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Le 28 février 2018, Gwangju

Bonjour Yoongi. Ça fait longtemps. Tu te souviens de moi ? En tout cas, je ne t'ai pas oublié de mon côté.
Je pense qu'il est temps que je pose tout ce que j'ai sur le cœur par écrit. De plus, cela fait exactement un an que tu m'as envoyé ta première lettre. Ah, que de souvenirs...
Il faut que je te raconte tout ce qu'il m'est arrivé.
Le 1er juillet, je suis arrivé chez toi, comme prévu. J'ai eu beau frapper à ta porte, personne ne venait m'ouvrir. J'y ai même déposé un petit mot, je ne sais pas si tu l'as vu de là où tu es. Comme j'ai vu que tu ne répondais pas, je suis parti, j'ai erré sans but dans les rues de ta ville, la belle Daegu. Mais je n'y faisais pas attention : la seule chose qui hantait mon esprit, c'était toi. Le temps est passé si vite, mais si lentement à la fois. Je ressentais toutes les sensations possibles en même temps. J'étais perdu.
Au moment où je suis repassé chez toi, tu n'étais toujours pas là. Ah, si seulement j'avais su... aurais-je été moins triste ?
J'ai pris l'initiative de demander à tes voisins s'ils ne t'avaient pas aperçu. Malgré mon... manque de communication, ils ont réussi à me comprendre et à m'indiquer que tu n'étais pas revenu depuis plusieurs jours.
Mon idée fut alors de m'en aller jusqu'au poste de police. Pour mon plus grand "bonheur", si je puis dire, ils avaient un interprète en langue des signes, qui transmit ma demande aux officiers. Et ainsi fut faite ta déclaration de disparition.
Une enquête commença alors. Leur premier réflexe fut d'aller voir chez toi. Par compassion, on me laissa entrer. J'y ai vu tous tes brouillons pour tes lettres. Je me suis senti tellement triste en les voyant, mais j'ai souri. J'ai vu à quel point tu mettais de ta volonté, de ton âme dans tes réponses à mes écrits. J'y ai vu aussi une photo de toi, qui traînait. Tu étais si beau. Tu m'excuseras si je l'ai gardée ?
Je ne pouvais rien faire, même si j'en avais envie. Les policiers me dirent de rentrer chez moi, ce que je ne fis absolument pas. Je voulais te trouver, te voir.
Je pris une chambre dans un hôtel de Daegu. Je te cherchais, demandant aux habitants s'ils ne t'avaient pas vu, en leur montrant la merveilleuse et seule illustration de toi que j'avais, et que j'ai toujours. Mais aucun résultat ne fut conclu.
Je courrais les rues quand le numéro d'un des policiers s'afficha sur l'écran du téléphone portable que j'avais acheté à la hâte. Et c'est là qu'il me l'annonça.
Tu étais mort.
On t'avait retrouvé près du grand fleuve qui traverse la cité, roué de coups.
Après une enquête assez sommaire, on en déduisit que ta mort était le résultat d'un règlement de comptes avec des trafiquants de drogue.
Ton ombre était réelle, Yoongi. Tu n'étais pas fou.
Encore aujourd'hui, il m'est difficile de parler de toi au passé. Mais ma douleur était bien plus grande au moment où l'annonce fut faite.
D'après les passants, j'aurais perdu conscience, et il était impossible de me réveiller.
On m'emmena à l'hôpital, où mon coma dura deux semaines. Deux semaines pendant lesquelles, apparemment, je sortis de mon mutisme. On dit que certaines nuits, je prononçais ton nom. Mais depuis, plus aucun son ne sort de ma gorge.
J'ai eu du mal à accepter tout cela. On dirait que le sort m'en veut, n'est-ce pas ? J'aurais tant voulu te voir. Pouvoir te dire que je t'aime. Pouvoir faire tant de choses avec toi. Mais je ne le peux pas. Alors je le fais là, Yoongi. Yoongi : saches que je t'aime toujours. J'espère que tu recevras cette lettre, de là où tu es. Je vais l'envoyer en ballon, comme avant. Ça sera la dernière. Yoongi, je ne t'oublierais jamais. C'est toi qui me fait sourire et qui me pousse à continuer ma vie. Je t'aime tellement.
À bientôt.

Hoseok

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⏰ Last updated: Jul 16, 2017 ⏰

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