THE ASIAN | SHOWNU

XV

De : shownu :)
" Désolé, je ne peux vraiment pas :( "

Décidément, nous adorons jouer à " Suis-moi, je te fuis, fuis-moi, je te suis." C'est ce que nous faisons sans cesse et quand nous avons enfin trouvé un bon équilibre, quelque chose de totalement inattendu apparaît dans nos vies.

J'ai envoyé un message à Shownu, lui demandant si on pouvait se voir. Bien évidemment, je l'avais tout d'abord remercié pour les fleurs et il avait répondu très rapidement, mais n'avais répondu que deux jours après au second message que je lui ai envoyé. Et il m'avait répondu qu'il ne pouvait pas.

J'aurais aimé dire " Tant pis, c'est la vie." mais je suis déçue. Je sais qu'il n'y a pas que moi qui ai souffert dans cette histoire, nous l'avons tous été, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il me repousse. C'est sûr, je savais que je n'y arriverai pas d'un claquement de doigts, mais après tout ce qu'il avait fait pour se faire pardonner, comment pouvait-il fuir de la sorte ? Être devenu froid d'un coup en seulement quelques jours ?

Je souffle en balançant mon téléphone sur le matelas de mon lit et m'affale dessus, le regard sur le plafond.

Je reste là longtemps mais je ne saurais pas dire combien de temps. Pas vraiment très longtemps puisque je dois aller au lycée. En y pensant, je croisais un peu plus Shownu entre les murs de l'établissement, mais depuis deux jours je ne l'ai pas du tout vu.

Je me demande vraiment ce qu'il se passe, c'est beaucoup trop étrange. J'essayerai de le chercher là-bas.  

Je me relève et prends mon sac noir et me chausse après avoir enfilé un blouson. Je descends rapidement les escaliers et croise ma mère qui pour une fois est assise sur le canapé, sa tasse de café qu'elle porte à sa bouche d'une main et la télécommande dans l'autre, son regard viré sur la grosse boîte électronique.

Elle me lance un bisou de loin avant que je ferme la porte. Je marche sur le trottoir cassé par je ne sais quoi, les mains dans les poches, la tête nichée dans le col de mon sweat cachant mon visage jusqu'à mes narines.

Du ACDC résonnant dans mes oreilles, j'avance dans ma bulle vers mon établissement. La cloche va bientôt sonner et je ne supporte pas d'être en retard, toujours à l'heure où en avance. Mes chaussures claquent sur le sol fait de béton, tapant certaines fois dans des minuscules pierres de la taille d'un atome tandis que le vent secoue les branches des arbres qui commencent à être une nouvelle fois couverts de feuilles vertes par l'arrivée du printemps.

Je passe les grilles du grand portail gris tout un répondant par un signe de tête au surveillant disant bonjour à tous les élèves, un grand sourire ornant ses lèvres alors que tous les adolescents présents tirent la gueule. Tous sauf Sofia qui m'attend de pied ferme devant les portes de l'établissement, souriante et ses pommettes relevées plissant ses yeux bleus. Elle secoue ses deux mains rapidement pour me faire " coucou ", paumes vers moi, son sac à dos rose à ses pieds chaussés de Docs Martens de la même couleur où elle n'a même pas pris le temps de faire correctement ses lacets s'alliant avec son gros sweat d'une couleur aussi girly contrastant avec l'énorme tête de mort humaine noir dessinée sur son haut, sa veste en cuir et son jean troué de cette même valeur aussi sombre, ses cheveux blonds attachés en une basse queue de cheval.

Oui, elle peut énormément me ressembler niveau style vestimentaire tout en restant elle-même, au moins un détail de chaque élément de sa tenue rappelle son côté enfantin : ses petites boucles d'oreille en forme de couronnes, la couleur rose sur quelques éléments ainsi que des petits gâteaux dessinés sur son jean.  

Je me retrouve rapidement devant elle et lui souris en retour. Elle ramasse son sac, le plaçant correctement sur ses deux épaules avant de m'entraîner à l'intérieur du lycée. Nous avançons dans les couloirs et posons quelques affaires à nous dans nos casiers respectifs qui ne nous servent à rien en ce début de journée.

Les rires des adolescents résonnent dans les couloirs tandis que Sofia me raconte son week-end, qu'elle s'est à nouveau fait dragué sur un réseau social avec un petit "f" comme logo et qu'elle commence à en avoir assez qu'on la prenne pour une fille facile ce qu'elle n'était absolument pas. Elle était extrêmement compliquée, mais vraiment, quelques fois, je ne comprends même pas ses choix. Le mec de ses rêves est tout simplement ce genre de prince charmant qu'on ne trouve que dans les contes de fées, mais même si j'ai essayé des nombres incalculables de fois de lui faire comprendre que ce genre de personne, elle préférait rester dans sa bulle, mais je pense que celui qui lui conviendra sera aussi fou et enfantin qu'elle, c'est peut-être pour ça qu'elle s'entendait si bien avec Tom.

En parlant de ce dernier, nous nous rapprochons de lui qui est installé à même le sol, la joue contre la paume un air soûlé sur le visage. Je m'assois en face de lui et Sofia fait de même, nous intéressant aux paroles d'un ami à Tom, Kye je crois. Cet enfant a beaucoup trop d'amis...

" Han.. oui, Jace !, fait semblant de gémir le blond nommé Kye, ses yeux verts pétillants malice."

J'éclate soudainement de rire suivie de Sofia qui pose sa main sur sa bouche ouverte alors que je retiens mon ventre. Les autres garçons présents rigolent aussi, se moquant ouvertement du gay.

Ce dernier lève les yeux au ciel, mais je vois très bien le petit rictus sur l'embrasure de ses lèvres rougies par le froid du vent. Je lui tape l'avant-bras avant que Kye rajoute :

" Je plaisante, j'espère que ça durera longtemps mec !