Chapitre 2 ✔️

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Prise de court, je baissai la tête espérant de tout cœur que Lucas ne m'est pas remarqué. Ce qui était peu probable... Tu viens de le regarder dans les yeux mais non il ne t'a absolument pas vu ! Je suis stupide !

La sonnerie de fin de cours retentit comme une délivrance dans chaque recoin de ma tête si bien que je me dépêchai de sortir de la classe n'attendant même pas Gabin qui rangeait lentement ses affaires. Il n'avait pas changé...

Pressée je manquai de bousculer une fille de ma classe visiblement de mauvaises humeurs. Je bredouillai de vagues excuses quand une main attrapa le haut de mon bras. Pensant que c'était finalement mon meilleur ami qui avait fini de ranger ses affaires, je dis sans me retourner.

- Je suis désolée, je ne voulais pas rester là... C'était devenu étouffant...

- Ah ! Enfin tu t'excuses, après tout c'était la moindre des choses après les gros yeux que tu m'as fait, s'écria la personne qui m'avait rattrapé.

Lucas Foster...

Je crois que si je n'étais pas aussi intriguée par la marque sur sa nuque, je lui aurais déjà cassé le nez. Je ne suis pas de nature violente mais je sais me défendre. Physiquement et moralement ce qui me vaut ma plus grande fierté : ce sarcasme qui ne me quitte plus depuis le jour où un garçon de ma classe en 5ème a voulu me ridiculiser. Plus jamais je ne me laisserai faire. J'étais revenue de cette époque et il n'était pas question que je me retrouve encore une fois dans cette position de faiblesse. Le harcèlement à l'école est un vrai problème. Certains professeurs pensent que c'est la faute de l'élève. Certains parents veulent intervenir mais il est déjà trop tard. Certains amis veulent faire quelques choses mais n'ont pas le courage. Le harcèlement devrait être considérer comme un crime car il peut conduire à faire des choses stupides, des choses qu'on regrette toute notre vie. On devrait punir ce genre d'acte...

- Elles ne t'étaient pas destinées, je dis sèchement.

- C'est quoi ton prénom ? demanda-t-il d'un coup.

- Qu'est-ce que cela peut te faire...je répondis froidement.

- Ecoute, on est dans la même classe. Je finirais forcément par le savoir alors je te le demandes comme le gentil camarade de classe que je suis : comment tu t'appelles ?

- Eveline... »

Un sourire étrange se dessina sur ses lèvres avant qu'il ne disparaisse voyant Gabin arriver. Pas un mot. Pas un geste. Rien. Je commençais à croire qu'il était le meilleur joueur de nous deux... D'habitudes j'arrive facilement à clouer le bec des gens qui viennent me prendre la tête. C'est sûrement pour ça que Gabin est mon seul ami. L'associable du lycée, j'ai nommé Eve Powell et son meilleur ami masochiste depuis plus de 15 ans : Gabin McKinney. C'est vrai que je n'ai jamais compris comment il faisait pour supporter mes crises matinales et ma mauvaise humeur du soir depuis tout ce temps. Je ne suis pas agréable mais je le sais et je ne prétends pas le contraire.

Cette rentrée se passa plus rapidement que je ne le pensais bien que les cours aient été plus ennuyant les uns que les autres. A mon plus grand regret je n'avais eu ni mathématiques ni biologie. C'était vraiment une journée sans saveur...

Lassée, je rentrais chez moi balançant ma besace en cuire en forme de cartable sur mon lit. Je jetai un coup d'œil circulaire sur ma chambre et constatais que mon ordinateur était ouvert mais éteint. Ce n'est pas mon habitude de le laisser ouvert alors que je ne l'utilise pas. Et puis même ça raille l'écran. J'avais ce côté maniaque que mon demi-frère détestait tant.

Enfin qu'est-ce que ce gars aimait chez moi ? Rien ! Et je ne m'en porte pas plus mal au contraire je n'en porte aucun intérêt. Un demi-frère... Qui aurait cru ça il y a cinq ans alors que nous vivions tous les trois heureux avec mes parents...

