé ?

Son corps est encore plus maigre que la dernière fois que je l'ai vu. Ses mains sont gonflés et l'un de ses doigts est dans un angle étrange.

Puisque sa tête est encore baissée, je la relève pour affronter ses petits yeux gris.

— C'est ta faute Ela.

Sa voix a changé, ce n'est plus celle d'Aaron, mais de...

Il plante son regard bleu triste dans les miens. Ses sourcils épais sont froncés de colère. Je scrute rapidement ses traits en connaissant parfaitement ce visage tuméfié. Arcade ouverte, nez pété, deux dents en moins, mâchoire déplacée... Sa peau bronzée est couverte de sang.

— Que... je ne comprends pas... tu... tu...

— C'est ta faute, tu le sais, hein ?

Il pointe un doigt menaçant contre mon torse et je recule, terrifiée. Ça ne peut pas être lui. Il n'a jamais été aussi menaçant et méchant. Ce n'est pas son genre d'accuser les autres et de me toucher de cette manière. Mais... comment peut-il être ici, avec moi ?

Fireflies - T1 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant