L'Art de Mentir ✔

Chapitre 6

À la récréation, j'avais cherché du regard une certaine brune, mais ne l'avais malheureusement pas trouvée.

La sonnerie avait retenti, nous nous étions tous dirigés vers la grande salle à l'étage afin de continuer notre travail.

Notre "travail".

Arrivés à destination, nous nous replaçâmes à nos places respectives, reprenant nos feuilles de scripte​, les lisant de temps en temps, parlant plus souvent.

L'heure passa bien lentement sans la petite brune qui semblait avoir disparu. Alors que je m'inquiétais au fur et à mesure que les secondes défilaient, une brillante idée me traversa l'esprit.

Son numéro.

Je pris mon téléphone dans une main, le cachant du regard des profs et pris le petit bout de papier, le cachant du regard de mon groupe.

Je me contentai simplement de taper les numéros sans prendre la peine de noter son nom, le temps m'étant compté.

"Salut. C'est William. "

Pitoyable...

Qu'est-ce qu'il m'avait pris d'envoyer un message aussi plat ?!

Idiot...

Mes mains en tremblaient encore, quel con...

Les autres membres de mon groupe n'avaient pas eu l'air de détecter mon trouble, même si un simple regard échangé avec Maxime me suffit à comprendre que j'avais été assez discret pour eux, mais pas pour lui.

Il avait très bien compris que je venais tout juste de jouer ma vie.

Le pire fut la réponse que je reçus peu après.

"Coucou ^^ ! Tu n'es pas censé être en cours ?"

Mon souffle venait littéralement de mourir, mon cœur avait dû s'arrêter un bref instant et ma vision s'était troublée un court moment.

Là, oui. Maxime avait très bien compris. Un regard appuyé de plus et le marathon que je semblais avoir couru me suffit pour que je mette en veille mon téléphone presque par réflexe avant de l'éloigner le plus de moi afin de ne plus avoir affaire à ce genre de sentiments.

Je m'en écartai comme s'il avait été contaminé par un quelconque poison mortel et me replongeai difficilement dans la conversation qui avait lieu.

« Mais si ! Puisque je vous dis qu'on jouera devant toutes les classes à la fin de l'année ! S'énerva Éloïse.

- Mais ça veut dire quoi, les autres classes ? Toutes les troisièmes ? Tout le collège ?! Paniqua Anthony, passant sa main dans ses cheveux blonds.

- Toutes les troisièmes, plus ceux qui prendront des places à la vie scolaire ou qui s'incrusteront durant le spectacle. Essaya d'expliquer Amélie, ses yeux ambrés fixés dans ceux, bruns, de Anthony.

- C'est pour ça qui va falloir assurer le jour J. Conclut Aya, avec un léger accent japonais. »

Emballé, c'était pesé. Je ne savais pas si cette simple conversation avait suffit à remotiver tout le monde, mais si c'était le cas, je n'allais pas m'en plaindre.

Ils avaient enfin compris qu'il fallait s'y mettre.

Tous se plongèrent dans leurs feuilles, lisant, relisant, récitant en murmurant leurs répliques.

Je les immitai, suivant le mouvement, mais repris mon téléphone le plus discrètement possible.

1 nouveau message.

"William ? T'es là ?"

"Oui, excuse-moi, j'ai failli me faire prendre par la prof."

Pourquoi éprouvais-je plus de remords à mentir que d'habitude ?

"Alors ça répond à ma question. Tu es en cours."

"Oui mais toi tu n'es pas censée l'être aussi ?"

"Si, j'ai juste eu quelques soucis."

"Quels genres de soucis ?"

"Des problèmes de fille. Tu ne voudrais pas savoir."

"Je crois que j'aurais mieux fait de ne rien dire..."

"Mais non, c'est mignon."

Je crois que mon cerveau a subitement arrêté de fonctionner à ces mots. J'ai peut-être aussi été un peu blessé dans mon amour propre soit dit en passant...

"Moi ? Mignon ? Tu rigoles ?"

"Ça fait beaucoup de questions ça..."

"Oui mais qu'une seule réponse."

"Persuasif en plus de ça."

Je levai la tête, faisant mine que je récitais une de mes répliques, cherchant en réalité quelle réponse donnée.

Sauf que je croisai le regard de Maxime, encore. Je mis en veille mon téléphone le plus discrètement possible et me replongeai dans mon texte un peu plus bas pour ne pas trop attirer son attention.

Désolé, Lise, mais tu vas devoir attendre.

≈≈≈