Chapitre 7 [2/2] ~ Halte sur Zajox

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— Et maintenant ? bredouilla Töm, une faible sphère enflammée dans le creux de la main.

     Noà l'imita et fit descendre sa Foudre le long de ses doigts. S'il avait été seul avec les jumeaux, il aurait déjà attaqué, mais son instinct l'incita à attendre l'ordre de Thaelôs. Lui seul saurait quoi faire dans ce genre de situation.

     L'azikrin scrutait les alentours à une vitesse démesurée. Les villageois ne cessaient de s'agglutiner autour d'eux et, si Thaelôs ne se dépêchait pas de trouver une échappatoire, Noà comprit qu'ils n'en sortiraient pas indemnes. Après une attente interminable, le guerrier ferma les yeux et ses bras s'embrasèrent. Noà sentit la chaleur de son élément tandis qu'il balançait une déferlante de flammes sur sa gauche. Le souffle de la déflagration enveloppa une dizaine de corps et érigea un passage dans lequel il s'engouffra.

— Courez !

     Noà, Töm et Aria lui obéirent sans crier gare. Derrière eux, les râles inhumains de leurs assaillants retentirent par-delà le vacarme du déluge. Engagés dans une course-poursuite, ils s'apprêtèrent à retourner vers la forêt par laquelle ils étaient arrivés, mais découvrirent que c'était impossible. Une foule d'individus bloquait l'accès et les toisait en hurlant des injures incompréhensibles. Thaelôs entraîna les xomythois au cœur du village, à la recherche d'un endroit où s'abriter.

     Même s'ils paraissaient fous et dénués de raison, Noà s'aperçut assez vite que les habitants étaient rapides. Trop rapides. Plus leur fuite s'éternisait, plus ils augmentaient en nombre et gagnaient du terrain.

     Une silhouette finit mystérieusement par attirer leur attention, au bout d'une impasse. Elle agitait les bras dans leur direction, les incitait à la rejoindre.

— Ça doit être un piège ! s'époumona Aria.

— C'est notre dernier espoir ! répliqua Thaelôs, le souffle court. Si c'est une autre embuscade, on ne réfléchit pas et on déverse nos éléments sur ces enfoirés !

     À mesure qu'il se rapprochait, Noà distingua le visage de celle qui essayait tant bien que mal de les sauver. Quand ils parvinrent à sa hauteur, l'habitante les poussa à l'intérieur de sa masure et ferma la porte à double tour.

     Pendant trop longtemps, les échos fantomatiques des cris des individus résonnèrent au-dehors. Puis, tout aussi vite, la demeure dans laquelle les fugitifs venaient de s'engouffrer fut plongée dans un silence. Noà pivota vers son hôte – une femme grande et svelte – et s'apprêta à la remercier, mais elle le stoppa dans son élan en posant un doigt sur ses lèvres.

     Elle portait une longue robe malachite, sur laquelle fleurs roses et feuilles de pins vert foncé étaient brodées. Attachés minutieusement, ses cheveux blonds dévoilaient quelques mèches blanches, synonyme de son âge avancé. Ses yeux incarnadins dégageaient une puissante aura et inspiraient une sagesse vénérable. Lorsque les râles des villageois aliénés s'estompèrent enfin, elle laissa exprimer sa colère :

— Par mes aïeuls, pour qui vous prenez-vous ? Comment avez-vous osé venir sur Zajox ?

     Elle adressa un regard lourd de reproches à Thaelôs.

— Vous n'avez pas honte d'amener des enfants dans un lieu aussi lugubre ?

     Devant leur stupeur, la vieille femme prit une grande inspiration. Elle s'engagea dans un couloir et indiqua à ses hôtes de la suivre. Après l'avoir traversé, ils tournèrent à droite et arrivèrent dans un petit salon miteux. Une table en bois, trois chaises vétustes et un canapé troué constituaient l'unique mobilier de la pièce.

Le Conte d'Ustral. Tome 1 ~ L'Oracle du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant