Chapitre 7 - Partie 2

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— Mais grâce à cette décision, reprit Lysianna en capturant ses mains dans les siennes, vous avez permis à votre frère et à votre amie de vivre une vraie vie, confortable. Grâce à vous ils n'ont plus besoin de se cacher. Vous avez permis aux habitants des Plaines de gagner une reine qui pense à eux et à leur bien-être. Vous avez permis aussi à Erid de devenir un homme et d'affronter ses peurs pour l'amour d'une fillette. Vous allez offrir à Julyne un bien plus grand destin que celui qui l'attendait dans son cloître. Et pour finir, deux frères ont pu se réconcilier. Gabriel serait probablement mort sans avoir parlé à Erid et cela aurait été terrible pour notre ami. Tout comme cela aurait été injuste pour Gabriel de mourir pour un homme qui a passé sa vie à lui mentir.

— Je me moque bien avoir pu aider Gabriel. Ça ne me rendra pas plus heureuse...

— Ne laissez pas la haine entretenir votre amour pour William, sinon lui aussi sera détruit et il n'en restera qu'un tas de cendres. Gardez-le précieusement en vous, nourrissez-vous de lui. Vivez votre vie au lieu de vous terrer dans les souvenirs. Ne soyez pas trop dure avec Gabriel, parce que vous pouvez comprendre où le chagrin nous mène parfois. Pensez au fait que votre décision a également apporté son lot de joie.

La Fille du Soleil se releva avec un sourire bienveillant sur le visage.

— Restez ici encore un instant. Et je vous en prie, soyez heureuse.

Après lui avoir caressé la joue, elle s'éloigna. Inwë resta assise sur le banc un moment encore, laissant les mots de Lysianna se répéter en boucle dans son esprit. Mais elle n'était pas encore capable d'accepter ses paroles. Pas totalement. Pas tout de suite. Alors elle se redressa et quitta l'endroit.

La Fille de la Lune se rendit à la salle d'entraînement. Elio y était sûrement encore, ainsi qu'Erid. Et en effet, quand elle entra dans la grande pièce, le jeune Prince de Somgysaï était affalé dans des coussins, en train d'observer les deux frères s'affronter dans un duel amical à l'épée.

— Pas trop épuisé ?

— Ça peut aller. L'entretien avec ma mère s'est bien passé ?

— Je vois que tout se sait rapidement ici, répliqua Inwë en regardant vers Gabriel.

— Erid s'est étonné de ne pas te voir arriver en même temps que lui et a posé la question. À mon avis, il s'attend à ce que vous vous entretuiez tous les deux.

— Ce qui pourrait bien arriver.

Elio sourit, puis il la fixa du regard, attendant qu'elle réponde à la question initiale.

— Tout ne s'est pas bien déroulé, non. Elle a l'art de lancer des vérités qui font mal.

— Ma mère est très forte pour ce genre de chose, en effet. Je ne suis pas certain qu'elle y prenne plaisir, toutefois.

— J'aurais cru que si, pourtant.

— Mais je la connais mieux que toi.

— Tu as raison, fit-elle en lui pressant la main avec affection. Je suis désolée.

— Ce n'est rien. Je te connais aussi et à mon avis, pour que tu m'en parles, cela signifie que tu as accepté ce qu'elle a dit, mais que tu as encore un peu de mal à y faire face, répondit-il en gardant sa main dans la sienne.

— Tu es peut-être nul avec une épée à la main, mais tu es incontestablement plus sage que moi.

— Quoi ? fit Elio en s'écartant avec un sourire. Alors comme ça tu me trouves si mauvais ?

— Bien sûr que non. Tu as fait d'énormes progrès. Tu ne seras jamais un grand guerrier, mais tu pourras combler cette lacune par ton sens de l'observation et ton intelligence.

La légende des deux royaumes [TERMINÉ]Where stories live. Discover now