Loups-garous #1 : Nouveau monde

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Il se retourna, un masque de marbre plaqué sur son admirable visage angélique. Seuls ses yeux trahissaient sa colère, une fureur tour à tour froide et brûlante, contenue dans des prunelles aussi vertes que les sapins de la forêt alentour.

-Pourquoi me suis-tu ? Qu'est-ce que tu me veux ? gronda t-il d'une voix sourde, furieuse, mais ô combien séduisante, je devais me l'avouer... Douce et tranchante à la fois, à la façon d'une épée parfaitement aiguisée d'un côté et émoussée de l'autre.

-Je... je ne sais pas, admis-je. Je voulais... commençai-je, mais je m'arrêtai aussitôt, ne sachant pas quoi lui dire.

C'était la pure vérité. Je ne pouvais l'expliquer, mais un je-ne-sais-quoi dans la forme de son visage me semblait familier. J'avais l'impression de le connaître, alors même qu'il venait de débarquer ici.

Il dégageait une telle aura de puissance que même à quelques mètres de lui, je la sentais. Ce ne peut être qu'un Alpha.

Soudain, l'air crépita ; son aura se propageait telle une onde à travers le temps et l'espace. Une odeur musquée, terreuse de loup me monte à la peau.

Les prémices de la métamorphose.

Visiblement, je n'étais pas la seule : lui aussi sentait le loup. Ses yeux luisaient maintenant d'un éclat étrange, oscillant entre répulsion et déférence.

Il a vraiment l'air dangereux.

Pendant que je l'observais se transformer, ma peau commençait à me picoter, me tirer. D'énormes frissons m'ont secoué la nuque jusqu'en bas du dos. Un vent violent s'est levé, de plus en plus fort à chaque seconde écoulée, me fouettant, augmentant mes frissons. Il émanait de lui ! Je tentai vivement de me reculer mais il était déjà trop tard ; je n'arriverais plus à désamorcer la transformation.

Je tombai à genoux, terrassée par des vagues de douleur atroces qui explosaient dans tout mon corps. Des haut-le-cœur me submergeaient, un goût de fer m'a empli la bouche. Je haletais, luttant contre le vent pour contrôler ma respiration accélérée. Mes mains ont griffé la terre à la recherche d'une prise solide. Pourtant mes yeux restaient fixés sur lui, manifestement insensible à la douleur. Dans un long tremblement qui m'a paru infini et surtout très douloureux, son loup a émergé, libre de ses mouvements.

Le vent furieux s'apaisa enfin, tandis que je menais une lutte sans merci pour garder mon corps. Malheureusement pour moi, l'issue du combat était inévitable. Je laissai échapper une minuscule plainte qui résonna dans la forêt comme une détonation, et me laissai sombrer dans l'oubli, prête à découvrir un nouveau monde.


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