Epilogue

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Le bonheur est un mythe, mais aussi une réalité. Il est un mythe lorsqu'il paraît lointain et inatteignable, mais dès que l'on traverse le désespoir, la douleur ou simplement le malheur, on découvre le bonheur, dans toute sa beauté et sa splendeur. Il titille nos sens et nous transporte dans un nouvel univers plein d'espoir et de rêves. Et c'était peut-être ce que ressentaient les peuples à cet instant-là. Ils avaient été libérés des cages où ils avaient été enfermés comme des animaux, redécouvrant ce puissant sentiment de liberté dont ils avaient été privés. Lorsque Nerdy, Célesta, Hongust et Brad s'étaient chargés de les libérer, ils avaient d'abord semblé hésitants puis étaient sortis. Une forte joie noyait leur visage et leur cœur. Ils s'étaient éparpillés pour respirer l'air frais, l'air de la paix et du calme.

Pendant ce moment, Luz et Paul Jones se trouvaient encore près de Cody. Ils l'observaient comme si plus jamais ils ne reverraient son visage ou ne s'en souviendraient et qu'ils avaient besoin de capturer son image, au risque de la perdre.

— Je suis désolée, s'excusa Luz auprès de Paul Jones.

Il ne voulut pas lui demander de quoi elle s'excusait parce qu'il savait bien qu'elle le faisait parce qu'elle n'avait pas pu protéger Cody. Au contraire, il s'était sacrifié pour elle.

— Merci d'avoir aimé mon fils et de lui avoir montré qu'il méritait l'amour, souffla Paul Jones.

Luz le regarda, surprise, s'attendant à ce qu'il lui en veuille. Elle lui sourit faiblement. Elle n'avait pas envie de sourire, mais sentait qu'elle devait le faire pour apporter un peu de chaleur dans le cœur de Paul qui venait de perdre le fils qu'il avait à peine retrouvé.

— Il m'avait dit qu'il ne voulait pas participer à cette guerre, qu'il avait un mauvais pressentiment, confessa Luz en sentant de nouveau le remords monter à la surface.

— Tu n'es pas coupable.

Luz lui sourit de nouveau.

— Je ne l'ai pas aimé. Je l'aime, souffla-t-elle finalement en caressant la joue froide et livide de Cody.

*

Il faisait jour, Nelca avait repris vie. Tous les peuples, humains et nelcaliens, formaient une immense foule. Ils regardaient tous vers le lieu où se trouvaient Luz, Célesta, Paul, Nerdy et Fiona. Brad était devant la foule, la main dans celle de Lohita qu'il serrait fermement pour ne pas pleurer. Il avait perdu son frère, son ami, son confident. Hongust était à leurs côtés, une expression triste sur le visage. Cody avait aussi été un pilier dans sa vie, il lui avait donné du réconfort quand il était seul, il avait cru en lui, et le voir allongé sans vie le peinait énormément. Tous les morts avaient été déposés sur des voiles blancs étalés sur le sol. La zone était constituée d'une montée — une large et basse colline — permettant au peuple de voir ce qui se passait. Cody était au premier rang, aux pieds de Luz qui ne pouvait s'empêcher d'admirer son visage. Il était torse nu, avait le teint livide et ses traits étaient paisibles. Luz portait une longue robe blanche aux longues manches, ornée de fils dorés, ses cheveux attachés en chignon étaient surmontés de sa couronne. Elle avait une expression neutre, puisqu'elle ne ressentait plus grand-chose. À sa gauche se trouvait Paul Jones, le regard braqué sur son fils et à sa droite se tenait Célesta. Fiona se mit à marcher vers l'autre côté de la petite colline, sans un mot, comme si elle voulait partir en douce. C'est à ce moment que Célesta tourna son regard vers elle.

— Tu nous laisses ? demanda-t-elle, une touche de regret planant dans sa voix.

Fiona se retourna et haussa doucement les épaules.

— Oui, j'ai eu mes pouvoirs et Peter Jones a été neutralisé alors je pars, répondit-elle d'un ton neutre.

— Reste, souffla Luz en tournant sa tête vers elle.

La planète aux yeux vertsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant