Chapitre 24

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Les bruits de l'accident et mes cris alertèrent les gens du club et plusieurs en sortirent, dont Ed et Phil. Des témoins étaient déjà dans la rue et essayaient d'aider les conducteurs. Phil se joignit à eux tandis que j'étais figée sur place, incapable de faire un geste.

J'entendais des sirènes au loin, mais la seule chose qui retenait mon attention était mon frère. Je voulais le voir, savoir s'il était vivant ou..non.

J'étais sur le point de m'élançer vers les véhicules accidentés, mais Sean me retint.

-       Les services d'urgence vont arriver, Céleste. Tu ne feras que leur nuire si tu y vas.

Pensait-il que j'allais rester les bras croisés à les regarder extirper mon frère de là-dedans ?

-       Lâche-moi, espèce de sans-cœur, crachai-je. Tu te fous peut-être des autres et ne pense qu'à ta petite personne mais, moi, j'aime mon frère et je ne veux pas qu'il meure.

Ma voix se brisa, mais je fixai Sean droit dans les yeux. Il méritait que je lui dise ses quatre vérités. Il m'avait tant fait suer les dernières semaines que j'en avais marre.

-       Il a raison, Céleste, dit Ed. Les secours ont besoin d'espace. Ils ne voudront pas que tu approches.

Les sirènes se rapprochaient de plus en plus et je vis les gyrophares de la police ainsi que de l'ambulance arriver.

Je fis un autre mouvement pour me rapprocher mais la force de Sean m'en empêcha.

C'est à ce moment que je devins une vraie furie.

-       Justin ! criai-je, désespérée.

-       Ed, aide-moi à la retenir, dit Sean alors que je me débattais.

À deux, ils me retinrent dans leurs bras et ils se méritèrent quelques coups que je donnai au hasard.

- Elle a plus de force qu'elle en a l'air, plaisanta Ed malgré la gravité de la situation.

- Allez vous faire voir, éclatai-je en envoyant un coup de poing à Sean, qu'il évita facilement.

- Tu vas devoir revoir ta technique, ma belle, plaisanta-t-il

Comment pouvait-il rigoler dans un moment pareil ?

Son visage redevint grave lorsque les pompiers arrivèrent et sortirent les pinces de désincarcération.

Quant à moi, je me mis à voir des points noirs et j'entendis une voix s'exclamer " Rattrape-la", puis tout devint noir.

...

   Lorsque je repris conscience, j'aperçus trois paires d'yeux paraissant inquiets penchés au-dessus de moi.

   J'étais étendue par terre dans la cours du club de boxe.

-       Enfin ! s'exclama Sean tandis que je battais des paupières, désorientée. Un peu plus et j'appelais une autre ambulance.

   Je levai la tête vers la rue et vis la remorqueuse en train d'embarquer les véhicules accidentés.

-       Où est Justin ? demandai-je en essayant de me lever.

-       Doucement, ma belle, si tu ne veux pas retomber dans les pommes. Ils l'ont emmené à l'hôpital. L'ambulance vient juste de partir.

-       Je suis restée inconsciente longtemps ?

-       À peu près dix minutes.

   Je me tournai vers Phil qui était allé porter assistance aux blessés.

-       Comment va-t-il ? lui demandai-je.

- Il est amoché, répondit-il, mais il était toujours vivant lorsqu'ils l'ont tiré de là. Malheureusement, je n'ai pas pu en savoir plus puisque je n'étais pas un membre de la famille. Et puisque tu étais indisposée...

           

-       Vous auriez dû me réveiller, leur reprochai-je.

   Ils me regardèrent comme si j'étais folle.

-       C'est ce qu'on a essayé de faire pendant dix minutes, répondit Sean.

   Je me relevai.

-       Je dois aller à l'hôpital.

-       Je t'accompagne, me dit Sean.

   Je hochai la tête, allai récupérer mon téléphone, puis Sean nous conduisit là-bas.

   J'en profitai pour avertir mon père et mes autres frères, mais je ne pus leur en dire plus.

   Nous roulâmes ensuite en silence jusqu'à l'hôpital.

   Sean me tint la main pendant tout ce temps comme pour me faire comprendre que je n'étais pas seule et je le laissai faire.

   Lorsque nous arrivâmes aux urgences, je demandai des renseignements sur mon frère, mais on me dit que je devais attendre. Près de la crise de nerfs, je dus m'asseoir et patienter.

    Sean resta avec moi et essaya de me distraire, mais c'était impossible.

   Vingt minutes plus tard, mon père et Peter arrivèrent et me posèrent dix milles questions auxquelles je fus incapable de répondre. Ce fut Sean qui leur expliqua comment l'accident était arrivé.

-       Et toi, tu n'as rien ? me demanda alors Peter en me prenant dans ses bras.

Je secouai la tête.

-       Non, à la dernière minute, Sean a proposé de me ramener.

   C'est à ce moment que je réalisai que j'avais échappé de près à l'accident. Un peu plus et j'aurais moi aussi été grièvement blessée...ou pire.

   Je me mis à trembler et Peter m'ordonna de m'asseoir.

   Nous attendîmes pendant ce qui me sembla une éternité, puis un médecin vint nous voir pour nous informer que Justin était dans la salle d'opération. Ses organes vitaux avaient été touchés ; il avait un poumon de perforé et plusieurs côtes de cassées, une fracture vertébrale et une jambe fracturée. Son visage et ses bras comportaient également plusieurs coupures.

   Je portai ma main tremblante devant ma bouche, affolée.

   Mon père jura comme un charretier tandis que Peter semblait sur le point d'assassiner quelqu'un. 

   Le médecin nous promit de nous donner ses nouvelles aussitôt que l'opération serait terminée, ce qui pourrait être long.

   Mon père me suggéra de rentrer à la maison, mais je refusai catégoriquement.

-       Tu peux retourner chez toi, Sean, lui dis-je alors. Merci beaucoup d'être resté et de m'avoir épaulée.

   Il fixa ses prunelles dans les miennes.

-       Je reste, déclara-t-il, et tu ne pourras pas m'en dissuader.

   Ce qu'il pouvait être têtu, celui-là ! Pourtant, au plus profond de moi, je lui en étais reconnaissante.

Le Jeu Charnel Où les histoires vivent. Découvrez maintenant