Paraphrase.

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Paraphrase.

Il fait nuit, encore. C'est la même nuit que l'autre fois, et que celle d'avant aussi. C'est la nuit et la nuit n'est pas froide. Elle n'est pas tiède non plus. C'est une nuit de printemps. Et sans la décrire pour autant, ils savent que c'est une nuit sans hiver. JungKook est assis sur un trottoir brillant de lune, près d'un parc frétillant sous les vents nocturnes. Il y a encore les vibrations des basses qui s'acharnent dans sa tête. Il sent son corps battre en même temps que son cœur. Il sent le lumière bouger sous ses mouvements de paupières. Et il est assis par terre sur un trottoir brillant, juste à côté d'un parc frétillant, en centre ville. Il n'y a personne dans les rues. Il n'y a que Jimin assis à côté de lui. Et ils sont tout deux remplis des ondes de leur soirée, à en déborder d'euphonie. Il fait nuit, c'est samedi, et il n'y a personne sous les lumières du noir.

Jimin regarde JungKook qui regarde le ciel qui regarde le vide. JungKook se met à rire. Puis il s'arrête. En arrivant ce soir là il était euphorique et il riait beaucoup et il disait des mots grandioses. Il promettait des choses au soleil, et puis aux étoiles et puis à plein de belles entités comme ça. Il disait que demain serait bien, que la vie irait bien, qu'il n'avait pas de soucis à se faire. Maintenant, il est assis dans la nuit et il ne promet plus rien. Il a le visage rougi et les iris dilatées. Jimin regarde sans rien dire. Jimin sait. Jimin voit. Mais que dire ? Soudain, JungKook bascule en arrière et pose sa tête sur le béton luminescent. Il parle. Il parle véritablement.

« -Je devrais le haïr, non ? Impossible. Je ne peux pas. Et je devrais l'oublier ? Hors de question. Je ne peux pas l'oublier. Je pense à lui en continu, c'est comme un film que je connais par cœur et qui se répète dans ma tête sans s'arrêter. Et je connais toutes les scènes, toutes les répliques et je sais comment le film va se terminer. Je sais que c'est foutu, que ça va droit dans le chaos mais je ne sais pas quoi faire. Je regarde la séquence jour après jour, encore et encore. J'essaie de trouver l'erreur dans le scénario, de trouver là où les acteurs se sont plantés, mais non. Non. Je suis coincé là. »

Jimin hoche la tête d'un mouvement délicat, compréhensif, absent en lui même.

« -Mais il y a toutes ces couleurs là dans mes yeux. Ça ne part jamais. Et quand je le croise dans les couloirs, ça implose de partout. C'est si beau. J'ai l'impression de suffoquer à cause de la lumière qui se sublime dans les coins. Imagine un peu, il ballade les étoiles dans sa tête. Elles tombent de ses mots et de ses gestes. Il est surhumain. Il est ultra-terrestre. Et moi, et moi, et moi, je sais pas. Imagine, il y a tout dans son corps. Tout. Qui peut contenir tout ? Personne. A part lui. C'est lui. Et moi, et moi, je sais pas. Je savais pas. Je savais pas qu'on pouvait souffrir si bien. »

Jimin se dit qu'elle est quand même belle cette tristesse. Et qu'elle l'empoisonne. Comme toutes les belles tristesses. Et c'est parce qu'elle est belle qu'on s'y accroche. Et les deux garçons sont seuls, perdus, ivres. Ivres de leur solitude, ivres de silence, ivres de désolation. Et quand ils s'embrassent, c'est avec la passion d'une douleur affolante. Et c'est l'amour qu'ils portent pour un autre qu'ils essaient d'enfouir. Et c'est dans les bras de la mauvaise personne qu'ils vont noyer la soif insatisfaite d'un trou béant. Ils se serrent fort, dans la nuit. Et c'est samedi soir. Et ils sont seuls ensemble. Et ils tuent l'amour ensemble. Parce que sinon personne ne le fera. Mais l'amour ne meurt pas. Et ce baiser a un arrière goût d'alcool avec un soupçon de désespoir.

Soûls de perte et fous de victoire.
Embrasse donc mon poison.
Et tourne moi en déraison.

Sûrement que dans une autre réalité, il n'y a pas de larmes dans les baisers.

Âmes Poétesses - TaeKookWhere stories live. Discover now