Chapitre treize

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Une crise de foie. De tous les trucs saoulants que je pouvais chopper, c'était ça qui venait de me prendre. J'étais sur le bord de la falaise du grand n'importe quoi et j'avais toute la semaine aggravé mon cas en mangeant du sucre du gras et en finissant par une petite rasade de cognac. Ce n'était pas étonnant et je savais par contre que ma mère serait aux petits soins avec moi.

Dans la voiture nous ramenant chez nous, Gladys et Anna blablataient comme seules deux femmes pouvaient le faire. Elles parlaient à la fois de cours, de musique, de mode et des autres filles de l'internat. Moi, je tâchai de rester éveillé mais je n'y arrivais pas. J'avais un mal de crâne épouvantable et la seule chose dont j'avais envie en réalité, c'était de m'allonger et de me plaindre.

-Adam ? Tu es tout pâle, tu veux qu'on s'arrête une minute.

-Non, c'est bon, je vais juste étendre mes jambes à l'arrière c'est tout.

Je le fis et je fermai les yeux jusqu'à ce qu'une douleur aigüe me traverse le foie. Je les rouvris brusquement et ma sœur tourna les yeux vers moi alors qu'elle attendait à un feu rouge. Je lui souris mais cela ressemblait plus à une grosse grimace.

-Tu sais Adam, me fit la petite Gladys, quand tu seras chez toi, tu devrais faire une cure de thym, romarin et de citron pour purger ton foie. Et aussi prendre de la mélisse et de l'artichaut.

-Comment tu sais tout ça ?

-Mon grand-père est un grand médecin. Il est assez reconnu et il me l'a dit.

-Oh. Tu veux faire médecine plus tard Gladys ? demanda ma sœur.

-Oui.

La petite Gladys ? Médecin ? Pourquoi pas après tout. Je ne croyais pas en la prédestination. Mon père voulait que je sois un politicien mais... je ne m'en sentais pas la force. Je n'étais pas fait pour ça. Je le savais au fond de moi-même. Nous arrivâmes chez nous et je vis ma mère descendre les marches du perron. Son regard aimé se posa sur moi et je sus qu'elle savait que j'étais malade. Elle salua Gladys et arriva vers moi. Elle posa sa main sur mon front.

-Tu es fiévreux. Va dans ta chambre, j'arrive mon chéri.

Elle arriva quelques minutes plus tard, suivie de notre gouvernante. Elles me donnèrent des tisanes et je ne tardai pas m'endormir. Quelques temps plus tard, j'allais beaucoup mieux. Pas d'alcool pour moi avant un petit moment. J'allais dans la chambre de ma sœur et j'entendis son rire mêlé à celui de son amie.

-Salut les filles !

-Salut Ad', entre.

C'était de la pure formalité. Je m'affalais sur son lit après avoir posé ma tasse de tisane. Gladys me sourit et je la sentis redevenir timide.

-C'est bien que tu sois avec nous ce week-end. Tu vas voir, on est pratiquement normaux.

-J'aime le pratiquement.

Je lui souris et ma mère arriva.

-Tu vas mieux mon chéri ?

-Oui Maman.

-Est-ce que tu peux venir deux minutes ? J'ai besoin de toi.

Ma mère pouvait tout me demander. On dit souvent que les garçons sont plus proches de leur mère et dans mon cas, cela se révélait exact. Elle avait besoin d'aide avec sa voiture qui ne démarrait pas.

-Est-ce que tu sais quand ton frère revient à Londres ?

-Il m'a promis de venir dans un mois. Ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu.

Double Je(u) - PAUSE-Where stories live. Discover now