Je devais lui demander. Je devais lui demander si elle... si elle... Celle qui me suivait. Celle qui me parlait. Elle était une part de moi. Elle était comme moi.

Elle savait qui j'étais.

Comment j'étais.

Elle savait !

Comment ?

Pourquoi ?

_ Qui... haletai-je. Qui...

_ Chut, Basile, ordonna Anne en posant un linge humide sur mon front.

Je repoussai sa main, toussant. Je me redressai. La toux ne s'arrêtait plus ! Je continuais de tousser, la douleur transperçant ma gorge. Soudain, un goût. Métallique. Je regardai ma main. Ma mère retint son souffle, ses yeux légèrement écarquillés.

_ Mon dieu... murmura-t-elle.

Elle ne te l'a jamais dit, Basile, murmura la voix. Elle a préféré attendre que tu souffres... que tu la supplies...

Je grimaçai et retins un cri de douleur.

_ Qui est-elle ? Hurlai-je. Qui ?

J'agrippai ma mère par les épaules.

_ QUI ?

Damien entra dans la pièce.

La seconde suivante, je dormais.

Qui était-elle bon sang ?

J'ouvris mes yeux. Le jour se levait. Je m'étais recroquevillé autour d'Alice. Je grognai doucement et me redressai, légèrement courbaturé. Je regardai autour de moi, légèrement perturbé. Oui. Alice. Je souris en sentant une de ses griffures dans mon dos. Elle gémit dans son sommeil alors que j'embrassais sa nuque. Elle cligna des yeux et sourit paresseusement.

_ On pourra rester sous la couette, souffla-t-elle.

Je haussai un sourcil et frôla de nouveau sa bouche de la mienne. Elle ferma les yeux et inspira doucement.

_ Reste au chaud, murmurai-je.

_ Tu pars ?

Son murmure était légèrement bas, comme si elle pensait vraiment que j'allais partir.

_ Dans tes rêves, grondai-je doucement.

Elle eut un léger sourire et hocha la tête.

_ Je vais préparer le petit-déjeuner, repris-je. Je t'attends en bas.

Je déposai un baiser sur son front et me levai. J'enfilai rapidement mon pantalon et descendis les escaliers, doucement. J'étais encore dans l'humeur de mon rêve. C'est à dire un peu bouleversé. Je repensais rarement au jour où j'avais appris qui était cette Ombre qui me suivait. Cette Ombre qui me voulait du mal. Je n'avais pas appelé ma sœur depuis le lac... j'avais peur de le faire. Comme j'avais eu peur de la rappeler après mon départ de France. Quand j'étais ici, c'était comme si elle était reliée au second plan. Comme si j'étais plus moi-même ici, avec de meilleures bases et un meilleur entourage qui m'empêchaient de faire n'importe quoi. De sombrer tout simplement.

Je préparai le café et trouvai des biscottes dans un des placards. Je partis à la recherche de confiture et en trouvai enfin. Alors que je posai des tasses sur l'îlot de la cuisine, Alice apparut sur le seuil de sa cuisine, emmitouflée dans un gros pull de laine qui lui tombait sur les genoux. Elle se réfugia dans mes bras et je la pressai contre moi.

DE SANG ET D'ARGENT T2 Symbiosis [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant