Ćħåҏϊŧřę III

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Le regard perdu dans le ciel, Chanyeol avait un bras confortablement calé sous sa tête et l'autre posé contre son cœur gauche, serrant fort un bout de papier fin contre lui. Ses grands yeux noirs observaient les étoiles, l'esprit évaporé tout là-bas, loin dans le ciel mauve zébré de rose et bleu. Cela faisait bien trois années lunaires orangées et un an lunaire rubis que le jeune Ǟĥŀρḁ n'avait pas revu Baekhyun – ce qui équivaudrait pour nous à trois ans et deux longs mois – il en avait compté chaque tours de lune caramel pour passer le temps les soirs où il l'avait attendu. Mais, jamais le jeune Ậᵯᶒᵷȭ n'était réapparu, laissant seulement derrière lui ce morceau de papier où était écrit son beau prénom, comme unique réconfort pour Chanyeol.

Ce dernier était allongé dans les branches d'un arbre mauve, attendant calmement que les étoiles vertes se mettent à chanter. Tellement d'années lunaires rouges étaient passées au total depuis la dernière fois que le jeune Ǟĥŀρḁ avait revu Baekhyun, qu'il commençait à désespérer le revoir un jour. Pourtant, les années lunaires rubis étaient les plus courtes qu'il soit – semblables à de longs mois pour nous – même si le temps passait différemment aux yeux de Chanyeol. Et il en était arrivé à compter en années orangées – semblables à des années presque identiques aux nôtres sur la durée, bien qu'elles duraient 400 jours tout ronds plutôt que 365 – ce qui était assez frustrant pour lui. Enfin, tant que le jeune Ǟĥŀρḁ ne comptait pas en années argent – qui étaient vraiment longues et se résumeraient pour nous à des dizaines d'années – ni en années taupes – qui étaient extra-longues et seraient pour nous équivalent à des siècles – alors tout allait bien. Cela prouvait qu'il ne devait pas commencer à s'inquiéter.

Mais Chanyeol était tout de même un peu inquiet, la peur au cœur gauche qu'il ne revoit jamais le jeune Ậᵯᶒᵷȭ de sa vie. D'ailleurs, pour vous en dire un peu plus, un Ǟĥŀρḁ avait une vie quasi-éternelle, ou plutôt, extrêmement lente. Cela voulait dire, qu'un Ǟĥŀρḁ pouvait vivre des siècles sans même perdre de sa beauté ni de ses capacités et ses réflexes, car le temps passait différemment sur eux. Le jeune Ǟĥŀρḁ vivait donc sans se soucier de prendre en âge ni en rides, comme s'il vivait en fait au ralenti ou que le temps n'avait pas d'effet sur lui. Ce qui était d'ailleurs le cas.

Soudain, les étoiles vertes dans le ciel se mirent à briller, faisant écarquiller les yeux de Chanyeol qui se redressa instinctivement sur ses branches, avant qu'un sourire ne s'étire sur ses lèvres. Chaque soir, lorsque le jeune Ǟĥŀρḁ entendait le chant des étoiles vertes, il lui semblait que quelque part, Baekhyun le regardait de loin. Alors il souriait, simplement parce qu'il savait que c'était la tribu du jeune Ậᵯᶒᵷȭ qui chantait ainsi, et qu'il s'autorisait à rêver sur les mystères de ce peuple inconnu.

C'était tout ce qu'il pouvait faire de toutes façons, car chez les Ǟĥŀρḁ, personne ne voulait de lui. Non pas que c'était triste, ou désolant, non. Au contraire, c'était naturel et Chanyeol n'en était qu'un peu affecté. En fait, si le jeune Ǟĥŀρḁ était aussi triste au sein de sa tribu, c'était bien car c'était dans la nature de son peuple d'être tourné sur soi-même. Chaque Ǟĥŀρḁ ne pensait qu'à soi, personne n'essayait de se lier d'amitié avec les autres, et les seules conversations qu'ils avaient entre eux, étaient pour savoir où était la nourriture et si les branches d'un arbre était libres pour dormir.

Alors Chanyeol, qui était de nature rêveuse et qui aurait voulu avoir des amis avec qui parler ou même s'amuser, se sentait seul, terriblement seul. Il savait que, rarement, certains Ǟĥŀρḁ pouvaient tomber amoureux. Mais les rares couples qui s'étaient trouvés, disparaissaient généralement dans la nature, allant plus loin dans les plaines pour vivre ensemble en toute tranquillité et sans le regard jugeur des autres. Les Ǟĥŀρḁ s'accouplaient de temps à autres pour la reproduction, bien qu'ils n'étaient pas non plus en voie d'extinction, mais ils se séparaient aussitôt après et ne se fréquentaient plus jamais. Les femelles Ǟĥŀρḁ pondaient alors leurs œufs dans un coin reculé, entre les herbes blanches les plus hautes ou avec de la chance, derrière des buissons feuillus ou fleuris, et laissaient les œufs éclore seuls.

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