Le Jeu Charnel

Chapitre 9

- - C'est un jeu entre Ed, Sean et Phil. Ils choisissent ensemble quinze filles avec qui ils devront coucher avant Noël. Une fois sélectionnées, ils leur donnent cette bague, qu'ils ne leur enlèveront qu'une fois après les avoir mises dans leur lit. À la fin, celui qui a gagné le plus de bagues remporte la partie.

J'étais muette de stupéfaction.

- Cathy a refusé la bague, alors ils lui ont promis que si elle ne participait pas, ils lui pourriraient la vie et détruiraient sa réputation, et ils ont tenu parole, expliqua Alexia. Elle faisait partie des pom-pom girls du lycée et tout le monde l'appréciait. Maintenant, plus personne ne lui parle.

J'étais sidérée d'apprendre qu'un tel jeu existait.

Je savais que certains gars se donnaient des défis entre eux, mais de là à en faire un jeu, c'était n'importe quoi !

En plus, ils punissaient une fille qui était assez intelligente pour ne pas vouloir en faire partie.

- Ces mecs ne me font pas peur, annonçai-je. Cathy me semble très gentille et elle a mon plus grand respect pour leur avoir tenu tête. J'ai bien l'intention de sympathiser avec elle.

- Si tu fais cela, ils feront de ta vie un cauchemar.

- JE ferai de LEUR vie un cauchemar. Ils le méritent après ce qu'ils ont fait à cette pauvre Cathy, rétorquai-je.

- C'est impossible de leur tenir tête. Ils gagnent toujours, dit Megan. Nous avons toutes essayé l'an passé, c'est pourquoi cette année nous avons accepté de bon cœur. En plus, ils sont vraiment doués au lit.

Je grimaçai de dégoût. Et moi qui les avais prises pour des filles intelligentes ! 

- C'est dégueulasse, affirmai-je.

Megan me fixa en fronçant les sourcils.

- Serais-tu chaste par hasard ? demanda-t-elle. Il n'y a que des petites vierges pour dire un truc pareil.

Ne rougis pas, ne rougis pas.

- Bien sûr que non, rétorquai-je. J'ai eu plein de relations à New York.

Un petit mensonge : Je n'avais jamais fréquenté de garçons, mais puisque j'étais nouvelle, je pouvais raconter ce que je voulais.

Après tout, personne ne pouvait vérifier. L'avantage d'arriver dans un nouveau lycée, c'est que tu laissais ta vie derrière toi et tu pouvais repartir à zéro.

- Une chance pour toi, car dans ce jeu, lorsque les gars couchent avec une vierge, elles valent pour cinq filles. Sean est vraiment doué pour les repérer. C'est à cause de ça qu'il a remporté le jeu l'an  passé. 

- Vierge ou pas, ce gars ne me touchera jamais, assurai-je.

Je voulais seulement que ces sales cons me fichent la paix, et s'ils ne le faisaient pas, j'étais bien décidée à me défendre.

C'est sûr que si je voulais devenir populaire, je serais mieux de suivre le conseil des filles et me tenir éloignée de Cathy, selon ce que les garçons avaient décrété, mais j'avais toujours été quelqu'un qui n'en faisait qu'à sa tête.

Tant pis pour ma réputation.

- Donc, récapitulai-je, Sean, Ed et Phil choisissent chacun cinq filles et celui qui en met le plus dans son lit remporte la partie.

- Exactement.

- Et qu'est-ce que vous y gagnez, vous ?

- Ce sont de super bons amants, lança Océane.

Non mais je rêve ! Cette fille est débile !

- En fait, dit Laurie, la fille qui arriverait à résister gagnerait la place de stationnement directement devant la porte de l'école.

Tu parles d'un prix à la con ! Encore faut-il qu'elle ait une voiture !

- Malheureusement, aucune n'y est parvenue l'an passé. Leur méthode est infaillible.

- Comment s'y prennent-ils ? Demandai-je.

- Ils nous invitent à tour de rôle à sortir. Parfois, c'est un pique-nique, d'autres fois, c'est une promenade sur le bord du lac ou une sortie au restaurant. Ils en profitent pour coucher avec nous avant la fin de la soirée. Ce sont des dragueurs impitoyables. Ils ne nous lâchent pas avant que l'on flanche.

Selon moi, c'est tout bonnement de la contrainte. Pourtant, aucune d'entre elles ne semblaient s'en offusquer.

- C'est seulement un jeu, Céleste, il n'y a rien de bien grave là-dedans.

- Alors pourquoi faire de la vie de celle qui refuse un enfer ?

- Ils n'aiment pas perdre.

C'est ce que j'avais cru comprendre.