Ma mère est morte quand j'avais 14 ans, quant à mon père il s'est remarié deux ans plus tard avec une architecte de son âge qui avait déjà un fils d'un précédent mariage. C'était une très gentille femme. Je l'aime beaucoup même si je sais pertinemment qu'elle ne remplacerait jamais ma mère. Quant à son fils, c'est comment dire...Un emmerdeur professionnel. Lenny était la caricature parfaite du mec qui est le capitaine de l'équipe de football américain depuis qu'il sait tenir un ballon dans les mains. Rien dans la tête, tout dans les bras... Mon père et sa mère sont souvent en voyage d'affaire. Du moins, c'est ce que j'ai cru comprendre quand mon paternel a essayé de m'expliquer la situation pour la première fois en me disant qu'ils seraient absents pendant deux mois et que Lenny serait là pour me surveiller. Me surveiller...Comme si j'avais besoin de quelqu'un pour ça... Surtout en sachant le nombre de bouteilles et de filles que j'ai vu défiler dans cette maison. Lenny me méprisait et je le méprisais tout autant. Du haut de ses 19 ans, il croyait que tout lui était dû et que sachant qu'il était le plus âgé, il passerait avant. Faux, faux et faux. Pourtant, mon père a débloqué assez de fond pour faire en sorte qu'il intègre une prestigieuse fac d'économie. Le commerce à l'international... C'était ça son rêve. Si seulement...

Je fixai toujours mon écran d'ordinateur qui venait subitement de s'allumer laissant apparaître une photo de Gabin et moi quand nous étions allés à DisneyLand Paris en février dernier. Nos parents ne voyaient pas l'intérêt de faire le voyage jusqu'en France alors que nous avions deux parcs Disney dans notre pays. C'était pourtant simple. Depuis que nous étions enfants, nous étions passionnés par la culture française et sa gastronomie, bien que me retrouver en tête à tête avec un escargot ou une cuisse de grenouille ne m'ait jamais enchanté. Mais ici, qui a parlé de manger ! La France est le pays le plus visité dans le monde et moi aussi je voulais à mon tour m'y rendre. Ça avait été fantastique. C'est une expérience que je n'oublierais jamais et j'espérais bien pouvoir y retourner bien vite.

Subitement absorbée, je m'approchai de l'écran et y déposai mes deux mains à plats, comme attirée tel un aimant. Celui-ci grésilla presque instantanément avant de s'éteindre brusquement. Je retirai mes paumes, surprise. C'est à ce moment que je vis l'ombre d'une main sur l'ordinateur. Cette ombre semblait venir de l'intérieur et vint se poser sur l'écran à son tour. Soudain celui-ci devint complètement blanc, la main disparue également comme si elle avait été le fruit de mon imagination. Je reposai une nouvelle fois mes mains sur l'écran quand deux paumes virent se poser sur les miennes, dans l'ombre. On aurait dit que quelqu'un se trouvait derrière l'écran et qu'il cherchait à m'attirer. Ou du moins à capter mon attention sur quelque chose d'important...

Prise de panique je voulu enlever mes mains. Ce n'était pas normal et les histoires paranormales m'ont toujours fait flipper à ne plus pouvoir en dormir pendant une nuit entière. Mais rien n'y faisait, elles étaient comme collées à la vitre alors que nombreuses autres mains venaient se rajouter aux deux premières. Je respirai fort. Beaucoup trop fort et je sentais des gouttes de sueur perler sur mon front. Typique de mes crises de paniques. Même compter dans le désordre ne fonctionnait pas comme point d'encrage. Il faut que ça s'arrête...

- Il faut que ça s'arrête !

Sans m'en rendre compte j'avais crié cette dernière phrase, à bout de souffle. Au même moment l'écran se ralluma sur la photo de déverrouillage et mes mains tombèrent d'elles-mêmes sur mon clavier.

Je refermai mon ordinateur sur un léger claquement, les mains tremblantes. Qu'est-ce qu'il venait de m'arriver ? Est-ce que c'était une déformation de mon esprit ? Non aucunes chances... Aucunes chances de savoir s'il s'agissait de pure folie ou d'une réelle pathologie. La seule chose dont j'étais sûre jusqu'à maintenant, c'est que ce qu'il venait de se produire était loin d'être normal...

Je ne voulais pas rester ici, pas dans cette pièce... Je ne savais pas ce qu'il s'était passé, ni pourquoi mais je n'allais pas attendre que cela se reproduise pour vérifier les éventuelles hypothèses que j'avais discrètement élaboré dans un coin de mon crâne. Et dieu sait que la plupart de ces scénarios sont sordides et ne finissent pas bien...

Je secouai la tête comme pour reprendre mes esprits et descendis en trombe dans la cuisine. Il était impératif que je fasse autre chose pour me libérer l'esprit de toute cette folie. J'allais entrer dans la cuisine lorsque je me rendis compte que j'allais faire cette charmante rencontre qui allait illuminer ma journée, je le sens...

Neverland ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant