Image.

2.2K 393 66
                                    

Image.

Fragmentation de pensées et questions insensées. TaeHyung essaye de ne pas réfléchir mais il a le crâne lourd, et les points d'interrogation ricochent contre ses parois, encore et encore. La musique l'assourdit. La lumière l'aveugle. Il aimerait arrêter de penser. Il aimerait arrêter de tout arrêter. Il souhaite des choses impensables et comme elles ne se réalisent pas, il reste assis là, sur son lit. C'est un long dimanche, prisonnier d'un vide trop plein. Le dos courbé, les mains lisses, il attend dans le vide. Il confond crépuscule et aurore, rires et pleurs, les deux à la fois, peut être. Il n'a pas la force de se lever. Il se dit qu'il devrait descendre quand on l'appelle, mais il n'y arrive pas. Son corps ne veut plus fonctionner. Et son cerveau n'est pas vraiment là, il s'est noyé dans sa propre masse osseuse. Et TaeHyung croit voir des oiseaux derrière la fenêtre. Ce ne sont que des ombres, encore. De belles ombres, peut être.

Ce matin, il est allé à l'église. Il a regardé autour de lui. Il a vu les mères sourire, les pères resserrer leurs cravates, les enfants piétiner les carreaux abîmés. Il a vu sa mère, son père, son frère et tous les autres mentir. Il a menti aussi. Et il a avalé l'hostie sans rien dire. Sa mère a prié très fort avant de rentrer à la maison. Elle avait la passion et la douleur. Elle a prié un dieu qu'elle ne connaît pas, pour qu'il lui donne un espoir que lui même n'a pas, mais tout le monde y croit. Sauf TaeHyung. Il sait contre quoi elle prie. Mais il ne veut pas savoir alors il ne sait pas. C'est dans son corps qu'il enfouit tout ça. Sa mère ne lui parle pas. S'il ne sort pas de sa chambre, personne ne s'en aperçoit. Il se dit qu'il pourrait disparaître là, qu'il pourrait s'évaporer et que personne, pas même sa propre conscience ne s'en rendrait compte. Il enfouit ça. Il range ça dans son corps même s'il n'y pas beaucoup de place. En rentrant ce matin là, TaeHyung a regardé les papiers qu'il avait accrochés aux murs. Il voulait tout enlever tellement c'était imparfait. Il ne l'a pas fait. Il a juste cessé de regarder.

Depuis des heures il est là, assis sur son lit, les yeux vitreux, les membres délabrés, sans même assez de forces pour redresser la tête. Il sent le ciel bouger derrière le velux. Il garde ça pour lui, car il sait que ça n'intéresse pas. Son frère est venu le voir aux alentours de seize heure. Il s'est assis au bureau et lui a parlé. Il a mâché son chewing-gum bruyamment entre chaque mots. Et comme TaeHyung ne répondait pas à ses questions, ne bougeait pas d'un millimètre, il s'est énervé, exaspéré, lui a dit qu'il était bizarre et s'en est allé. TaeHyung aurait préféré dire qu'il n'avait rien entendu, mais ses oreilles avaient tout écouté. Et ça a saigné dans sa poitrine d'animal. Il a eu envie de pleurer. Il ressasse encore les mots de son frère. Longtemps. Il ne descend pas pour le dîner. Il sait que personne ne fera l'effort de s'en formaliser. Il sait que sa mère jettera un soupçon de regard mauvais sur sa place vide, puis la famille mangera dans la même ombre que d'habitude, sous les mêmes faisceaux instables que d'habitude.

« -Au collège mes amis ont tous des frères qui jouent au football. Pourquoi toi t'es pas comme ça ? Tu fais quoi toi ? Parfois j'ai l'impression que t'es pas là. »

Ce sont ces mots qui le réveillent vers vingt deux heure. Soudain TaeHyung pense à JungKook. TaeHyung descend les escaliers difficilement. Il boit quatre verres d'eau et commence à manger une pomme. Chaque quartier est une torture. C'est comme planter le couteau dans son âme. Il mâche dans ses larmes et avale en un coup amer, fait de sang et d'enfer. Puis il prend les restes qu'a laissés son père dans le frigo. Il trouve une fourchette et commence à manger, pleurant, subissant en silence. Et chaque bouchée le tue, lentement.

Peut être que dans une autre réalité où les choses ne sont pas dérangées, TaeHyung veut bien croire qu'on puisse l'aimer.

Âmes Poétesses - TaeKookWhere stories live. Discover now