Chapitre 45

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La nature est ce que l'on est. Elle est innée. A l'inverse, la culture résulte de l'acquis. Il nous caractérise et fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui. La nature n'est pas changeante, il est impossible de s'en défaire. Quant à notre culture, c'est une autre histoire. Nous le pouvons. C'est que j'ai fait. J'ai changé ce que j'étais et je suis devenue celle que je suis aujourd'hui. Mieux et plus puissante que jamais.

Je m'étais réveillée, il y a plus d'une heure mais je n'osais pas vraiment descendre. Ici, j'avais peur que cela soit trop conventionnel et que je ne sache pas où me mettre. C'est un peu contradictoire avec ce que je suis devenue mais on ne peut jamais se séparer entièrement de sa culture.

Je me souviens d'une année où je suis allée dans la maison de famille de Gabin. Il y avait des cousins, des cousins éloignés mais aussi le ou la meilleure amie des cousins éloignés. Tout ce petit monde se réunissait une fois par an dans cette maison au mois d'octobre, étant consécutivement de corvée de bois ou encore de vaisselle. Parce que cet endroit perdu dans le Texas était dépourvu de réseau ou du moindre wifi.

Tout comme le Pays Imaginaire, je pensais ne m'en étant encore jamais rendu compte.

Au début, c'était dure, je dois bien l'admettre mais les jours sont passés et je m'entendais vraiment bien avec tous ces gens. Tous les soirs, nous jouions aux cartes jusqu'à pas d'heures ou nous faisions des cache-cache jusqu'à 22 heures sur le domaine. Je me souviens encore d'un des cousins éloignés de Gabin qui avait poursuivi son grand frère dans toute la cuisine un couteau à pain dans les mains, lui jetant tout et n'importe quoi à la figure. Mais pour en revenir au sujet de base ce traître de Gabin n'avait pas voulu se réveiller en même temps que moi le premier matin pour m'accompagner déjeuner. Je n'avais pas vraiment envie d'arriver devant toute sa famille et de piocher dans les placards comme l'inconnue que j'étais. Au final, personne ne faisait attention à personne et le petit Achille de 5 ans m'avait bien aidé à trouver tout ce dont j'avais besoin, c'est-à-dire le nécessaire : du café. C'est pour ça qu'ici au château, je redoutais que cela soit trop conventionnel. Je préférais largement les petits déjeuners à la bonne franquette du Pays Imaginaire. Quand j'en prenais évidemment...

Pourquoi je suis si pensive ? Ça ne m'était pas arrivé depuis si longtemps... Depuis... Non arrête d'y penser ! Ne perds pas tes objectifs de vue. Tu as le droit à ta revanche. C'est à ton tour de goûter au bonheur. C'est aux autres de souffrir...

Je me levai du canapé de lecture et me dirigeai vers la porte. Il faut que j'y arrive !

Je vais tous les faire payer, maintenant.

Je descendis les marches de l'escalier en marbre blanc du premier étage quand je tombais sur un homme de petite taille au nez un peu rougi.

- Vous cherchez quelque chose Mademoiselle ?

- Euh oui en effet, je cherche les cuisines...

- Oui bien sûr ! Je vais vous accompagner ! Au fait je m'appelle...Aaaa...Aaaa...Aaaatchoum ! éternua-t-il. Je veux dire Atchoum.

- Eveline !

Ahahah, je n'y crois pas ! Je viens de rencontrer un des sept nains !

Le petit homme ne fit qu'éternuer tout le long du trajet. Au moins, celui-là il porte bien son nom ! Une fois arrivée devant les portes de la cuisine, Atchoum me laissa simplement, me saluant d'un geste de la main. C'est drôle de voir à quel point, ces personne aussi pitoyables qu'elles peuvent être, sont capables d'être touchantes.

Je poussai les lourdes portes en bois, et je me retrouvai dans une cuisine entièrement blanche où une douce odeur de pain chaud embaumait la pièce. C'était spacieux mais plutôt froid mise à part l'agréable odeur. En total, opposition avec le reste du château. Au centre de la pièce, il y avait une espèce de grand four relié à une longue cheminée d'où une légère fumée gris s'échappait.

Neverland ?Where stories live. Discover now