Chapitre 15 : Eux et le reste du monde (partie 3)

Depuis le début
                                    

- Ne dis pas ça, souffla Linaëlle au bord des larmes. Tu es ma mère et je t'aime, personne ne nous enlèvera cela ! Tu ne peux pas avoir peur de... tu n'es pas...

- Je ne suis pas parfaite, Lin. Moi aussi j'ai peur, il n'y a que les fous qui ne craignent rien et encore ...

- Je ne sais pas si ... hésita la jeune femme.

- Si ? la relança Elmira.

- Si je serais un jour aussi courageuse que toi... termina-t-elle en laissant enfin couler ses larmes

- Oh trésor, viens là, lui murmura sa mère en l'enlaçant doucement.

Linaëlle cacha son visage dans le cou de celle qui l'avait protégée depuis le jour de leur rencontre. Elle se laissa bercer comme une petite fille, laissant le parfum familier de sa mère chasser ses craintes.

- Tu es bien plus courageuse que n'importe quelle personne de ton âge. Tu as déjà affronté tellement de choses dans ta vie ... murmura sa mère à son oreille. Et si il nous faut un jour affronter ta famille elmakaise, nous le ferons ensemble, comme nous l'avons toujours fait. D'accord ?

Linaëlle se détacha légèrement de sa mère pour hocher la tête. Celle-ci lui adressa un sourire plein d'amour et essuya des pouces les larmes qui coulaient sur les joues de la jeune fille. Passant un bras autour de sa taille, elle l'entraina dans les couloirs du palais, jusqu'à la grande galerie où se trouvaient des portraits de la famille royale de Malatir.

Sans un mot elles contemplèrent dans la demi-pénombre le plus récent de tous. On y voyait Elmira et Malvius, plus jeunes, assis sur un divan bleu et se tenant par la main. Debout derrière eux, Xavier et Sollia regardaient le spectateur d'un air espiègle. Cassildey était assis sur un repose-pied devant ses parents et Énora et Linaëlle sur leurs genoux.

En revoyant ce tableau, Linaëlle sourit. Elle se souvenait parfaitement des heures de pose interminables nécessaires à la réalisation de l'oeuvre. Xavier se plaignait toutes les dix minutes et chaque séance avait pour lui des allures de punition. Mais le Roi Althis en avait passé commande auprès du plus célèbre artiste du moment. Et tout le monde avait obéit sagement au patriarche de la famille.

- Qu'est ce que tu vois ? lui demanda soudain sa mère.

- Des sourires, répondit Linaëlle. Ils ont l'air tellement heureux.

- Parce que nous ne le sommes pas ?

- Si, bien sûr ! Ce n'est pas ce que je voulais dire ... marmonna-t-elle

- Tu sais ce que je vois, moi ?

Linaëlle hocha la tête négativement.

- Je vois une famille. Heureuse et unie. Sans qu'aucun de ses membres ne paraisse moins à sa place que les autres. Même si elle ne leur ressemble pas.

Elmira détourna les yeux du tableau et planta ses yeux d'acier dans ceux de sa fille.

- Tu n'es pas seule, Linaëlle, affirma-t-elle. Tu es entourée de gens qui t'aiment et te protègent chacun à leur manière. Tu le sais n'est ce pas ?

- Oui, maman.

- Alors ne te renferme pas sur toi même comme tu l'a fait tout à l'heure. Parler de ce genre de problème ne peut que faire du bien. Et même si tu ne veux pas en parler devant Énora ou Cassildey, tu sais que ton père et moi sommes là, toujours, même si on ne peut pas passer autant de temps que l'on voudrait avec vous.

- Mo téa liémin, Madu, chuchota la jeune Princesse.

- Moi aussi je t'aime, trésor.

Les Chroniques de l'Immortel, tome 1 : LinaëlleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant