Chapitre 7 - Partie 2

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Océane et William avaient quitté Géron dans la matinée. C'était le jour du marché au château de Mordrais et les visiteurs passaient inaperçus à travers la foule. Il était donc plus facile pour eux de s'infiltrer sans être reconnus. Ensuite, il leur suffirait d'attendre que la nuit tombe et que l'activité humaine se calme pour entrer dans le château et récupérer les chevaux.

Conformément à leur plan, ils n'avaient éprouvé aucune difficulté à investir les lieux. Ils s'étaient glissés, encapuchonnés, auprès de marchands. Puis, une fois les portes du château passées, ils s'étaient dirigés vers l'arrière-cour, lieu de leur entraînement, et y avaient attendu toute la journée. L'endroit était continuellement à l'ombre et humide et la température plutôt froide n'aidait pas Océane et William à se réchauffer. Ils étaient emmitouflés dans leur cape et pourtant ils grelottaient. Le temps dans les Plaines du Soleil changeait brusquement, on passait d'un vent frais d'automne à un air humide et froid, annonciateur de l'hiver, en quelques jours.

La nuit commençait à tomber et Océane se sentait de plus en plus tendue. Ce soir, la vie qu'elle avait toujours connue, sa vie, allait prendre fin et une nouvelle allait commencer, et ce n'était pas sans l'effrayer. Elle savait qu'elle allait vivre des choses formidables, depuis toujours elle en rêvait, mais pour cela, il fallait dire adieu à la vie qui avait fait d'elle ce qu'elle était aujourd'hui. Elle se tourna vers William et lui sourit. Tout ce changement était arrivé avec lui, et elle savait qu'elle le suivrait jusqu'au bout du monde, mais pour le moment il s'agissait surtout de ne pas se faire prendre avant de s'enfuir.

Il commença à pleuvoir quand il fut enfin temps pour eux de passer à l'action. Chacun avait sa mission, William, devait récupérer les montures, et Océane était chargée de prendre le maximum de nourriture qu'elle pourrait. Tous deux devaient se retrouver devant les cuisines puis filer.

Quand ils se relevèrent, William attrapa le bras d'Océane, l'obligeant à lui faire face.

— Tu es sûre de ce que tu fais, la questionna-t-il gravement. Il est toujours temps pour toi de partir. Tu pourrais t'installer dans un autre village, Mordrais ne te chercherait pas.

Océane lui adressa un sourire avant de répondre.

— Ne vous battez pas, n'oubliez pas vos côtes fragiles.

Ce fut au tour de William de sourire, montrant ainsi toute l'affection qu'il lui portait. Il déposa un baiser sur son front avant de déclarer :

— Promis.

Océane, interdite, regarda William s'éloigner, avant de filer à son tour vers les cuisines. A cette heure tardive, même Sila ne devait plus s'y trouver. Quand elle entra dans la grande pièce, aucune lumière et aucun bruit ne vint troubler le silence. Elle s'empara d'un chandelier allumé dans le couloir et avança dans les cuisines à la recherche de victuailles. Elle prit plusieurs pains, de la viande séchée et deux gourdes emplies d'eau. Elle emballait le tout quand quelqu'un la tira par les cheveux et une main se serra sur sa gorge. La jeune femme reconnu l'haleine putride de Sila, avant que ce dernier ne parle.

— Je savais que tu étais une voleuse, dit-il mièvreusement. Je savais que tu viendrais bientôt. J'ai attendu spécialement pour toi, petite garce ! Je vais t'emmener au Seigneur Mordrais et il va te faire payer chèrement à toi et à ce maudis traitre.

Océane se débattait cherchant désespérément à échapper à l'emprise de Sila, mais l'air se faisait de plus en plus rare dans sa gorge et l'homme avait une poigne de fer. Lâchant les cheveux de la jeune femme, ce dernier glissa sa main libre le long de son ventre. A ce contact, Océane eut un soubresaut de dégout et se débattit de plus belle.

La légende des deux royaumes [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant