Mon sang sur tes mains [TERMINE]

Chapitre 16

  Stefan lia alors les mains de Bonnie et Damon se chargea de celles d'Elena, chacuns des deux hommes tenant l'extrêmité de la corde, telle un espèce de laisse. Sauf que celle-ci n'était pas attachée au cou mais aux poignets des jeunes filles. Damon prit la tête de la marche et se dirigea tout droit vers la falaise. Il souleva un rideau de mousse qui recouvrait la pierre et entra dans la grotte.

Celle-ci était très sombre, l'air frais. Des chauves-souris avaient élu domicile à l'intérieur et l'on distinguait leurs yeux rouges dans l'obscurité tels des monstres guêtant leurs moindre faits et gestes. Un frisson passa dans le dos d'Elena, angoissée par l'atmosphère morbide. Une odeur de pourriture régnait dans l'endroit.

Les deux jeunes filles ne distinguaient même pas le bout de leur nez et avançaient donc à l'aveuglette, marchant à tous petits pas et faisant pester Damon par leur lenteur.

Le sol de la grotte se profilait en pente douce mais heurtée par des pierres et des choses parfois visqeuses, d'autres parfois collantes ou même gluantes qu'Elena n'arrivait pas à identifier.

A chaque pas qu'elle faisait, la température remontait jusqu'au point où elle devint même suffoquante. Son coeur s'affolait à chaques foulées sous la pression de l'angoisse et du stress. Damon fut obligé de tenir sa main fermement et de la caresser de son pouce gentillement pour la calmer.

Elena se tourna pour voir Bonnie mais se heurta au torse de Stefan. Elle ne vit même pas sa meilleure amie qui s'était cachée derrière son petit ami à cause de la peur.

Elle soupira.

Au moment où elle se demandait si cette descente aux Enfers allait encore durer longtemps, la jeune fille distingua un rai de lumière qui filtrait derrière une multitude lière. Damon l'écarta et Elena ouvrit grand les yeux sous ce nouveau paysage qui s'offrait à elle.

La nature ainsi que tous les bâtiments de cette...ville ? (Ce village ? Elle n'aurait su le dire) qu'elle voyait, se trouvant derrière un large fleuve, étaient noirs.

Alors qu'elle avait quitté la Terre aux environs de midi, ici, le soleil avait déjà décliné et était en train de se coucher. D'ailleurs, celui-ci n'était ni jaune ni orange, mais d'un rouge profond qui laissait derrière lui des traces sanglantes dans le ciel.

Le petit cortège se dirigea vers le bord du cours d'eau. Cette dernière n'était pas bleu ni verte mais couleur d'encre. Elena ne distinguait même pas la différence entre la terre ferme et la surface de l'eau à cause du brouillard qui les recouvraient.

Une espèce de silhouette squelettique, debout sur une barque et encapuchonnée dans un grand manteau difforme, vint vers eux et stoppa sa barque juste devant les deux frères qui s'étaient postés devant les filles. Il s'exprima de sa voix caverneuse en une langue qu'elles ne comprirent pas. Damon lui tendit alors quatre pièces dorées où un visage était gravé de profil dessus. La silhouette tendit sa main...de squelette et s'en saisit.

Bonnie ne put retenir un cri. Damon se retourna vers elle et lui grogna dessus comme un animal l'aurait fait pour dissuader son adversaire de le défier.

La jeune fille baissa la tête, intimidée et morte de peur. Une larme roula sur sa joue. Elena eut envie de la réconforter mais repensa à la réaction de Damon lorsque Bonnie avait crier et se retint. Si elle avait pu gifler Damon, elle l'aurait fait sans hésiter !

Ils montèrent dans la barque et le spectre les emmena de l'autre côté de la rive. Durant la traversée, Elena voyait des tas de personnes attachées tout comme elle. Des hommes, des femmes de tout âge et même des enfants. Certains tiraient sur leurs liens mais se faisaient punir par une gifle de leur maître.

Elena remarqua un petit enfant âgé de cinq ou six ans, pas plus, qui pleurait à chaudes larmes. Soudain, un homme de grande taille et au teint blâfard le secoua violemment, faisant redoubler les pleurs de l'enfant. Exaspéré par les lamentations de son esclave, le maître fit apparaître un fouet de nulle part, le prit en main et fouetta de grands coups le dos du petit. Celui-ci criait, hurlait sa souffrance.

Le coeur de la jeune fille se serra. Elle aurait voulut le prendre dans ses bras pour le réconforter ou du moins prendre les coups à sa place pour lui épargner cette peine. Elle regarda Damon, au bord des larmes. Celui-ci lui lança un regard d'impuissance.

Soudain, Elena entendit la voix de Damon dans sa tête:

<<Bienvenue en Enfers...>>
Elle le regarda, interloquée. Avait-elle rêvé ? Le vampire hocha la tête pour lui faire comprendre que non.

Ils avaient communiqué par la pensée.

Le ton de Damon avait été lasse, comme ennuyé par le spectacle qu'il voyait, mais nullement outré.


<<C'est tout à fait normal ici>>
Elena déglutit.

Arrivés sur l'autre berge, ils descendirent rapidement et se dirigèrent vers des cabines de deux places portées de chaques côtés par deux esclaves.

Damon monta dans l'une, suivit de près par Elena. Stefan prit la seconde et Bonnie imita son amie.

Une fois la porte fermée, Damon lui dit:

- Je suis désolé que tu ais vu cela...

- Mon Dieu... C'est horrible ! Faire ça à un enfant ! Un être innocent ! Comment a-t-il bien pu se retrouver ici ?

- Il est passé au mauvais endroit au mauvais moment...

- Ca n'a pas l'air de te déranger plus que ça ?!

- Ca fait cent cinquante ans que je vois ça, Elena. Il va falloir que tu t'y fasses si tu ne veux pas devenir folle.

Elle hocha la tête, nullement réconfortée. Le martyr de l'enfant était encore dans sa tête et repassait en boucle sans jamais s'arrêter.

- Où allons-nous maintenant ? lui demanda-t-elle.

- Chez nous, répondit-il platement.

Le trajet se termina en silence jusqu'à un immense manoir de style Victorien. La façade semblait usée et l'intérieure de la maison inhabitée.

Ils descendirent tous des cabines et Damon fit entrer tout le monde dans la bâtisse.

Là, Elena comprit qu'elle s'était trompée. La maison était tout ce qu'il y a de plus neuve et propre. Des tas de domestiques grouillaient dans la maison, vaquant à leurs occupations et baissant la tête en croisant le chemin de Damon et Stefan.

Les jeunes filles regardaient Elena et Bonnie d'un air désolé et horrifié à la fois.

Les deux amies se regardèrent, terrifiées elles aussi.

Ils gravirent des escaliers monumentaux et traversèrent des tas de couloirs et de salles jusqu'à arriver dans un grand hall qui donnait sur deux portes. Elena nota au passage que la personne ayant oragnisé l'aménagement avait beaucoup de goût.

Damon ouvrit la porte de droite et poussa séchement Elena à l'intérieur de la pièce.

Ce n'était autre qu'une chambre. Gigantesque.

- Voilà. On s'installera ici.

- La chambre est magnifique.

- Content qu'elle te plaise car tu risques d'y passer beaucoup de temps.

Elena le regarda, interloquée.

- Comme tu es mon Esclave en titre (NDL: on sentait bien la majuscule dans la voix de Damon), nous faisons chambre commune !

- Pardon ?! demanda Elena, comprenant soudain les paroles de Damon avec horreur.