Chapitre LVII
Lettre de Cassiopée à son grand-père,
remise à Erwan
Le 06/12/16
Tu verrais son regard, Papi. Il a les yeux des grands hommes. Ceux qui constatent le monde morne avec intelligence, qui décryptent la terre de loin. Il a les yeux du ciel la nuit. Il a le sourire de ceux qui ont connu l'orage. Il a la bonté d'un cœur blessé, et la tendresse d'une pluie de juillet. Il a les doigts doux comme les plumes de l'aigle, et la détermination de la lionne qui chasse.
Il a l'amour de Pyrame, Roméo, Tristan, Cyrano, dans ses yeux, sur sa peau, dans ses gestes et sur ses pas. Il m'apprend des chansons que je ne connaissais pas et des mélodies que je ne saurais chanter.
Je n'aurais jamais cru pouvoir me sentir aimée ainsi. Pouvoir me sentir ainsi vivante. Il me fait revivre. Je renais de ses souffles et je respires de ses sens. C'est ça, l'amour, Papi ? C'est ça que tu ressentais pour Mamie, que Papa ressent pour Maman, que le monde, depuis l'aube des temps, transmet comme seul constant héritage à ses enfants ?
Si c'est le cas, je n'aurais jamais pensé avoir la chance de le vivre. C'est un peu comme accepter de se jeter dans la mer avec la promesse incertaine d'une île quelque part.
Je le ressens. Dansma chair, dans mes os. Son absence me fait mal, son silence me terrifie.
Mais tu verrais son regard.
Son regard à lui seul donne envie aux armées de se lever et au monde de s'arrêter.
Son regard à lui seul remporte des batailles et remonte le temps.
Je ne remercierai jamais assez le destin, la chance, l'amour, ou les trois à la fois, pour l'avoir mis sur mon chemin.
Avec lui, j'ai appris à vivre simplement, à vivre de tout, à revivre partout. Peut-être que, finalement, on n'a pas besoin de bout du monde.
Tout est noir, partout. Je suis noire. Il est blanc. Et, tous les deux, nous sommes à mi-chemin entre l'arc-en-ciel et l'infini.
Je ne pourrai jamais le laisser partir, parce qu'avec lui, j'ai compris quelque chose de très important.
Erwan m'a donné l'envie de vivre. Et je ne pourrai jamais assez le remercier pour ça.
Cassiopée
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Elle s'appelait Cassiopée
RomanceSi on avait dit un jour à Erwan Stark qu'il rencontrerait quelqu'un comme Cassiopée Bonham, il ne l'aurait jamais cru. Tout simplement parce que les gens comme elle n'étaient pas supposés exister : à la fois un peu trop belle, un peu trop souriante...
