Vampire #4 : Les jumeaux de Saint-Guillaume (2)

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PDV Audrey : 

Mon regard paniqué coule vers Kate, qui a l'air sur le point de protester, mais ne dit rien, puis rencontre celui de Gabriel.

Ce n'est pas de l'hypnose, mais bien autre chose.

Un fil invisible se crée entre nos deux regards, je ne peux m'en détacher. Mon pauvre cœur ! Je suis sur le point de faire une crise cardiaque, je crois. C'est lui qui détourne ses yeux en premier, rompant le charme.

Oh, par Aphrodite et Cupidon ! Il m'arrive quelque chose de terrible : je suis attirée par Gabriel !

En même temps, ce n'est pas étonnant... railla ma conscience. Toutes les filles du lycée doivent être après lui.

-Je vais vous conduire à vos nouvelles classes, suivez-moi, dit-il de sa voix douce. Rien ne trahit les quelques instants qui viennent de s'écouler entre nous.

Je pris mes affaires, comme les rares personnes qui devaient changer de classe et le laissai m'emmener, me menant dans ma nouvelle classe en dernier : c'était la sienne, autrement dit une classe de première.

Durant tout le trajet il n'a dit aucun mot.

Je me suis contentée de ne pas le perdre ; étant grand, ses pas me semblaient des pas de géant. Et je marche assez vite, croyez-moi.

Cependant, il me semblait tendu.

Quand nous sommes arrivés, il ne restait dans la classe que deux places libres, deux places côte à côte. Les battements de mon cœur redoublèrent d'intensité quand je compris ce que cela supposait.

Nous nous installâmes et le cours débuta, un cours d'histoire avancée.

Il fait vraiment comme si je n'existais pas...

Cette pensée me serre la poitrine, mais je n'en laisse rien voir.

J'essayai de rester concentrée sur le cours, mais je n'y arrivai pas. Son odeur enivrante et sa présence me déstabilisaient beaucoup trop.

Néanmoins, je décidai de ne pas lui parler, puisqu'il m'ignorait.

Pourtant, c'est lui qui m'a amenée ici, me rappelai-je. Qu'était-il en train de faire, au juste ?

***

PDV Gabriel :

C'est bien elle. Son esprit est clairement insondable.

Je m'évertue à contenir et à repousser ma soif. Je la veux, elle et personne d'autre.

Mais il n'y a pas que son sang qui m'attire : c'est elle tout entière, pas seulement son sang, que je désire avoir.

Je ne croyais plus aux coups de foudre. L'Amour me joue toujours des tours.

Les battements de son cœur s'accélèrent, c'est une merveilleuse chanson. Je n'arrive pas à les ignorer. Je serre mes mâchoires rendues douloureuses par la soif. Je veux sentir ce goût de fer dans ma bouche.

Elle s'empourpre, sa peau soyeuse rougit.

J'essaie de ne pas flancher, de ne pas révéler ma nature aux personnes présentes.

C'est insupportable. Si elle me parle, je romps le Serment.

A mon grand soulagement, elle reste silencieuse. Elle est visiblement vexée.

Tant mieux ! ne puis-je m'empêcher de penser. Cela m'évitera de lui faire du mal.

Arrive la fin du dernier cours de la journée, une bénédiction pour moi, surtout dans cet état.

***

PDV Audrey :

Il sort de la classe sitôt que la cloche sonne la fin de la journée. Je me précipite dehors pour retrouver Kate, qui a un certain air désapprobateur.

-Kate, tout va bien ?

-Hhmm... Non. Ça m'inquiète...

-Quoi ? Qu'est-ce qui t'angoisse ?

-Oh... rien, laisse tomber... A plus ! marmonne t-elle avant de décamper, visiblement préoccupée.

Elle est bizarre. Elle me cache quelque chose... Est-ce en rapport avec Gabriel, qui m'a « arrachée » à elle ? Depuis ce matin, elle se hérisse dès qu'elle le voit. On dirait qu'elle ne l'apprécie pas beaucoup...

Je n'insiste pas, n'ayant pas envie d'y réfléchir plus longuement, et pars moi aussi.

Chouette ! En plus il pleut.

Je rejoins le bus en traversant le parking désert et détrempé et reviens à la maison en une vingtaine de minutes.

Papa n'est pas encore rentré.

Il est médecin, et il a beaucoup de travail en ce moment, alors je me dis que ce n'est rien et qu'il va bientôt revenir.

Pendant ce temps, je fais tout un tas de choses que je n'aurais jamais faites avant. J'ai besoin de me tenir l'esprit occupé, sinon je vais divaguer.

La serrure cliquette, et la porte s'ouvre. Papa est revenu.

-Bonjour ! lance t-il joyeusement.

-Salut Papa ! Bonne journée ?

-Oui, après le boulot, je suis allé au lac. Tu te souviens de Garden Lake ? Et de Michael Campbell ? On allait à l'école ensemble, et on s'est retrouvés à la pêche !

-Oui, tu m'en avais parlé, répondis-je, la tête enfouie dans les souvenirs.

Et tu m'avais dit que ce Michael Campbell était un tire-au-flanc de première.

-C'était bien ta première journée ?

-Super ! J'ai rencontré plein de gens ! Au fait, tu sais qui sont les jumeaux ? Ils s'appellent Gabriel et Riley, je crois.

-Oui, ce sont des descendants de l'ancienne famille royale qui régnait ici, à Saint-Guillaume, pourquoi ?

Parce qu'ils ont voulu m'hypnotiser, pensai-je, retenant un sourire mi-figue mi-raisin suite à cet évènement... marquant.

-Oh... pour savoir... Euh... je t'ai fait des lasagnes. Tu n'as plus qu'à te servir !

Là-dessus, je monte dans l'antique escalier, pressée de rejoindre ma chambre. Elle se situe juste au-dessous du toit, et a une fenêtre garnie de rideaux clairs pour laisser entrer la lumière.

Il y a aussi mon bureau, avec une pile de cahiers et de feuilles, mon lit, avec la couverture et les coussins moelleux, une armoire et ma commode en bois de chêne, où il y a la moitié de mes affaires, et une table de chevet, sur le tapis blanc.

Mes valises à moitié pleines sont sous le lit.

Je soupire de nouveau. J'ai l'impression de ne faire que ça, aujourd'hui.

Il règne dans cette ville une sensation d'un énorme saut dans le temps. Il faut que je m'y habitue.

Mes pensées dérivent et se tournent une fois de plus vers Gabriel.

Il descend d'une famille royale... Serait-ce la famille qui vivait au château, il y avait plusieurs siècles de cela ?

Alors pourquoi vient-il au lycée, s'il est aussi riche ?

Avoir eu un château dans sa famille ne fait pas forcément d'une personne quelqu'un de riche, me suggéra ma conscience. Elle n'avait peut-être pas tort, après tout.

Pourquoi ne parle t-il avec personne ? Du moins, avec personne d'autre que sa jumelle ?

Mystère.







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