Folie

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"-T'étais où?

-Oh chéri, je suis désolée, j'étais à la visite d'apprentissage d'une de mes élèves, c'était un peu la galère pour rentrer mais bon ça y est je suis là.

-T'es rentrée comment?

-Ben du coup, j'ai quand même réussi à avoir un taxi mais j'ai galéré...

-Tu me prends pour un con Julianne?

-Qu'est ce que tu dis...

-... parce que que je vois bien que tu me prends pour un con, je viens de te voir sortir d'une bagnole.Tu crois que je suis un blaireau c'est ça, que tu peux me raconter n'importe quelles conneries et que je vais tout gober c'est ça. Tu crois que je vais être cocu et rien dire c'est ça? dit-il avec un regard noir

Si tu m'aimais tu me traiterais pas comme ça putain, tu sais quoi t'es vraiment un pute, tu me fais péter un plomb, j'ai envie de te buter quand tu me traites comme ça

-Arrêtes chérie, je t'en supplie c'est personne, il s'est rien passé, il y a avait pas de taxi, quelqu'un m'a ramené c'est tout.

-Tu te tapes un te tes collègues c'est ça? demanda t-il en s'approchant d'elle doucement

-Mais non je te jure, c'est pas un collègue, jamais je ferais ça... c'est l'élève que je suis allée voir en stage... murmura t-elle

-...putain mais t'es barge ou quoi, tu te tapes un élève, ces petites merdes qui te font chier toute la journée et qui t'en foutent plein la gueule, c'est ça que t'aimes? Putain mais moi je vais t'en foutre plein la gueule aussi si c'est ça que tu veux hurla t-il en se collant son visage à celui de Julianne".

Les yeux de Raphaël étaient injectés de sang, sa peau était rouge, électrique, il était hors de lui. Ça n'était pas la première fois qu'il la soupçonnait de le tromper mais là, il venait d'en avoir la preuve. La jeune femme était terrifiée, elle savait qu'il pouvait devenir fou par jalousie. 

Il y a huit mois, il l'avait jetée contre le buffet du salon parce qu'elle avait effacé un SMS un peu rapidement. Il avait cru qu'elle lui cachait une relation il avait perdu tout contrôle de lui même. 

Il pris le menton de Julianne pour la forcer à le regarder, il agrippa ses cheveux et tenta de la jeter au sol. Il hurlait, la traitant de tous les noms, lorsqu'elle fut à genoux par terre, il lui asséna un violent coup de pied qui lui coupa la respiration. Elle le supplia d'arrêter, il se recula un peu et se retourna, la tête dans les mains en hurlant comme un possédé.

Julianne en profita pour courir jusqu'à la salle de bain où elle s'enferma. Elle pouvait à peine respirer, elle fouilla toutes les poches de sa veste pour trouver son téléphone. Elle espérait de toutes ses forces ne pas l'avoir laissé dans son sac. Elle tomba sur le petit papier que Guillaume lui avait tendu. En fait de papier, c'était un morceau de carton, de ceux qu'on utilise pour faire les cartons lorsqu'on veut se rouler un joint. Sur un coté, on voyait encore le logo de la marque de papier à rouler et sur l'autre coté, il y avait un numéro avec cette petite phrase: "Au cas ou vous oriez besoin d'un taxi". Julianne ne put s'empêcher de remarquer les fautes, au même moment elle sentit la coque lisse de son téléphone dans sa poche intérieure.

Raphaël était arrivé derrière la porte de la salle de bain et donnait de grands coups de pieds dedans. Il tournait violemment la poignée et tentait de dégonder la porte. 

Elle composa le numéro d'Ella. Puis, entendant son conjoint la menacer  elle se demanda si réellement, elle voulait que sa meilleure amie voie ça. Elle disait tout à Ella mais elle n'avait pas envie de lui monter que son mec était un fou. Elle voulait qu'elle continue à garder un image positive, le genre d'image qui fait qu'on peut continuer à manger ensemble et à plaisanter. En fait, Julianne avait honte, horriblement honte. 

