Punaise !

Il ne manquait plus que ça ! Je panique en voyant la silhouette ronde d'Alya s'éloigner dans la foulée. Il ne faut pas que je la perde de vue ! Je tire avec force sur ma valise.

Une fois.

Deux fois.

La troisième fois, c'est la fois de trop.

J'entends quelque chose éclater, comme un objet métallique qui se brise et la seconde suivante, je me retrouve sur les fesses, tout le contenu de ma valise éparpillé au sol. Les gens contournent mes vêtements et tracent leur chemin sans m'adresser un seul coup d'œil.

C'est nouveau pour moi ici. Je ne sais pas si je dois me sentir brusquée par le manque de solidarité ou à contrario, être heureuse qu'on ne me prête pas d'attention. D'un côté, cela m'évite l'humiliation d'être moquée, mais d'un autre côté, je pourrais me faire kidnapper ou pire, violer, qu'ils n'en auraient rien à faire.

C'est un véritable dilemme.

Quoi qu'il en soit, je me précipite sur le peu de vêtements que j'ai emmené avec moi avant qu'un malheureux ne me les piétine et les roule nonchalamment en boule dans la valise. Ce n'est pas mon genre d'être désorganisée et gauche. Je replierai mes vêtements une fois arrivée à destination. Je ferme ma valise et pousse un soupir en me relevant.

— Tu n'es pas d'ici.

Je sursaute brusquement en faisant volte-face. Une main sur mon organe vital en tachycardie, j'examine l'homme qui se dresse devant moi. Il est tellement grand qu'il obstrue le passage.

— Pardon ?! M'exclamé-je.

— C'est la première fois que tu poses les pieds à Las Vegas. Je me trompe ?

Je fronce les sourcils en le détaillant. Lui, c'est exactement le genre de mec que ma mère qualifierait de « voyou ». Autrement dit, « le type à éviter à tout prix ». Il remplit tous les critères de la liste :

1) Piercing à l'arcade.

2) Yeux rouges.

3) Blouson en cuir.

4) Aborde facilement les passantes.

5) Et enfin, je suis prête à parier que si je plonge les mains dans ses poches, j'y trouverai un sachet de poudre blanche...

Si Abigaelle était avec moi, elle n'aurait pas hésité un seul instant à abandonner la valise en plein milieu du passage et à me traîner de force à l'autre bout de l'aéroport juste pour que je n'ai pas à côtoyer cet individu qu'elle aurait classifié dans la case « voyou infréquentable ». Oui, ma mère adore étiqueter les gens. C'est un de ses passe-temps favoris. Je n'ai d'ailleurs jamais vraiment compris pourquoi, ni l'intérêt de ce petit jeu... En revanche, ce que je peux vous dire, c'est qu'elle est très fermée d'esprit. Ça, c'est à cause des nones qui l'ont élevée. Grandir avec des religieuses, ça n'aide pas vraiment dans la vie.

Mais je ne suis pas ma mère. Je ne m'enfuirai pas en courant à cause des aprioris et jugements infondés que je peux avoir sur certaines personnes. Du moins, c'est ce que j'essaye de faire, pour me détacher de certains aspects de l'éducation de ma mère.

Je lui adresse un sourire goguenard et me laisse prendre à son petit jeu :

— Ça vous amuse d'analyser les gens pour les cerner. Je me trompe ?

Il réplique du tac au tac :

— Tu n'as pas oublié quelque chose, rouquine ?

Je suis obligée de lever les yeux pour apercevoir un visage enfantin au rictus malicieux tenant un de mes sous-vêtements en main.

RÉPUTATION (TOMES 1&2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant