• Chapitre 8 •

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                Les vagues azurées de la mer se profilaient à l'horizon alors que le vent frappait avec brutalité mon visage, enfoui dans le cou de Ludovic. Son bras autour de ma taille semblait me protéger de tous les dangers du monde alors que sa main libre venait caresser mon dos d'un geste qui se voulait rassurant. Sa tignasse sombre dansait devant son regard alors qu'il me scrutait. Mais je n'en avais rien à faire. Plus rien n'importait désormais.

J'allais mourir. Il allait mourir.

Nous allions mourir tous les deux car cet imbécile avait sauté d'un bâtiment hors du cadre spatio-temporel en m'entraînant dans sa chute...

Dit comme cela, c'en devenait presqu'ironique. Seulement, la mort qui se rapprochait à grands pas feutrés ne m'arrachait aucun rictus. Et ironie du sort, j'allais crever dans les bras de mon meilleur ami qui se trouvait également être mon tueur.

Quelle vie de merde !, pensais-je.

« Je ne te le fais pas dire ! », survins Angie dans mon esprit.

Son unique apparition me laissa tout le temps de tuer Ludovic à coups de colère avant que la chute mortelle ne se termine.

« Pourquoi t'as fait ça ?!, criais-je. Pourquoi tu veux nous tuer ?! Je veux pas mourir ! », m'exclamai-je, la voix cassée.

Ce timbre suppliant et désespéré ne me ressemblait en aucun point. Pourtant, c'était ce que l'idée de mourir m'inspirait. Du supplice et du désespoir...

Je le frappai de mon poing maintes fois, tentant vainement d'évacuer toute la colère et la rage qui s'insinuaient dans chaque parcelle de mon corps.

« Mina, calme-toi », m'intima-t-il en un soupir.

Il avait l'air sincèrement exaspéré, et ce constat m'arracha un sourire ironique.

« Me calmer ? Sérieusement ? C'est tout ce que tu trouves à dire ? Tu m'as entraînée avec toi dans ta putain d'idée de suicidaire ! »

Il resserra de plus en plus sa prise autour de mon corps vidé de tout espoir.

« Je ne veux pas mourir, merde. Je ne veux pas mourir, pas maintenant. Il me reste tellement de choses à faire... »

Mes cordes vocales me lâchèrent alors qu'un sanglot accompagna les dernières paroles que j'aurais prononcées de toute ma courte vie. Un sentiment de trop peu m'envahit quand je repensais à tous mes rêves de gamine que je n'aurais pas le temps de réaliser.

« Tu ne mourras pas Mina. Jamais, tant que je serai là. Maintenant ferme les yeux et accorde-moi ta confiance une dernière fois... »

La supplication que je décelai dans sa voix rauque m'ébranla. Il allait me tuer, et maintenant il me disait que je n'allais pas mourir ? Quel genre d'abruti était-il devenu ?

« Ferme les yeux », répéta-t-il pour la seconde fois.

J'aurais aimé pouvoir fermer les yeux. Mais à quoi bon ? Je préférais partir avec l'image de cette vue magnifique que m'offrait la mer plutôt que d'un néant absolu qui m'attirerait dans des gouffres sans fond. J'allais refuser quand sa main se posa sur mes yeux. Il m'empêcha de voir quoi que ce soit, ni de pouvoir rouvrir les paupières. Le contact de sa peau sur la mienne m'arracha un frisson qui dévala ma colonne vertébrale. J'allais encore une fois le réprimander, quand soudain son souffle vint se loger dans mon cou, et il murmura :

L'ange déchueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant