La Délivrance des Flamants - Tome 4

Chapitre 7 : Toujours face aux démons (Heather) | TW

[TW : Maltraitance familiale, Automutilation, Suicide]

Cole m'avait prévenu qu'il s'absentait pour régler quelques trucs à propos de Lyne. Elle était toujours en liberté, ce qui sous-entendait un potentiel danger pour notre famille.

Durant son absence, j'ignorais quoi faire. Je me sentais soudainement très vide. Je ne savais plus qui j'étais vraiment. Je ne savais même plus quelle partie de moi Cole aimait. M'aimait-il ainsi ou autrement ? Il avait beau dire que tout lui plaisait chez moi, ce n'était qu'un mensonge pour me rassurer. On ne pouvait pas tout aimer chez quelqu'un.

Je fus alors déconcentrée lorsque je vis Clyde entrer dans le bureau de Cole alternant entre une marche debout et à quatre pattes.

— Clyde ! Mais que fais-tu ? demandai-je en le suivant.

Je le pris dans mes bras et m'arrêtai pour observer les alentours. J'étais venue très peu de fois dans ces lieux, mais étant donnée l'obscurité de la pièce, ce n'était pas étonnant. Tous les meubles étaient d'un bois plutôt sombre, les murs recouverts d'une peinture vert foncé et le sol composé d'un parquet tout aussi sombre que les meubles. C'était sûrement la pièce la plus déprimante de sa maison, celle qui représentait son travail. Pourtant, je ne l'avais vu ici que de rares fois... Et durant son absence, je n'y étais même plus venue.

Mon regard se pencha sur son bureau. Il y avait toujours les mêmes papiers éparpillés qu'un an auparavant. Je finis par laisser Clyde pour inspecter son bureau. Pourquoi étais-je soudainement aussi curieuse ?

Puis je me tournai vers cette valise cachée au-dessus d'une étagère. Celle où il avait caché tous ses monstres du passé. Je tentais de l'atteindre, mais en vain. J'étais trop petite. Mon modeste mètre soixante-et-un ne m'aidait pas. Je pris la chaise quelconque, la traînant à côté de l'étagère, puis y montai dessus pour finalement m'emparer de cette mallette. Je descendis de la chaise, tentant de ne pas tomber pour finalement m'installer par terre. Avec quelques appréhensions, je débloquai cette valise avec le code que je connaissais. Je savais que ce n'était pas bien, que je n'aurais pas dû.

Je pris une longue inspiration avant de l'ouvrir. Je plongeai dans son intimité, quelque chose que je ne devais jamais faire, mais je tentais de me rassurer, me disant que je faisais ça pour son bien. Notre bien.

J'ouvris la mallette. Rien n'avait changé depuis la dernière fois. Il y avait toujours les mêmes photos. Je les regardais. Cole était tellement mignon en étant petit. Clyde lui ressemblait tellement. Cole avait vraiment un sourire adorable sur ces photos, même encore aujourd'hui c'était le cas. Il avait les cheveux très courts à cette époque. Voilà une chose qui avait changé.

Il y avait de nombreuses photos. Puis mon attention se porta sur un petit carnet en-dessous de celles-ci. Je ne l'avais pas vu la dernière fois ou il avait évité de me le montrer. Je m'en emparai et tournai rapidement les pages, ce cahier contenait un long texte manuscrit parfois coupé de quelques dates. Je compris alors qu'il s'agissait d'un journal intime, de son journal intime.

Je savais que le lire était mal, mais je faisais ça pour son bien n'est-ce pas ? Je doutais de moi-même. Je finis par ranger la mallette tout en gardant le carnet.

Rapidement, je quittai son bureau. Je ne pouvais pas le lire ici, j'avais peur qu'il me surprenne. Mais ma curiosité prit le dessus, j'ouvris à une page au hasard.

« 15 mai 1995 »

Je fis un rapide calcul. Il devait avoir neuf ans. Je me rappelais qu'il avait dit qu'à cet âge-là tout avait dégénéré. Mon cœur se serra, inquiétée à l'idée de ce que je pourrais y lire.