L'ange déchue

• Chapitre 7 •

           L'océan d'éclats scintillants, éclairant le ciel ébène d'une lumière immaculée berçait mes pensées vers un monde surnaturel. Vers un nouveau monde. Vers mon nouveau monde. Je ressassais en boucle tous les événements qui s'étaient déroulés depuis que Ludovic était revenu de son périple de quelques années et qu'il avait bouleversé ma petite vie d'adolescente passionnée par les dessins animés et la grasse matinée. Comment tout avait pu changer aussi vite ? Comment ma préoccupation principale était devenue ma sécurité au lieu de mon prochain repas en l'espace de quelques jours seulement ? Comment avais-je pu me métamorphoser en cette personne responsable et sérieuse en si peu de temps ?

J'avoue que même s'il s'agissait de ma propre vie, je n'arrivais malheureusement pas à suivre... Toutes ces nouvelles choses ne faisaient qu'agrandir le labyrinthe dans lequel ma conscience s'était échouée. Je n'arriverais jamais à trouver la sortie, à rétablir mon quotidien banal. Et cela me terrifiait, même si je tentais de le dissimuler par des sourires incessants et des blagues nulles. Je n'avais pas besoin d'une épaule sur laquelle pleurer, loin de là. J'étais plutôt forte, côté sentiments. Mais j'avais réellement besoin d'un appui sur lequel je pourrais me reposer, le temps de reprendre mon souffle après cette course effrénée que je menais dans le labyrinthe. Je me perdais un peu plus chaque fois que je pensais être prête à affronter mon avenir. Il me fallait un point d'ancrage...

Seulement, jamais je ne confierai mes sentiments ou mes pensées à quelqu'un. J'étais ainsi. Je préférais tout garder pour moi et m'en sortir par mes propres moyens. Alors je songeais à tous les évènements qui m'étaient arrivés dernièrement. Le retour de Ludovic, ses aveux et révélations, l'attaque de Phoenix, ma blessure... A cette pensée, je portais la main à mon abdomen. Je sentais encore le métal affreusement froid me transpercer la peau pour venir se loger dans ma chair... Un relent me secoua lorsque je pensais de nouveau à cette sensation cauchemardesque. Si Ludovic n'avait pas été là, qui sait où je serais à cet instant précis... Peut-être morte, dans les cieux, où dans un hôpital en train de comater ? Au lieu de cela, je me retrouvais ici.

Attendez ? Ici ? Depuis tout à l'heure, j'étais assise sur une chaise, sur un balcon qui donnait une vue imprenable sur le ciel nocturne. Alors ce spectacle avait pris le dessus sur ma curiosité de d'habitude. Mais... Ici, c'était où ?! Ludovic avait accepté de me laisser seule dans cette petite pièce semblable à un petit salon. Il m'avait dit de méditer à tout cela et de prendre moi-même la décision de continuer sur le chemin tortueux et jonché d'embusques du monde surnaturel, ou alors de retrouver la piste déjà toute tracée de ma petite vie d'humaine banale, n'ayant que ses yeux et sa folie pour se différencier des autres. Alors je méditais, comme il me l'avait sagement conseillé. Mais, où étions-nous ?

Je me levais, tremblant un petit peu. J'avais peur de découvrir l'endroit dans lequel je me trouvais. N'ayant aucune idée de la raison pour laquelle j'appréhendais tant de savoir où je me trouvais, je marchais vivement jusqu'à la rambarde du balcon. Je jetais un coup d'œil en bas.

Des lumières. Tant de lumières. C'en était magnifique. Cette myriade de lueurs douces s'apparentait à une rivière d'étoiles plus lumineuses les unes que les autres. Tant de pureté, tant de féérie, j'en restais bouche bée. Je ne savais comment réagir face à cette découverte. Certes, ce spectacle était vraiment magique, mais quelle aurait été votre réaction si ce que vous aviez vu en dessous de vous-même était une ville ? Une ville, vue de dessus ? Comme si l'on se trouvait dans un avion... Quelle était encore cette sorcellerie, pensais-je. Comment cela était possible ? A présent, je pensais que plus rien ne m'aurait impressionnée : après avoir failli mourir, après avoir vu des coups accompagnés d'onde de choc frapper Ludovic avec une telle violence, après être en connaissance de toute la vérité sur le monde surnaturel, et j'en passe...