Chapitre 8 : Du sang et des cendres (partie 1)

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À son deuxième réveil, Linaëlle sentit de nouveau une migraine infernale battre ses tempes. Elle laissa échapper un gémissement plaintif et entendit quelqu'un s'agiter. Presque aussitôt un poids pesa à côté d'elle sur le lit et deux mains vinrent se poser sur ses tempes, soulageant grandement sa tête. Elle ouvrit les yeux sur le visage souriant d'Emily.

- Salut, blondinette, murmura la guérisseuse.

- Salut, lui répondit-elle doucement.

- Tu t'améliores, tu n'as dormi que dix-huit heures d'affilée ce coup-ci, rigola Emily.

L'enfant fronça le nez pour marquer son mécontentement mais ne put s'empêcher de répondre au sourire que lui adressa la jeune femme. Malgré tout, elle devinait la tristesse qui se cachait derrière ce sourire. Elles restèrent silencieuses tant que dura le traitement puis la jeune femme se releva pour lui apporter son plateau repas et son infâme remède verdâtre. Linaëlle soupira mais avala le contenu du verre sans protester. Elle finissait de manger sous l'œil vigilant d'Emily quand la porte s'ouvrit pour laisser passer une Sollia surexcitée.

- Tu es enfin réveillée ! s'écria celle-ci en sautant au cou de sa cadette sans aucun respect ni pour le plateau, qui ne dut sa survie qu'à l'intervention d'Emily, ni pour la tête de Linaëlle qui tomba à la renverse dans le lit.

- Sollia, arrête, tu m'étouffes, râla la convalescente.

- Oh pardon, désolé, fit la fillette en l'aidant à se redresser et en s'asseyant à côté d'elle. Mais je suis trop contente que tu sois réveillée, ajouta-t-elle en se trémoussant sur le lit.

Linaëlle ne put s'empêcher de sourire devant la joie de Sollia et laissa celle-ci la câliner pendant qu'Emily les observait d'un regard attendri.

- Bon, puisque tu es en bonne compagnie, je vais en profiter pour ramener ça à la cuisine et aller faire une course en ville. Je n'en ai pas pour longtemps, dit-elle en se levant.

Elle s'avança vers la porte mais se retourna au moment de partir.

- Pas de magie et pas de mouvements brusques, compris ?

- Ne t'inquiète pas, je la surveille, lui répondit Sollia.

- C'est bien ce qui m'inquiète, fit la jeune femme en franchissant la porte, ce qui provoqua un gloussement de la part de Sollia.

A peine la jeune femme partie, Linaëlle s'allongea en posant la tête sur les genoux de Sollia. La jeune princesse de Malatir lui adressa un nouveau sourire.

- Comment tu vas ? l'interrogea-t-elle.

- Mieux maintenant que j'ai bu le truc vert d'Emily. C'est pas bon mais ça à l'air efficace.

- Maman et Papa vont venir te voir, je les sens arriver, murmura l'ainée.

- Hmmm... Et Xavier, il est où ?

- Il est à sa leçon d'escrime. Moi je n'ai pas encore le droit d'en faire, Papa dit que je suis trop jeune, soupira Sollia. C'est trop nul, j'ai juste un ans de moins que lui ! En plus il arrête pas de m'embêter avec ça...

- Je pense qu'il se venge de toutes les fois où tu le bats au Keshet, dit Linaëlle.

- Pfff, tu crois ?

La jeune Elmakaise hocha la tête affirmativement. La porte s'ouvrit alors sur le couple princier en habits d'apparat. Linaëlle se redressa et marqua son étonnement. C'était la première fois qu'elle voyait Elmira en robe. Et quelle robe ! Elle portait une longue robe bleue marine en soie qui lui tombait jusqu'aux pieds et serrée à la taille. Le col, les manches et le bas de la robe étaient brodés de fils d'or et un dragon, doré également, s'enroulait sur son bras gauche. Ses longs cheveux noirs étaient détachés et cascadaient librement dans son dos, simplement retenus par un cercle d'or. Ses beaux yeux gris regardaient les fillettes avec affection et un sourire se dessina sur ses lèvres quand elle constata la surprise de Linaëlle.

- C'est vrai que tu ne m'as jamais vue habillée en vrai princesse, dit-elle en souriant. Il faut dire que j'en ai rarement l'occasion.

- Tu en as surtout rarement envie, ironise son époux en s'asseyant dans le fauteuil proche du lit.

Lui aussi était en habit de cour. Chemise blanche en soie, Pantalon vert émeraude et veste assortie. De la même façon, des broderies dorée courraient sur les bordures de sa veste et un dragon identique à celui d'Elmira se dessinait sur son bras droit. Il avait également un cercle d'or sur ses cheveux roux et son regard bleu pétillait de malice comme il lançait sa plaisanterie. Sa femme se contenta de hausser les épaules sans relever sa remarque. Elle s'approcha du lit et se glisse entra les deux fillettes. Linaëlle se blottit aussitôt dans ses bras et Sollia posa sa tête contre son épaule.

- Ça va trésor ? demanda-t-elle à Linaëlle.

Celle-ci hocha la tête affirmativement. Elle observait Malvius. Elle avait rarement eu l'occasion de le voir, et toujours à travers un trou d'observation des passages secrets. Le prince héritier l'observait également. Il semblait chercher ses mots.

- Bonjour Linaëlle, finit-il par dire.

- Bonjour ... Votre Altesse, lui répondit-elle en hésitant.

- Oh tu peux m'appeler Malvius et me tutoyer. Il n'est pas besoin de s'embarrasser de tant de formalité en privé, lui dit-il en souriant.

- D'accord, fit-elle.

Un silence apaisé s'installa. Linaëlle profitait de la présence rassurante d'Elmira. Les yeux fermés, elle se laissait cajoler. Au bout d'un moment, Malvius se racla la gorge et dit à sa femme :

- Mon père demande si il peut la voir.

Linaëlle se raidit dès la fin de sa phrase. Elle n'avait aucune envie de voir le Roi. Au même moment, elle sentit Elmira resserrer son étreinte sur elle.

- Qu'est ce qu'il lui veut ?, demanda la femme d'un ton menaçant.

- Rien du tout, je t'assure. Je pense qu'il veut lui expliquer lui-même ce qu'il s'est passé.

- Je n'en suis pas aussi sûre que toi, rétorqua sa femme.

- Il ne lui fera pas de mal, je te jure, Tikchia.

- Où est-il ?

- Dans le couloir, il arrive.

Elmira soupira.

- Très bien mais je reste avec elle, je ne la laisserai pas toute seule avec lui.

Se fut au tour de Malvius de soupirer. Cependant, il ne protesta pas. Sollia posa un baiser sur le front de Linaëlle.

- A tout à l'heure, lui chuchota-elle.

Linaëlle lui adressa un sourire forcé auquel elle répondit par un autre baiser sur le nez. Puis elle se leva et emboita le pas à son père qui se dirigeait déjà vers la porte. Ils sortirent tous les deux et laissèrent la porte entrouverte. Toujours installée sur les genoux d'Elmira, Linaëlle enfouit son visage dans son cou. Elle était tétanisée par l'angoisse. Elmira lui caressa doucement le dos pour la réconforter et lui murmura à l'oreille :

- Ne t'inquiète pas, je suis là, tu n'as rien à craindre.




Voilà le chapitre 8 !
J'ai remis la carte du monde terminée, allez y jetez un oeil et dites-moi ce que vous en pensez !

Édit : coupé en deux le 12/10/17

Les Chroniques de l'Immortel, tome 1 : LinaëlleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant