CHAPITRE 2

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C'était un peu comme si le monde avait tourné au drame en quelque secondes. Alors qu'un homme qui se suicide de plus ou de moins ne faisait vraiment plus aucun effet à l'agent Greg Lestrade, il n'aimait jamais ça. L'inspecteur de Scotland Yard avait reçu un appel tandis qu'il était dans son bureau. Après la soirée qu'il avait passé, il avait espéré un peu de calme autour d'une bonne tasse de café, mais c'était sans compter sur la chance inouïe de connaître le plus grand détective de Londres, Sherlock Holmes. Quand il vit le nom du Docteur John Watson s'affichait sur l'écran de son smartphone, il déglutit. L'amertume du café lui resta dans le fond de la gorge et la chaleur ébouillanta le bout de sa langue.

-Pas encore un meurtre, je vous prie, il est 10H du matin... Marmonna-t-il après avoir décroché son téléphone. J'ai passé déjà une nuit à ramasser les morceaux d'une vieille femme que les chats errant avaient commencé à grignoter, c'est vraiment...

-C'est un suicide, coupa John.

-... Sherlock ? Interrogea Lestrade, le cœur serré d'apprendre qu'encore une fois il allait devoir subir un enterrement déchirant.

-Bon dieu, NON ! Cria John d'énervement.

-Ah... vous m'avez vraiment fait flipper là, mon vieux !

-Bref, venez le plus vite possible, je vous envoie l'adresse par sms.

John raccrocha aussi vite que possible, il ne voulait plus entendre Lestrade parler. Rien que les mots suicide et Sherlock dans la même conversation, l'avaient un peu perturbé. Le militaire secoua légèrement la tête pour se remettre les idées en place puis il s'approcha de son ami.

Ce dernier s'était déjà lancé dans une sorte de dissection afin de déterminer si l'homme était vraiment fou. Comme à son habitude de nombreuses déductions parcouraient son esprit. " Habitant seul" - " Au chômage" - "Héritage d'une fortune" - " Antisociale" - " Dépression" - "Violence"- "Mentalement instable" - "Suicide"...

-John... où est la poupée ?

-Je pense qu'elle, commença-t-il en jetant un regard sur la fenêtre de la petite pièce, est restée là-haut...

-De toute évidence, ajouta Sherlock en se relevant, cet homme n'avait rien de bien dans sa vie. Normal qu'il est fini dans cet état.

Tout sociopathe que pouvait être Sherlock, il ne ressentait aucune culpabilité suite au suicide de son dernier client, mais ce qui le poussait à rester sur place c'était cette fameuse marionnette qui semblait avoir un certain impact sur l'esprit de son ancien propriétaire. Au fond de lui, il ressentait le besoin de combler son ennui par des expériences sociales comme celle-ci. Après avoir longuement regardé la fenêtre de la chambre, il se décida à y retourner. John avait bien essayé de lui dire qu'il valait mieux attendre Lestrade, mais Sherlock refusa d'écouter et marche après marche il retourna dans la lugubre pièce qui gardait encore précieusement le coffre de l'horrible pantin. Et ce pantin était bien là, assis contre le mur, le regard tourné vers l'extérieur. Un peu comme si le suicidé avait voulu que la marionnette assiste à toute la scène.

-Viens par ici.

Sherlock saisit la poupée en dessous de ses petits bras et il la suréleva devant lui pour mieux l'observer. A première vue, elle n'avait rien d'extraordinaire. Ses vêtements étaient sûrement fait en Chine ou au Vietnam, non Malaisie vu l'odeur qui y résidait, et son bois n'était pas de bonne qualité. La peinture était écaillée par endroit, suite à une trop grande exposition à l'humidité et il lui manquait la main droite, soit elle avait été arrachée ou bien découpée, Sherlock ne saurait le préciser. Puis lentement, son regard d'homme se fixa sur les yeux inanimés de la marionnette, contraint par une envie irrépressible de le défier du regard. Quand soudain, un grincement sourd fit sursauter le détective et il lâcha la poupée qui tomba lourdement sur le sol.

Sherlock Et La Marionnette DiaboliqueOn viuen les histories. Descobreix ara