Ma Décision (En pause)

Chapitre 6

- Ramène-moi des dossiers où je ne sais pas moi, mais la je m'ennuie vraiment.

- Profites-en pour te reposer Adam.

- Je pourrais me reposer à la maison. Il suffit juste que j'engage une infirmière à domicile.

- Vois ça avec maman.

- Marc ! S'il te plaît. Hier, je me suis fait astiquer la queue par des hommes. Tu comprends des hommes ? Plus jamais je ne veux avoir à revivre ça.

- Écoute, il fallait bien un jour que tu testes l'autre côté du trottoir.

Je regarde mon frère se bidonner, attendant qu'il se calme. Je tape rageusement de la main, à défaut du pied, sur la petite table.

- La bouffe est dégueulasse ici. Je vais me dessécher.

- Tu peux arrêter de te plaindre deux secondes, tu es pire qu'un gosse. Si tu as un problème, tu n'as qu'à en parler avec Alicia.

- C'est qui Alicia ?

- Le Docteur Doyer.

- Alors elle ! Je ne veux plus jamais la voir. Hier, elle a pété un câble sur moi parce que j'ai eu l'audace de ne pas vouloir être branlé par des hommes.

- Tu m'étonnes.

Marc repart dans un fou rire et je me retiens de justesse de lui jeter la télécommande à la tête.

- Bon, ce n'est pas que je t'aime pas mais les visites sont presque terminées.

- Ok, demande à maman de me ramener des cookies s'il te plaît.

- On verra si j'y pense.

- Non vraiment Marc. Si tu m'aimes vraiment, tu le feras.

- Que de mélodrame ! Ricane mon frère en sortant. Au fait, Daniel et Valentin passeront te voir demain.

Cool, j'espère qu'ils me remonteront le moral. Je soupire me retrouvant à nouveau dans la solitude de ma chambre.

- Non.

- Allez s'il te plaît.

Je tourne ma tête vers la porte de ma chambre que mon frère a oublié de fermer.

- Pourquoi ?

- Parce que, tu as fini dans une heure. Je ne vais pas te passer mon repas Arthur.

- Une petite bouchée. C'est toi qui m'a dit que ta belle-soeur était chef non ? Ça sentait hyper bon en plus.

- Non, non et non. Rit le docteur Doyer, enfin Alicia. Par contre, si tu promets de me ramener me ramèner un café de chez Yann demain matin...

- Avec une part de flan j'imagine.

- Ce serait parfait.

Elle lui pince la joue dans un geste affectif et le Docteur Grenelle rit. Ce mec a vraiment le physique du gendre idéal. Blond aux yeux verts, rasé de près, assez musclé.

- Je vais voir ce que je peux faire.

- Merci.

Alicia dépose un baiser sur la joue du docteur avant de s'éloigner. Ce doit être le père du bébé. Je n'ai pas remarqué d'anneau à son doigt, ils ne sont sans doute pas mariés. J'allume la télé en soupirant. La visite de mon frère m'a juste épuisé. Je n'aurais pas dû m'agiter autant. J'ai mal partout. J'appuie sur le bouton pour avoir une infirmière. Une dame de l'âge de ma mère entre en souriant.

- Vous avez besoin de quelque chose ?

- J'ai mal. Soufflé-je.

- C'est normal. Je vais demander au docteur pour qu'on vous administre un antidouleur.

- Hum.

L'infirmière quitte ma chambre sans oublier de fermer la porte. Je regarde la nuit qui tombe sur Paris. On est vendredi soir aujourd'hui. J'aurais dû être de sortie avec mes potes et je me retrouve cloîtré dans ce lit.

- Bonjour.

Le Docteur Doyer entre dans ma chambre avec l'infirmière sur ses pas.

- Voyons voir...

Elle soulève mon drap et vient palper mon corps. Je pousse un cri de douleur quand elle passe sur mes côtes.

- Aïe putain !

Imperturbable, elle continue de m'inspecter puis s'arrête aux plâtres de mes jambes.

- Bon, Martine, tu pourras rajouter un comprimé d'antidouleurs mais seulement après le dîner. Ça l'aidera à dormir.

- Très bien.

- Économisez-vous Monsieur Fontenoy. Évitez de vous agiter, de parler trop fort ou trop vite.

Je lui montre que j'ai compris puis elle sort de ma chambre.

- Le repas est servi !

L'infirmière est de retour avec mon plateau repas. De la purée fade avec une viande sans goût et trop cuite. Super. Attendez ! Le pire, je ne peux pas manger seul.

- Ouvre la bouche.

Quel cauchemar ! J'essaye de réduire au possible ce moment très gênant. Si mon frère et mes amis me voyaient, ils seraient écroulés de rire.

- Voilà, fini !

Elle m'essuie la bouche et j'ai l'impression de revenir presque trente ans en arrière. Martine ajoute de la morphine dans ma perfusion puis sors de ma chambre. J'éteins la lumière à l'aide de la télécommande puis regarde Koh Lanta jusqu'à somnoler.

*****

- Bonjour Monsieur Fontenoy ! Chantonne la voix de Martine.

- Vous pouvez m'appeler Adam. Chuchoté-je, la voix rauque de sommeil. Et me tutoyer aussi.

- Dans ce cas, appelle-moi Martine. Je t'apporte ton petit-déjeuner, café, biscottes au beurre et salade de fruits.

- Miam.

Martine rit devant mon air renfrogné. J'ouvre la bouche afin d'attraper la paille qu'elle glisse entre mes lèvres.

- Doucement, je pense que c'est un peu chaud.

J'avale avec plaisir le breuvage amer. Je m'imagine dans mon bureau, le café apporté par mon assistant. J'ai tellement hâte de pouvoir retourner bosser. Je grignote une biscotte et un peu de fruits.

- Je te laisse un verre d'eau si jamais tu as soif. Tu as juste à attraper la paille. Donc surtout pas de geste brusque ou tu risquerais de déplacer la table.

- Dommage, moi qui avait prévu de me lever pour faire un footing dans l'hôpital.

- N'importe quoi.

Martine quitte ma chambre et je replonge à nouveau dans la solitude et le silence. J'espère que mes amis vont bientôt arriver mais franchement à dix heures du matin, je ne compte pas trop sur eux. J'allume la télé, zappe puis finis par me résigner. Ce sera Desperate Housewives. J'en pleurerais presque. Je me fais pitié à moi-même, c'est vous dire. Je devrais être couché dans mon lit, après avoir passé une bonne nuit de baise. Combien de temps vais-je devoir faire abstinence ? Parce que ça va rapidement me soûler.

- Bonjour.

Je réponds par un grognement au Docteur Doyer qui garde tout même le sourire. Ses yeux sont soulignés par des cernes, qui d'ailleurs n'enlève rien à sa beauté. Je la regarde vérifier les appareils présents dans la pièce.

- Dites...

Elle ne semble pas m'entendre puisqu'elle continue l'inspection sans lever la tête vers moi. Je me racle la gorge afin qu'elle me remarque. Son regard est presque indifférent quand elle se tourne vers moi.

- Quand est-ce que je pourrais à nouveau avoir une activité sexuelle ?