Tout en pleurant, et en tremblant de peur, Julianne faisait défiler les noms de son répertoire. Elle n'avait pas envie d'impliquer ces gens qui aimaient son Rapahaël, celui qui lui apportait des petits déj au lit et avec qui elle essayait d'avoir un enfant. Jamais elle ne pourrait supporter le regard des autres à ce moment là. Elle hésita à composer de 112, mais appeler les flics pour qu'ils embarquent le père de l'enfant qu'elle voulait??

Elle regarda le petit mot que Guillaume lui avait glissé, elle savait que ça n'avait pas de sens mais elle ne voulait pas finir le crâne explosé contre la baignoire parce que son mec l'avait vu descendre d'une voiture. Il fallait qu'elle sorte de cet appartement pour laisser Raphaël apaiser sa colère, ce n'est pas la première fois qu'elle devait en arriver là.

"Bonjour, c'est Mme VUILLAUME, je suis désolée de vous déranger, j'ai un problème, pouvez-vous venir à mon appartement, je vous en supplie, je vous expliquerai, c'est urgent. Merci, Pardon."

Elle relut son texto et le trouva lamentable. Elle enleva le "pardon" à la fin et l'envoya.

Elle n'entendait plus de bruit dans l'appartement. Elle pensa comme souvent que Raphaël était sortit fumer sur le balcon pour se détendre. Il devait penser que comme la fois précédent elle resterait enfermée dans la salle de bain toute la nuit. Cette fois, elle avait sentit qu'il ne la laisserait pas s'en sortir aussi facilement. Elle devait fuir.

"Oula c vous ki demandé maintenan, j hallucine, j'arrive dans 15 minutes A +"

Elle tourna doucement la clé dans la serrure et entrouvrit la porte. Elle sentit une odeur de cigarette, ce qui la rassura. Il devait être sur le balcon. Elle se leva, doucement, enleva ses chaussures pour ne pas faire de bruit et se glissa dans le couloir. La lumière n'était pas allumée, cela augmentait ses chances de s'échapper. Elle s'avança jusqu'à la porte d'entrée. Elle ouvrit la porte, délicatement en tenant les clés pour ne pas qu'elle s'entrechoquent. La poignée céda et elle parvint à se glisser dehors sans un bruit. Elle respirait à peine, des larmes coulaient à nouveau sur son visage tant elle avait peur. Elle décida de descendre jusqu'au niveau du rez- de chaussée et d'attendre cinq minutes avant de sortir. Il ne fallait pas que Raphaël la voie trop tôt. Elle attendit donc, tapie dans le noir, priant que personne ne décide de sortir ses poubelles au même moment.

"Je sui la"

Elle courut sans se préoccuper du bruit, sortit en dehors de l'immeuble sans lever les yeux et s'engouffra dans la Peugeot. Elle fondit en larme, ne parvenant pas à articuler un mot. Des spasmes parcouraient son corps tout entier. Guillaume n'en revenait pas. La prof de français, en larme dans sa voiture. Il décida de rouler, voyant bien qu'il ne pourrait obtenir aucune explication tant qu'elle ne se serait pas calmée.

Après une petite quinzaine de minutes, il arriva au pied d'un immeuble un peu vétuste. Julianne était pétrifiée. Son visage était engourdit. La douleur du coup qu'elle avait reçu commençait à l'envahir. Elle vit la porte s'ouvrir à sa gauche, Guillaume lui frôla l'épaule pour lui indiquer qu'ils étaient arrivés et elle sursauta de peur. Il lui prit délicatement la main et l'invita à descendre en prononçant des phrases gentilles qu'elle n'entendait pas. Elle se laissa guider jusqu'à l'appartement de son élève. Le bruit des clés la fit tressaillir. Elle le regarda, prête à s'enfuir en courant tant ce qu'elle faisait lui paraissait stupide et dangereux. Guillaume vit dans ses yeux qu'elle avait peur, encore plus peur que tout à l'heure. 

"-Vous pouvez rester là, je vais aller ailleurs, ne vous inquiétez pas, je suis pas un psychopathe c'est bon, vous serez bien, c'est nettoyé vite fait mais personne viendra vous faire chier".

Julianne leva les yeux vers lui, ses larmes laissaient deviner sa gratitude. 

Il fit ce qu'il avait dit, lui tendit les clés et sortit la laissant seule dans son 14m².

Madame.Where stories live. Discover now