Chapitre 19

291 15 0
                                    

  Elle scruta sa destination et fut abasourdie.

Par la beauté du lieu, certes. Mais pas que. Quelques invités étaient étranges. C'étaient des femmes. Des danseuses. Elles portaient de somptueux masques et étaient vêtues de belles tenues conformes à leur activité. Mais le plus étrange, c'était que certaines étaient perchées en haut d'un arbre, sur une branche, sur la balustrade du balcon ou du pont qui passait au dessus d'un bel étang. Ou d'autres étaient tout simplement sur la pelouse. Mais elles ne cessaient de danser. Les danseuses prenaient parfois des poses, le temps d'accomplir une figure compliquée puis reprenaient ce rythme frénétique.

D'autres femmes, légèrement vêtues, se cachaient dans de gigantesques plans de fleurs. Certaines avaient des roses plantées dans leur coiffure.

Damon tendit un masque noir à Elena tendit qu'il enfilait le sien, qui était du même coloris que celui de la jeune femme. Il lui tendit son bras, elle s'en saisit et ils avancèrent vers le pont qui surplombait l'étang. Une fois dessus, Elena regarda par dessus et distingua des fleurs de lotus à la surface ainsi qu'un nombre incalculable de lucioles aux multiples couleurs. Elle avait l'impression d'être dans un conte de fées. Mais cette illusion fut de courte durée.

Quand ils descendirent du pont, le sol n'était qu'un sentier de forêt recouvert de feuilles mortes. Ils firent quelques pas quand, soudain, Damon s'immobilisa et lui intima de ne pas faire de bruit. Elle obéit et scruta les immenses pins, tout comme Damon.

Alors qu'il n'y avait plus de bruit ni même un seul signe de vie, le buste d'un homme sortit de terre, recouvert de boue et de feuilles, lança ses bras vers le ciel en lâchant un cri à vous percer les tympans. Elena hurla elle aussi. L'homme était squelettique, son corps décharné faisait peur à voir. On aurait pu jurer qu'il sortait tout droit de ces films d'horreur qui vous font des frissons dans le dos et qui vous angoissent du début à la fin.

La créature, se traînant à l'aide de ses bras, glissa jusqu'à Elena en une fraction de seconde et lui attrapa la cheville sans que Damon ait pu voir le coup venir. Alors il se mit en position d'attaque et retroussa ses lèvres sur ses canines démesurément longues et aiguisées à souhait. Là, il lâcha un grognement bestiale. Si puissant et si redoutable que des oiseaux quittèrent les branches qui les cachaient précipitamment en piaillant à qui mieux mieux. Une plume tomba devant les pieds d'Elena. Une plume noir irisée. Celle du corbeau. Elle lança un regard inquisiteur à Damon qui souleva ses épaules en signe de son ignorance tandis que la bête retournait se terrer dans sa cachette.

Le ténébreux vampire entraîna rapidement sa cavalière dans son sillage et ils traversèrent le bois.

Enfin arrivés, Elena contempla la beauté du lieu. Entièrement recouvertes de neige, les pierres tombales se dressaient les unes à côté des autres tels des soldats au garde-à-vous. Des soldats défunts, s'entend.

Cette prairie de la mort, d'une longueur infinie, offrait la vue sur les ruines d'une très vieilles abbayes. On distinguait encore la forme du chœur ainsi que l'autel mais quand aux murs en eux-mêmes, on comprenait vite qu'ils avaient été victimes d'un incendie. De toute façon, comment le symbole même de Dieu pouvait-il restait intacte dans le pays du Diable en personne ? C'était tout simplement impossible.

Une brise glaciale fit flotter les cheveux d'Elena derrière elle. Un frisson parcourut tout son corps. Damon frotta alors frénétiquement ses bras afin de la réchauffer. Un geste que la jeune apprécia grandement. Elle le remercia d'un sourire timide agrémenté d'un signe de tête.

Son compagnon l'entraîna au centre du cimetière, juste devant un caveau. Il ouvrit la grille en fer qui grinça sur ses gonds sous l'effort. Un grand escalier descendait dans des profondeurs que les pauvres yeux d'Elena ne distinguait même pas. Des flambeaux étaient allumés et étaient fixés tout le long de l'escalier. Damon s'y engouffra.

Ils s'arrêtèrent dans des catacombes. Des bougies brûlaient partout et des gens sirotaient tranquillement leur verre contenant un liquide rouge foncé. La jeune femme compris qu'ils étaient des vampires en remarquant leurs canines.

A peine fut-elle entrée que tous les regards se braquèrent sur elle. Elle déglutit péniblement, détestant être le centre d'attention.

Un homme qui se trouvait tout au bout de la salle, un peu en hauteur, se dirigea vers eux. Ses chaussures italiennes claquaient sur la pierre bleu, donnant un effet assez morbide à la scène. Tous les invités s'écartaient sur son passage, lui confectionnant comme un haie d'honneurs. Elena plissa les yeux et distingua que c'était une femme en réalité. Vêtue d'un pantalon blanc moulant, d'un chapeau tricorne et d'une chemise pourpre façon Napoléon agrémentée de chaînes dorées, elle se posta devant eux avec un sourire satisfait et suffisant.

- Tiens donc ! Mais voici mon vieil ami Damon Salvatore !

A l'entente de ce nom tous les invités chuchotèrent et regardèrent l'intéressé avec respect.

- Depuis combien de temps ne nous sommes nous pas vus ?

- Et bien...je dirai un bon cinquante ans ! répondit-il, fusillant son interlocutrice du regard. Tu n'aurais pas quelque chose à me rendre par hasard ?

- Si ! Bien sûr ! Mais crois-moi, ce n'est qu'un mal entendu. Il est tombé de ta poche quand tu es parti la dernière fois que tu es venu...

- Impossible vu qu'il était dans mon coffre et que celui-ci était fermé à double tours.

- OK. Je capitule, rétorqua-t-elle d'un sourire narquois.

Elle lui tendit une pierre blanche, légèrement transparente. Damon la saisit de mauvaise grâce avant d'enfourner méchamment l'objet au fond de la poche intérieure de sa veste.

- Que dirais-tu d'aller faire un tour à l'extérieur ? lui demanda-t-elle.

Elena en sursauta.

"Quoi ?! Retourner dans le froid ?!"


Le jeune femme déglutit péniblement.

Damon la prit par la taille et ils traversèrent la pièce sous les regards interloqués des autres participants de la "fête". Car personne n'avait vraiment l'air de s'amuser.

Ils grimpèrent une nouvelle volée de marches et se retrouvèrent à l'air libre. Il faisait chaud et les rayons du soleil dardaient la peau des promeneurs.

- Alors dis-moi: qui est cette jeune femme ?

- Elena Gilbert, ma nouvelle esclave. Tu ne trouves pas que je l'ai bien choisie ? rit-il.

- J'approuve tout à fait ! Depuis quand est-elle à toi ?

- Environ une semaine ou deux... J'avoue qu'elle est très compétente !

L'intéressée le regarda étonnée ! Que voulait-il dire par là ?  

Mon sang sur tes mains [TERMINE]Where stories live. Discover now