Toutes ces personnes qui, même quand elle était petite, la laissaient jouer seule, loin des autres enfants, ces personnes qui l'avaient toujours rabaissée et qui ne l'avaient jamais acceptée comme elle était. Elle avait l'impression que la présence de cette femme effaçait toute la douleur qu'elle ressentait. Elle se sentait si bien que ses perspectives en changeaient. Le mal que lui faisaient les gens était souvent involontaire, les gens avaient tendance à dire tout ce qui leur passait par la tête sans réellement avoir conscience du mal qu'ils faisaient, du mal que ça pouvait faire d'être jugé en raison de sa différence. Axa le savait, chaque parcelle de son cœur saignait sous le poids de tout ce mal, mais ses douleurs semblaient en cet instant disparaître.

Un seul mot put sortir de sa bouche, mais qui eut plutôt l'air d'une question.

— Maman ?

Des larmes inondaient le visage de la femme qui la prit dans ses bras et la serra fortement, comme si c'était la dernière fois. La chaleur qu'elle dégageait, son parfum, sa tendresse faisaient du bien à Axa qui ne put retenir les larmes qui s'échappaient de ses yeux. Elle voulut figer cet instant dans le temps, ne plus se réveiller si ce n'était qu'un rêve. Elles se détachèrent ensuite l'une de l'autre et Axa recouvra un peu plus ses esprits. Elle voulait à présent y voir plus clair.

— Je sais que plusieurs questions te brûlent les lèvres, prononça doucement la femme en face d'elle, sa mère.

Elle lui tendit la main et Axa la suivit. Elles s'installèrent sous un arbre. Les premiers instants furent silencieux. Elles restaient là, à se contempler l'une et l'autre, enveloppées par le murmure de la forêt.

— En réalité, je ne suis plus vivante.

Axa dévisagea sa mère, à la voix si tendre, si douce.

— Que veux-tu dire ? bredouilla Axa.

— C'est une très longue histoire et nous n'avons pas assez de temps. Sache juste que je t'aime plus que tout. Je serai toujours avec toi ma puce. Toujours, déclara-t-elle, la voix tremblante.

Axa ne savait plus quoi dire. Son cerveau semblait se brouiller face à ce nouveau mystère qui se présentait à elle.

— Tu es... chuchota Axa en tendant sa main vers le visage de la femme près d'elle.

Le contact ne ressemblait en rien à celui qu'on aurait avec un fantôme, se disait-elle, même si elle n'en avait jamais touché un. Sa mère dégageait la même chaleur que tout humain.

— Oui et non, mais surtout oui, bafouilla Julia.

Axa fronça les sourcils et soupira. Elle était fatiguée de tous ces mystères entourant sa vie, de toutes ces choses qu'elle n'arrivait pas à comprendre.

— Tu n'es pas réelle ?

— Je le suis, chérie, juste que je ne suis plus vraiment... vivante, répéta-t-elle.

— Il est temps de rentrer, glami, annonça enfin la créature qui s'était jusque-là montrée invisible.

La mère d'Axa se contenta de caresser tendrement le visage de sa fille avec un sourire fier et plein d'amour.

— Peu importe ce que disent les gens, sache que tu n'es pas ce que tu es, tu es ce que tu décides d'être. Et moi je te le dis, tu es une princesse, une reine, un cadeau de l'univers et je veux que tu y croies. Je t'aime, chérie, et joyeux anniversaire.

Axa serra les dents pour ne pas éclater en sanglots.

— Merci, murmura-t-elle simplement.

Il lui suffit de cligner des yeux pour se retrouver dans cette pièce qu'elle trouvait sans vie et qui contenait son lit. Elle se passa une main dans les cheveux, un petit sourire accroché au visage. Il faisait déjà jour et elle voulait pleinement profiter de son anniversaire. Elle se leva doucement de son lit, se nettoya le visage et se dirigea vers la cuisine.

La planète aux yeux vertsWhere stories live. Discover now