Karma [FR]

Dans la vie de Benjamin D. Arnold

- Ben !

- Je dors Rosa !

- C'était juste pour t'avertir que ce soir je ne serais pas à la maison. Une fête aura lieu sur une péniche loué pour le départ d'un collègue.

- Bien... Attends ce soir on ne devait pas dîner ?

- Désolé on verra ça plus tard. Là j'ai une journée pleine qui m'attends. Bye Ben !

- Hmm...

À ces mots je me suis finalement levé vexé, me coupant toute envie de dormir... À croire que ma petite amie est la seule à travailler et que je vivrais à ses crochets alors que je travaille tout aussi dur pourquoi ? Passer mes soirées seul comme un pauvre célibataire.

Je me suis glissé sous la douche, laissant les jets d'eau m'arroser en espérant que ma colère naissante s'estompe mais rien à faire la chaleur ne faisait qu'amplifier ma frustration dû à un manque de contact physique.

Cela fait déjà plus de 6 mois que Rosario et moi n'avons plus eu de sexe, de relation de couple, de moments de bonheur et de partage... seulement une cohabitation entre deux connaissances voilà la nouvelle nature de notre relation de plus de 5 ans.

Une fois habillé je ne faisais que passer par un café situé dans le quartier de Villiers, le "Café Quartier Général" où je prenais place à la deuxième table dos à la porte d'entrée, vérifiant mon emploi du temps sur mon portable en attendant l'arrivée du serveur.

- Bonjour Benjamin que désirez-vous aujourd'hui ?

- Un cappuccino et deux madeleines.

- Toujours deux sucres et un jus de fruit ?

- Comme d'habitude. Merci.

- À vous voir comme ça je me demande ce qui vous turlupine mon petit.

- Histoire de couple. Vous savez comment sont les femmes.

- À qui le dites-vous. Trente-cinq ans de mariage et elle se plaint toujours lorsque j'oublie un anniversaire.

- Contrairement à Rosa votre femme est un amour.

- Elle veut sûrement attirer votre attention.

- En me privant de sexe et de vie de couple depuis 6 mois ?

- Soit elle vous en veut soit elle arrose l'herbe de quelqu'un d'autre.

- ...

Ces mots bien que réalistes me font prendre conscience que nous ne sommes plus sur la même longueur d'onde qu'a nos débuts et même si je savais que tout ne serait pas rose tous les jours je pensais éviter la routine.

**

Au bureau l'ambiance est tout autre, tout le monde est surrexcité à l'idée de savoir où notre équipe va passer son week-end avec nos nouveaux clients anglais qui ont succombé au charme de nos cosmétiques de luxe.

- Alors Ben tu penses que le DG va nous envoyer dans les bas fonds de l'Angleterre où près du Buckingham Palace ?

- Roy je n'en ai pas la moindre idée mais vivement le départ.

- Arnold, Johnson, Hernandez, Thomas et Smith vous irez à Londres pour la semaine et non le week-end. Choix final dû au nombre en hausse des clients.

- Génial ! Ben on va cartonner avec notre French touch.

- J'espère bien Roy. En attendant j'ai de la paperasse qui siège sur mon bureau et je n'ai pas envie de me prendre la tête avec le DG.

- C'est vrai que le travail n'attend pas mais relax. D'ici la fin de la semaine on sera dans un pub anglais à déguster des fish and chips le contrat en poche. Et comme ça tu ramèneras des cadeaux à ta Rose.

- ... Sûrement. Bon j'y vais. On se voit à la pause.

Je me suis empressé de retourner voir comment était l'état de mon bureau car depuis vendredi soir je n'y ai plus remis les pieds et à en croire le visage fermé de l'assistante du DG je pense qu'une avalanche de feuilles sont impatientes de me tomber dessus.

Vu à quel point ne plus être dorloté par ma supposée petite amie devenait pesant, je n'avais absolument pas envie de me faire tirer les bretelles car je risquerai de précipiter la fin de ma carrière qui est en croissance constante pour le moment.

Toute cette journée de lundi a été, tout comme le reste de la semaine interminable, un bras de fer entre la pression au travail et le manque d'attention à la maison qui n'a guère dérangée Rosario qui sort presque tous les soirs pour le travail.

- Tu sors encore ce soir ?

- Oui je vais chez une amie pour une soirée entre filles vu que cela fait longtemps qu'on ne s'est pas vu.

- Ce soir on devait dîner, passer une soirée tout ce qu'il a de plus romantique et pourtant tu passe ta vie dehors. Si ton amant est celui qui te fait sortir...

- Tu es mon amant et non après le travail j'ai besoin de voir ailleurs. J'ai juste des amis avec qui j'aime parler travail, mode et cuisine. Ce que je ne peux faire avec toi.

- Me l'as-tu déjà demandé au moins ?

- Dès que je prononce à peine le mot "recette", "robe" ou "reportage" tu souffles d'exaspération.

- Tout simplement parce-qu'il est toujours question de toi. Rosa cuisine, aime la mode, le travail et je passe même après tes collègues. Si tu voulais juste un colocataire fallait me le dire.

- Avec toi il n'y a que le sexe et tes bilans qui montrent ta réussite et rien de plus.

- Pour qui me prends-tu ? Je veux être avec une personne avec qui je peux discuter, qui s'intéresse un peu à ce que je fais et oui à certaines occasions si besoin est, passer des nuits torrides avec.

- Ma vie professionnelle commence à décoller et c'est maintenant que tu me joues une scène ? Tu es supposé me soutenir Ben.

- Je ne te sers qu'à ça ? Te soutenir financièrement, moralement ? Alors que tout comme toi, je m'acharne au travail et même avec tout mes engagements je tente de caser des moments en couple, juste pour nous.

- Ça va on dînera en amoureux la semaine prochaine.

- Je serais en déplacement en Angleterre et pour le moment on nous a informer que cela ne durerait qu'une semaine.

- ... Dans ce cas, la semaine d'après en espérant que tu ne te désiste pas.

- N'inverse pas les rôles. Fais comme bon te semble... Après tout, ce soir je dîne seul aux chandelles, non ?

- Benjamin que tu peux être puéril quand tu t'y mets. Ta mère avait raison de te le dire aussi.

- Bonne soirée. Mon dîner va bientôt arriver.

Sur cette réplique, ma petite amie si attentionnée envers ma personne s'en est allée profiter d'une soirée entourée de la gente féminine parisienne célibataire en quête de mâle et de potin en tout genre.