Je n'avais aucune utilité à crier. C'était inutile, rien n'allait changer. Tout était condamné. Puis, je n'avais pas la volonté nécessaire. Je ne voulais rien, en fait. Je n'avais besoin d'absolument rien.

Pourtant, je devais ressentir quelque chose au fond de moi. Je savais que je le devais. Je devais me prouver que j'étais encore vivante, que j'étais là, que je vivais dans ce présent.

Je n'avais pas peur de marcher seule, sous cette cascade de flocons blancs. Je n'étais certainement pas préoccupée par le fait de tomber malade. Je l'étais déjà. Contaminée par le plus dangereux des virus selon-moi. Il m'aura tué, d'ailleurs. J'aurai beau vouloir avancer un tant soit peu, chaque pas me rappellera que je ne suis personne.

Quel est le but ? Quel est véritablement mon objectif à atteindre ? Je ne sais pas si j'en avais vraiment un.

Pour dire la vérité, Je m'en fichais. Complètement. Je ne savais pas qui j'étais. Je n'étais pas devenue qui je voulais, non plus. J'avais tout raté mais cela m'importait peu. J'avais eu ma chance, j'avais été le seul et unique maître de mon destin et je n'avais pas su mesurer l'opportunité qui s'était présentée à moi.

Tant pis.

Je le méritais, tout ce qui m'était arrivé. Ma punition, je l'accueillais. C'était la seule chose à laquelle je pouvais être heureuse d'avoir puisque j'avais tout égaré derrière moi. En fermant les yeux, j'avais laissé l'ennemi m'achever. Bien fait !

En un instant, tous mes souvenirs me revinrent en un flash violent. Je ne voulais pas me rappeler. C'était trop dur. Pourtant, sans faire attention à mon souhait, ils m'agressèrent et je me retrouvai obliger de revenir dans mon passé. Là où tout avait commencé, trois ans auparavant. J'avais 22 ans, j'étais jeune et j'avais tout pour être heureuse. Pourtant déjà à cette époque mes démons hantaient mon quotidien. Je vis tout mon passé resurgir à travers mes yeux gris impuissants.

Flash-Back :

[Samedi]

« Ne me regarde pas comme ça !

- Aller, je t'en prie, après tout dans trois semaines c'est Noël et...

- Et justement, ce jour-là, tu m'auras déjà acheté des tas de cadeaux à des prix scandaleux ! coupai-je Zoé.

Elle pouvait être très têtue et démoniaque quand elle le voulait. Surtout quand il s'agissait de faire plaisir.

- Oh mais tu sais que j'adore t'offrir des trucs. Allez, s'il te plaît ! Me supplia-t-elle avec une moue de petit chaton à qui on a fatalement envie de tout lui accorder.

Oh, Oh !

Quand elle me faisait cette moue-là. Arff ! Sa lèvre inférieure tremblait légèrement. Ses yeux se faisaient suppliants et ils commencèrent à s'humidifier même si je savais qu'elle jouait la comédie, elle le faisait tellement bien que je ne pouvais résister à cette bouille. Elle le savait très bien et elle en profitait trop abusivement !

- C'est injuste ! Et tu le sais ! Je déteste qu'on dépense de l'argent pour moi, protestai-je tant bien que mal, la partie était déjà perdue d'avance.

- Mais si vraiment tu y tiens, tu pourras me rembourser en je ne sais pas, moi ! En payant le loyer, le mois prochain, proposa-t-elle avec un énorme sourire.

Comment résister ? J'étais totalement sous le charme, prisonnière de son petit jeu de manipulation.

Puis, le loyer à la fin du mois, c'était toujours moi qui le payais. On avait passé un pacte au tout début de notre emménagement, puisque j'avais déjà un appartement, trop grand pour moi et que mon amie cherchait un toit, chacune se partageait les factures. À vrai dire, c'était une sorte de cadeau de mes parents. Je leur avais laissé le loisir de choisir là où j'habiterai lorsque je couperai définitivement le cordon parental. Alors, je logeais dans un nid douillet, avec trois chambres assez spacieuses dont deux inutiles, une cuisine américaine avec un bar, une salle de bain gigantesque et des toilettes au fond du couloir. Quand j'avais proposé à Zoé de visiter l'appartement pour voir si elle s'y plairait, elle a eu comme un coup de foudre. Et pour cause, cela la changeait radicalement puisqu'elle avait un peu de mal à continuer de loger dans une chambre d'étudiante. Elle avait besoin de son espace pour tous ses vêtements. Bref, je payais le loyer et les courses parce que je faisais la cuisine. Zoé n'avait pas hérité de ce talent, hélas. C'était une calamité aux fourneaux. Mais c'était toutefois attendrissant quand elle essayait de me faire plaisir en nous préparant le dîner, souvent ça se terminait brûlé ou immangeable. J'ai bien tenté de lui apprendre l'art de manier un couteau et une tomate mais rien à faire. La cuisine et elle, faisaient dressing à part comme elle aimait si bien le dire.

La nuit de DécembreWhere stories live. Discover now