Chapitre 6 - PDV Ellie Samuel -

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Chapitre 6

- Ellie Samuel -

Contre toute attente, ma décision a été de rester. Je me suis décidé le matin-même en faisant ma valise pour New York. J'étais pourtant déterminée à rentrer au pays, prête à reprendre mon ancienne vie. Mais, en fourrant la photo de mes parents entre deux tee-shirts, je m'étais souvenue de l'existence que je voulais à tout prix récupérer, elle me paraissait si lointaine à présent... Comment pourrais-je vivre en ignorant ce que je savais sur ma famille, sur les Senshis ? Comment avoir redevenir « normale » après toutes ces révélations ? J'avais inconsciemment remis le cadre à sa place d'origine. Je ne pouvais pas lâchement abandonner Ash, Aiden, et tous les autres ? J'avais défait mon bagage avant de m'étendre sur mon lit et de contempler le plafond. Partir ou rester ? Le passé ou l'avenir ? Deux choix s'étaient offerts à moi, et j'espérais de tout cœur avoir fait le bon...

– Et c'est pour cela qu'il ne faut pas oublier de multiplier, sinon tous vos calculs sont faux.

Je mâchouillais mon stylo avec ennui ; les cours de mathématiques, tout ce que je détestais. Je recopiais tout de même les résultats sans réellement y prêter attention. Alec Xenor parlait dans le vide depuis bientôt trois heures, seule Eve Sarz lui montrait un intérêt. Après tout, l'algèbre était sans doute une chose passionnante pour peu que l'on y comprenne un minimum de formules.

Aiden, assis à côté de moi, plissait les yeux et tenter de résoudre l'équation écrite au tableau. Je regardais le temps passer, des élèves du dernier rang – dont Ash et Caleb – venait de s'endormir. D'ailleurs, je sentais la fatigue m'ensevelir à mon tour. Je le suis mise à bâiller.

– Simule un malaise, je t'emmène à l'infirmerie et on arrive à rater vingt minutes de cours, m'a soufflé mon voisin, quatre heures de maths, c'est totalement abusé !

Comme un coup de pouce du destin, la porte de la salle de classe s'est ouverte à la volée, tous ont sursauté. Ma tante a pénétré dans la pièce le plus calmement du monde.

– Y'a pas à dire, a commenté Aiden, elle sait soigner ses entrées !

Je ne pouvais pas le contredire, de plus, après trois semaines passées ici, j'étais en mesure d'affirmer qu'Anthéa Foster, notre chère directrice, ne quittait son bureau qu'en cas d'événements importants, la dernière fois étant quand, avec Aiden, nous avions fugué une après-midi entière.

– Bonjour à tous, je me permets d'interrompre votre cours quelques instants pour vous annoncer la nouvelle suivante, vos professeurs et moi-même avons longuement débattu de la proposition transmise par votre déléguée, le bal aura donc lieu vendredi prochain, les cours de cette journée seront annulés. Aucune transformation ne sera tolérée et bien entendu, c'est à vous d'organiser l'événement. Si celui-ci est une réussite, j'accepterai d'en autoriser un à chaque départ de vacances.

Sur ce, elle a quitté la pièce, et l'assemblée, d'ordinaire passive en ce mardi matin, s'est mise à applaudir, sauf Aiden, trop occupé à écrire.

– Un peu de silence ! a crié Alec depuis l'estrade, je vous prie de bien vouloir vous calmer !

Le brouhaha s'est légèrement atténué, tout le monde ne parlait plus que de ça, du bal... Le professeur s'est donc avoué vaincu, il s'est tu, s'est assis sur une chaise et a tranquillement patienté. Les bavardages se sont essoufflés d'eux-mêmes. Le cours a alors repris normalement et l'ennui également.

J'ai poussé un long soupire, Aiden a raison, quatre heures, c'est vraiment long...

Je pensais, malgré moi, à mes parents, des moins en moins souvent, c'était une douleur qui revenait petit à petit... Et qui disparaissait un moment avant de refaire surface quelques temps plus tard. Je croyais que je commençais à les oublier, c'était sûrement ça, faire son deuil... Effacer inconsciemment une personne que l'on a aimée... Et à chaque fois, la culpabilité d'avoir été, ne serait-ce qu'une heure, heureuse. Cette infamie m'avalait toute entière, je n'osais plus me regarder dans un miroir... Je me mettais à pleurer, j'allais voir Aiden... Ou Ash, les deux me remontaient le moral de façon surprenante.

Âme d'Argent : L'Orpheline Where stories live. Discover now