Chapitre 30 ✔️

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Mes paupières étaient lourdes, et j'avais l'impression que tous mes membres étaient engourdis. Peu à peu, je sentis à nouveau mes jambes, mes bras et le reste de mon corps. Mais je n'arrivais pas pour autant à bouger... Je persistai et je pus enfin déplacer ma main vers mon visage. Mais celle-ci percuta un objet dur sur ma bouche.

Qu'est-ce que...Un masque ?

J'ouvris instinctivement les yeux et découvris un masque pour m'aider à respirer. C'est vrai que j'avais le souffle court. Je reprenais doucement conscience sur ce qui avait l'air d'être un lit d'hôpital. Je tournai la tête vers la droite et découvris un petit garçon endormis dans le lit à côté du mien. Nous devions être en salle de réveil. Mais ce que je ne comprenais pas c'est qu'est-ce que je fichais dans un hôpital. Est-ce que j'avais subi une intervention ? Sûrement autrement je ne me retrouverais pas dans cette pièce.

Je tournai la tête vers la gauche et cette fois-ci ce fut un garçon de mon âge qui reposait sur le brancard à côté. Soudain le brun aux yeux marrons se réveilla brusquement et tourna la tête vers moi, me fixant avec un regard meurtrier. Malgré ses sangles, il gesticulait dans tous les sens, toujours relié à la machine avec un tube dans la bouche. Il bougeait avec une telle violence que son lit monté sur roulettes se rapprochait bien trop rapidement du mien. Ses yeux presque noirs me lançaient un regard assassin. Il avait l'air de vouloir dire quelque chose mais le tube dans sa bouche lui permettant de respirer l'empêchait de parler. Soudain ses yeux devinrent rouges et s'ouvrirent d'un seul coup. Sans que je ne puisse me retenir un hurlement sortit de ma bouche. Il avait été atténué par le masque mais des infirmiers m'avaient entendu et s'étaient précipité à mon chevet.

Ils essayaient tant bien que mal de me calmer mais ce ne fut que quand une infirmière administra un calmant à l'autre garçon que je repris mon souffle. Apparemment il s'appelait Lucas étant donné qu'elle n'arrêtait pas de l'appeler par ce prénom. Je me demandais bien ce qu'il avait pu lui arriver pour qu'il réagisse ainsi.

Une imbécile me fichu sa petite lumière éblouissante dans les yeux pour vérifier mes réflexes oculaires tandis qu'une autre me posait des questions.

- Comment tu t'appelles ?

Sa voix était douce et rassurante. J'avais beaucoup de mal à parler mais je finis par articuler.

- Eveline. Eveline Powell.

- C'est très bien. Maintenant est-ce que tu peux me dire quel jour nous sommes ?

Je restais muette. Je n'en savais rien. En fait, je ne me souvenais de rien du tout. C'est quand l'infirmière vu mon air paniqué qu'elle comprit que j'avais perdu la notion du temps.

- Ce n'est rien, poursuivit-elle. Quel est le nom du président ?

- Obama...

L'infirmière hocha la tête se disant que je ne devais avoir perdu la mémoire que partiellement.

Il est vrai que la dernière chose dont je me souviens c'est mon poing dans le nez de Julian. Après, c'est le grand trou noir. Je ne saurais même pas dire en quel mois nous sommes...

- Est-ce que tu sais où tu te trouves ? reprit la jeune femme.

- Dans un hôpital, je suppose...

- Tu as été victime d'un accident. Tu ne t'es pas montrée pendant seize jours. Et selon certains témoignages, tu te serais fait percuter par une voiture de plein fouet en voulant traverser une départementale. Par chance, tu n'as été que légèrement blessée. Nous avons appelé ton père. Il sera là quand nous te reconduirons dans ta chambre. Apparemment, tu ne te souviens pas de ces deux dernières semaines. Nous espérons donc que ton amnésie ne soit que passagère. Est-ce que tu peux me dire la dernière chose dont tu te souviens ?

- Le concours de sciences... Nous avons été fêter la victoire de mon ami au Harry's et puis après je ne me souviens plus de rien.

- Tu sais que trop boire est très dangereux. Il peut entraîner ce genre de trou noir...

- Je n'avais pas bu une seule goutte...

L'infirmière partit, n'étant pas dupe. Pourtant, je ne mentais pas. Je n'avais pas bu. Je sais très bien quels sont les dangers, je n'aurais pas pris ce risque. Et puis une amnésie de 16 jours ne pas clairement pas être due à l'alcool.

Toujours allongée sur le brancard, je regardai l'horloge digitale au fond de la pièce : 9h27. J'en ais sûrement encore pour un bon bout de temps.

Que m'était-il arrivée ? Pendant deux semaines j'ai disparu et je ne suis même pas capable de m'en souvenir.

Je me torturai l'esprit depuis déjà un bon bout de temps quand une infirmière m'annonça qu'on allait me reconduire dans ma chambre. Ouf, parce que le garçon intubé me faisait froid dans le dos. Il avait l'air de vouloir m'attaquer. Et ses yeux... Quand, j'avais vu son regard se planter dans le mien, je ne pus m'empêcher de ressentir une drôle d'impression. Comme si je le connaissais. Pourtant, je n'avais jamais vu cette personne et je ne connaissais aucun Lucas.

C'est sûrement les sédatifs qui me font perdre la tête...

***

Quand j'arrivai dans ma chambre, mon père et Cécile étaient déjà là. Une fois que les infirmiers m'eurent déposée sur mon lit, ils partirent comme ils étaient arrivés.

Je me redressai difficilement et essayai de m'asseoir. Mon père vint directement me prendre dans ses bras en manquant de m'étouffer. J'étais assez surprise étant donné que depuis quelques temps, je ne voyais plus beaucoup mon père comme une figure affective. Je lui rendis son étreinte avec le plus de sincérité possible. Ensuite ce fut le tour de Cécile. Je sais qu'elle était venue pour accompagner mon père mais ça me faisait plaisir de la voir.

Ah tiens, Lenny n'est pas venu. Les bonnes vieilles habitudes reviennent vite au galop...

A peine avais-je pensé ces mots que mon demi-frère tant détesté apparu dans l'embrasure de la porte. Je ne pus m'empêcher de sourire. Il s'approcha du lit et dit avec un rictus au coin des lèvres.

- Évites de fuguer sans me prévenir la prochaine fois, gamine !

Qu'il est bête celui-là ! Je vous jure dès que je rentre je lui fais regretter ce qu'il vient de dire en gagnant 6-1 à Fifa ! Retenez-bien ce score. On verra si ça l'amuse toujours autant de se moquer de moi. Je balançai gentiment mon poing sur son bras pour le taquiner.

- C'est qu'elle a pris de la poigne la gamine pendant sa p'tite fugue ! T'es allée faire de la boxe ou quoi ?

Ahahah, qu'il est drôle cet enfant !

Comme je ne me souviens pas de ce que j'ai fait ces seize derniers jours ça va être compliqué de lui répondre. D'ailleurs, est-ce que j'allais un jour retrouver la mémoire...

Neverland ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant