Chapitre 6

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« Une femme qui aime devient naïve »
Honoré de Balzac
La Duchesse de Langeais

[ Jeudi ]

Une porte claqua me faisant me réveiller en sursaut. Je me fais attaquer ! Un voleur ? Que voulait-il, il n'y a rien de précieux, ici !

- Atchoum, saloperie de pluie !

Quelqu'un avait parlé, une femme mécontente.

Ah, il me semble connaître cette voix. Mon agresseur ne serait pas ma colocataire ?!

Je regardai l'heure, tout en écoutant mon rythme cardiaque se régulariser. 8 heures du matin. Il est tôt ou tard ? Quel jour sommes-nous, déjà ? J'étais complètement déboussolée ce matin.

Comme un zombie, je me levai sans vraiment savoir où j'allais.

- Oups, je t'ai réveillé ?, me dit une souris avec les joues rouges.

Mes yeux à moitié ouverts, j'aperçus Zoé, les cheveux dans tous les sens et à peine maquiller. Elle avait enlevé ses chaussures, et ne marchait pas très droit, remarquais-je, lorsqu'elle voulut poser son sac sur le porte manteau.

Hein, une souris ? Ah oui, Zoé.

- Qu'est-ce que tu fais là ?, lui demandais-je grognon en passant ma main dans mes cheveux emmêlés.

- Ah la tête, terrible !

- Merci, répondis-je sans réfléchir.

- Quoi que je ne peux pas me moquer vu dans l'état dans lequel je suis.

Je marmonnai des paroles dont moi-même je ne compris strictement rien.

- Je vais prendre une douche, et après je vais directos au lit. Je suis fatiguée la soirée de Tinou m'a liquidé.

Comment faisait-elle pour parler autant le matin ? Et en plus après une soirée ? Je lui fis un signe d'au revoir de la main.

- Moi. Café. Maintenant.

Avant que je ne décroche complètement de la réalité, je remarquais qu'elle éternuait souvent, et que ses joues ainsi que son nez étaient rouges. Couvrait-elle quelque chose ? D'un haussement d'épaules, je décidai d'y repenser plus tard. Il était l'heure de ma pose déjeuner, bien méritée. Oui, oui, je m'attribuai des récompenses sans réels motifs, mais c'est logique : je dois supporter Zoé tous les jours.

***

Je rentrai silencieusement dans la chambre de ma colocataire. A pas de loup, j'approchai doucement de son lit. Je voulais avoir un effet de surprise, et j'étais quasiment sûre que j'allais y parvenir, vu les ronflements que Zoé faisait. Elle était allongée sur le ventre en diagonale, en pyjamas et ses cheveux encore humides de sa douche récente cachaient son visage. J'essayai tant bien que mal de grimper sur son lit sans la faire bouger ou bien de faire du bruit. J'étais plutôt fière de moi jusqu'ici j'avais été une vraie espionne qui ne se faisait pas du tout repérer ! Je mis à genoux, levai les bras et ... :

- BOUM ! BAM ! BRINGGGG !

Le résultat fut cent fois mieux par rapport à ce que j'avais imaginé. La réaction de ma meilleure amie fut hilarante, à tel point que je me retrouvai écroulée de rire par terre. Oui, oui, j'avais fait, je ne sais comment une roulade, digne d'un cascadeur professionnel, et atterris fesses en première. Heureusement que j'avais des amortisseurs à l'arrière ! Ainsi le choc ne fit même pas douloureux. Zoé avait rampé jusqu'à moi, et j'ai du lever la tête, grand sourire scotché au visage pour la regarder. Elle était furieuse, à ne pas en douter. Vu que ses traits se tordaient d'une grimace menaçante. Son courroux allait être terrible. Aïe ! Si je n'avais pas des crampes à l'estomac à force de rire, j'aurai surement pensé à détaler vite fait bien fait de cette chambre, sauf que ... En repensant à la tête de la jeune fille en colère qui se tenait au dessus de moi, une nouvelle vague de rire me reprit.

La nuit de DécembreWhere stories live. Discover now